Dans une démarche révolutionnaire, l’Union africaine (UA) a officiellement reconnu l’esclavage, la déportation et la colonisation comme des crimes contre l’humanité et des actes de génocide contre les peuples d’Afrique. Cette décision historique a été adoptée le 16 février 2025, lors de la Conférence des chefs d’État et de gouvernement à Addis-Abeba, en Éthiopie. L’adoption de cette décision s’inscrit dans le cadre du thème de l’année 2025 de l’Union africaine : « Justice pour les Africains et les personnes d’ascendance africaine par les réparations ».
C’est le Togo, sous la direction du président Faure Essozimna Gnassingbé, qui a été le fer de lance de cette décision historique. Ce projet, porté par le Togo, vise à faire entendre la voix du continent africain sur la reconnaissance et la réparation des injustices historiques subies par ses peuples durant l’esclavage et la colonisation.
Le gouvernement togolais, par la voix de son ministre, a exprimé sa gratitude envers le nouveau président en exercice de l’Union africaine, la Conférence des chefs d’État et de gouvernement, ainsi que la Commission de l’UA, pour leur sens de responsabilité historique.
Dans une déclaration officielle, le professeur Robert Dussey, ministre des Affaires étrangères, de l’intégration régionale et des Togolais de l’extérieur, a exprimé la satisfaction du Togo suite à l’adoption de cette décision, qu’il qualifie de tournant majeur dans l’histoire africaine.
« Cette Décision historique, prise à l’initiative du Togo sous le leadership de S.E.M. Faure Essozimna GNASSINGBÉ, président de la République togolaise, marque un tournant majeur dans la quête des peuples d’Afrique et des personnes d’ascendance africaine pour la juste reconnaissance et réparation des crimes d’esclavage, de déportation et de colonisation », a déclaré le Chef la Diplomatie togolaise.
Soif de reconnaissance et de justice de l’historique
Pour le ministre togolais, les cinq derniers siècles de l’histoire de l’Afrique ont été marqués par des injustices tragiques, méthodiquement planifiées et exécutées, qui continuent de laisser des stigmates profonds sur les sociétés africaines et leurs descendants. Ces injustices, qualifiées d’actes criminels, ont motivé le Togo à soumettre cette demande auprès des instances de l’Union africaine.
Elle constitue une étape décisive dans la quête de justice historique et un tremplin vers des réparations pour les peuples d’Afrique et les Afro-descendants.
La décision sur la qualification de l’esclavage, de la déportation et de la colonisation comme des crimes contre l’humanité et de génocide contre les peuples d’Afrique, selon le ministre Robert DUSSEY, permet à l’Afrique de mettre ses propres mots sur ses souffrances dans l’Histoire.
Il s’agit, de son avis, d’œuvrer pour une meilleure connaissance des périodes douloureuses de l’histoire du continent par les jeunes générations, d’entamer un travail de guérison des stigmates profonds laissés sur les sociétés africaines.
Il vise également à envoyer un message fort à la communauté internationale sur la soif et les attentes de reconnaissance et de réparation des injustices historiques subies par ses peuples, de prendre le leadership sur les questions de la réparation et de la restitution afin d’éviter de se faire dicter les termes du débat.
Par ailleurs, il ambitionne d’enlever toute légitimité aux discours tendant à trouver des justificatifs à l’esclavage et à la colonisation, de disposer d’éléments de langage précis et adéquats dans sa lutte pour la réparation et la restitution sur la scène internationale.
Enfin, cette initiative, selon le chef de la diplomatie togolaise, vise à protéger les générations actuelles et futures d’Africains et d’Afro-descendants du risque d’une résurgence de l’esclavage et de la colonisation.
Cette décision marque une étape importante dans le parcours continu de l’Afrique pour faire face à son passé et rechercher la justice pour les atrocités commises contre son peuple.
Ainsi, par sa décision, la Conférence des Chefs d’État et de gouvernement a invité les États membres, les organisations régionales et les organisations de la société civile africaine et de la diaspora à prendre diverses initiatives pour faire en sorte que les nouvelles générations aient une meilleure compréhension des crimes et des séquences délibérément occultées de l’histoire de l’esclavage et de la colonisation.
La Conférence des Chefs d’État et de gouvernement a invité les États membres, les organisations régionales, ainsi que les organisations de la société civile africaine et de la diaspora à initier des actions pour permettre aux nouvelles générations de mieux comprendre les crimes et les séquences occultées de l’histoire de l’esclavage et de la colonisation.
Le Togo, leader du suivi de la décision
Le Togo a été mandaté par la Conférence des chefs d’État et de gouvernement pour assurer le suivi de la mise en œuvre de cette décision.
Le pays s’engage à travailler en collaboration avec la Commission de l’UA, les États membres, les organisations de la diaspora, les Afro-descendants et les organisations internationales.
« Pour le Togo, la Décision sur la qualification de l’esclavage, de la déportation et de la colonisation comme des crimes contre l’humanité et de GÉNOCIDE contre les peuples d’Afrique est une étape cruciale, une victoire d’étape dans l’effort de l’Afrique pour s’autodéterminer et prendre en main son propre destin. Cette décision fera de la question de la justice dans une perspective historique et de la réparation l’un des sujets phares du 9e Congrès panafricain prévu pour se tenir cette année 2025 à Lomé au Togo », a conclu le ministre togolais.
Par Abdoulaye OUATTARA