Bravo aux autorités de transition pour cette manœuvre d’une élégance rare : dissoudre tous les partis politiques d’un trait de plume, voilà une prouesse qui mérite des applaudissements… ironiques, bien entendu. Et que personne ne s’indigne ! Après tout, ces mêmes partis ont passé des années à jouer à l’autruche, à se chamailler pour des miettes de postes, à se réunir pour ne rien faire, à dénoncer mollement, et surtout à ne jamais proposer sérieusement. Ils ont regardé la maison brûler, trop occupés à vérifier s’ils étaient bien assis dans le salon. Eh bien, le salon a été vidé.
C’est bien fait pour eux, diront certains. Et franchement, difficile de leur donner tort. Les partis politiques ont laissé le terrain libre, déserté les batailles importantes, abandonné la population à son propre sort. Aujourd’hui, ils récoltent ce qu’ils ont semé : le mépris, la marginalisation et enfin… la dissolution.
Mais attention, ce ballet ne fait que commencer. Après les partis, ce sera au tour des syndicats, des associations, des organisations de la société civile… Bref, tout ce qui s’organise sans autorisation divine. Chacun son tour dans la grande valse du balayage. Un dossier bien ficelé, quelques consultations bien cadrées, et le tour est joué : « les forces vives ont décidé ». Alors oui, bravo aux autorités pour leur efficacité. Et surtout, bravo aux partis pour leur lente agonie en silence. Qu’ils ne viennent pas crier à l’injustice : ils n’ont même pas essayé de se battre avant que la cloche ne sonne.
Chers syndicats, chères associations, si vous avez encore un peu de voix et de dignité, préparez-vous. Car après la pluie sur les partis, la tempête pourrait bien vous tomber dessus.
Abdourahmane Doucouré avec La Sirène 76289004