Le chef de l’État a refusé d’exempter les clubs professionnels de la taxe à 75%. En conséquence, les présidents de club maintiennent leur mot d’ordre de grève fin novembre.
» Les présidents maintiennent la grève
Sur un terrain miné. Après avoir reculé en rase campagne à deux reprises en moins d’une semaine sur la taxe sur l’épargne puis l’écotaxe, le chef de l’État et son gouvernement ne pouvaient pas encore céder sur la question de la fiscalité sans effriter un peu plus une autorité en déliquescence. À cinq mois des élections municipales, François Hollande n’avait d’autre choix que de se retrancher derrière la ligne de l’inflexibilité afin de donner une réalité à sa mesure phare de campagne. En engageant un bras de fer avec le gouvernement sur la question de taxe à 75 %, brandissant notamment la menace de faire grève le week-end du 29 novembre, le football professionnel s’est exposé à une fin de non-recevoir.
Le message adressé par le président de la République, jeudi à l’Élysée lors d’une audience accordée à une délégation de neuf représentants du monde du foot, est sans ambiguïté. « La nécessité de redresser les comptes publics justifie, pleinement, cet effort demandé aux entreprises qui font le choix de verser des rémunérations annuelles d’un tel niveau », a indiqué l’Élysée dans un communiqué. « Le sujet de la taxe est fermé », a déclaré Valérie Fourneyron, la ministre des Sports. Les clubs professionnels ne bénéficieront donc d’aucune exemption et devront payer comme toutes les entreprises la taxation à 75 % qui doit s’appliquer sur les rémunérations supérieures à un million d’euros annuels. Comment pouvait-il en être autrement dans un contexte de fronde fiscale généralisée à l’encontre du pouvoir exécutif ? En faisant montre de fermeté face au monde du football, qui apportera 10 % des recettes totales générées par la taxe à 75 % (440 millions d’euros sur deux ans), le président de la République joue même, une fois n’est pas coutume, sur du velours.
La perception dans l’opinion publique de ce sport ultraprofessionnalisé est en effet largement altérée par les dérives comportementales récurrentes (grève de Knysna, affaires de mœurs, etc.) et par les salaires des joueurs jugés indécents dans un contexte économique de crise. Avant même de rencontrer François Hollande, accompagné de Valérie Fourneyron et du ministre du Budget Bernard Cazeneuve, les représentants du football ne se faisaient plus d’illusion quant à l’issue de la réunion à l’Élysée. Le tir de barrages déclenché mercredi par le premier ministre Jean-Marc Ayrault les avait amenés à concentrer leur supplique sur des aménagements au projet de loi. Avec, comme angle d’attaque, la suppression de la rétroactivité de la taxe sur les contrats en cours, quitte à ce que la mesure s’applique sur toute la durée des contrats signés après la promulgation de la loi au lieu des deux ans prévus par le gouvernement.
La proposition n’a pas été entendue par le chef de l’État. Une ligne dure permettant au président de la République et à son gouvernement de ne pas perdre la face dans cette affaire. Le président de la République a invité le football français à participer aux travaux de la mission « foot durable » confiée à Jean Glavany afin de trouver des solutions pour booster la compétitivité des clubs français. Insuffisant pour satisfaire les représentants du foot français qui, s’ils estiment avoir été écoutés, déplorent qu’aucune de leurs propositions n’ait été retenue. Ce qui les conduit à maintenir la grève. « Nous maintenons nos positions, nous suspendons toujours notre participation à la commission Glavany et nous maintenons notre journée blanche pour le dernier week-end de novembre », a indiqué le président du syndicat des clubs Jean-Pierre Louvel à sa sortie de l’Élysée.
Une situation de blocage, même si le président de la fédération Noël Le Graët, ancien maire PS de Guingamp, prône le dialogue : « Il y a encore de l’espace pour discuter et se revoir. Il y a un cri d’alarme. Les présidents vont se réunir et on verra bien ce qu’ils veulent faire. À titre personnel, je préfère que l’on joue au foot. »
Source: Le figaro