En ce 8 juin 2025, nous commémorons le passage de témoin historique entre Alpha Oumar Konaré et Amadou Toumani Touré, survenu il y a 23 ans. Dans un discours plein d’émotion et de patriotisme, le président sortant avait exprimé sa gratitude envers le peuple malien, tout en soulignant les défis et les avancées réalisés durant son mandat. Retour sur un moment clé de l’histoire politique du Mali, où l’unité et la diversité du pays ont été mises à l’honneur. Lisez plutôt l’intégralité de ce discours !

Nous voici au terme de la mission que, par la grâce de Dieu, vous avez bien voulu me confier il y a de cela dix ans. Ce soir, je voudrais exprimer à chacun de vous, à chacune de vous, toute ma gratitude. Je voudrais présenter mes excuses et mes regrets à tous ceux, à toutes celles à qui j’ai pu causer quelque tort. Par ailleurs, à tous nos concitoyens qui sont aujourd’hui en peine, je voudrais exprimer notre solidarité agissante ; à ceux qui ne sont pas en bonne santé, mes meilleurs vœux de prompt rétablissement.

Mes chers compatriotes,

Vous avez accepté de nous confier les plus hautes responsabilités nationales à moi, « le fils d’un maître d’école et d’une ménagère », venu à vous les mains vides. Toutes ces années, vous nous avez accompagné ; vous nous avez tant donné. Toutes ces années, vous avez fait de moi tantôt un esclave, un cordonnier, un forgeron, un noble. J’ai accepté d’être tout cela parce que tout cela est en vous, en nous. Vous avez fait de moi un catholique, un protestant, un musulman, voire un athée. Je suis devenu tout cela parce que tout cela est de vous.

Vous avez fait de moi tantôt un Songhaï, un Bamanan, un Foulbé, un Dogon, un Tamasheq, un Soninké, un Sénoufo, un Maure, un Minianka, un Bobo, un Bozo, j’en passe. Je suis de tout cela en effet. Vous m’avez fait naître à Diéma, à Tombouctou, à Bamako, à Kayes, à Djenné…J’ai accepté, parce que c’est de tous ces lieux, de toutes ces différences qu’est fait notre pays, ce pays de toutes les couleurs, le Mali si uni, si divers, si pluriel.

Quel bonheur, Quel honneur de l’incarner, mes chers compatriotes !

Vous m’avez dit et vous m’avez appris que pour être au-devant chez nous, on doit pouvoir accepter d’être traité de tout, d’entendre tout. C’est pourquoi j’ai fait miennes depuis le début, ces phrases du poète, je cite « Si tu peux être fort sans cesser d’être tendre et te sentant haï, sans haïr à ton tour ; pourtant lutter et te défendre.

Si tu peux supporter d’entendre tes paroles travesties par des gueux pour exciter des sots et d’entendre mentir sur toi leurs bouches folles sans mentir toi-même d’un mot. »

Avec raison, plus qu’avec raison

Mes chers compatriotes, ce soir, sont très présents à mes côtés mon épouse, qui aura tout partagé avec nous durant ces dix années, mes enfants, mes parents, mes amis, mes collaborateurs et, je le sais, beaucoup d’entre vous.

Mes chers compatriotes, ce soir, j’ai une pensée très forte. Vous ne m’en voudrez pas, comme le 8 juin 1992, pour un père parti depuis maintenant vingt-sept ans, mais qui ne nous a jamais quitté ! Pour une mère, qui nous a accompagné dans notre itinéraire pour le premier mandat. Pour un chauffeur, pour des collaborateurs : chauffeurs, plantons, cadres, prématurément arrachés à l’affection des leurs…

Ce soir, je pense à tous nos compatriotes de l’extérieur ; maliens d’Afrique comme nous tous ; à tous les Africains du Mali, à tous nos autres frères qui ont choisi le Mali et dont la confiance ne nous a jamais fait défaut et dont l’amour pour le Mali est permanent.

Ce soir, je ressens une profonde gratitude à l’endroit de tous les chefs d’Etat, à mes nombreux aînés d’Afrique qui nous ont tenu par la main, accompagné et poussé le Mali.

Ce soir, je pense bien sûr-veuillez l’accepter aujourd’hui, aux militants du parti ADEMA qui savent que je n’ai jamais été sans eux parce qu’ils n’ont jamais été sans moi. Je pense aussi à tous les militants de tous les partis qui nous ont toujours soutenu avec fidélité et constance.

Mes chers compatriotes,

Aujourd’hui n’est pas jour de bilan pour nous ; d’autres le feront en d’autres moments. Je me dois cependant de dire que depuis le 26 mars, notre pays a opéré beaucoup de changements et, je le pense, en bien, même si je sais que les attentes sont nombreuses.

Nous aurions souhaité faire plus, nous aurions pu faire plus et mieux si la compréhension avait été plus grande, plus solidaire, de la part de certains de nos frères. Nos tâches essentielles étaient de rétablir progressivement, de façon pédagogique, l’autorité de l’Etat, l’unité nationale, la sécurité, la stabilité du pays, la paix sociale. De grandes réformes économiques ont été opérées, de grands programmes engagés. Relativisons les difficultés scolaires : nous avons fait mieux que beaucoup. Nos résultats sur les dix ans sont mieux que sur des dizaines d’années antérieures. Nous aurions pu mieux faire, nous aurions dû faire mieux. L’école a beaucoup pesé sur la vie nationale parce qu’elle a été simplement, vous le savez, instrumentalisée à des fins politiciennes. Réalisons le consensus autour de l’école et les grands progrès seront là, car toutes les solutions sont connues.

Mes chers compatriotes,

Que les difficultés conjoncturelles d’aujourd’hui, dues fondamentalement à la crise du coton et de la CMDT et à une saison pluviométrique difficile, ne nous arrêtent pas ! Le Mali n’est pas ce Mali que certains dépeignent et voudraient qu’il soit. Le Mali a bien changé : il est ce pays ouvert, rasséréné, confiant, en mouvement. Soyons fiers du Mali et de ses avancées qui sont le fait de tout notre peuple. Quand nos amis et partenaires portent témoignage, c’est à la gloire de notre peuple et vraiment, c’est justice pour notre grand peuple.

Mes chers compatriotes,

Demain 8 juin est un grand jour, un bien heureux jour ! Il est jour d’accomplissement démocratique. Le témoin sera remis de nos mains, par la grâce de Dieu et par votre volonté, à notre frère Amadou Toumani Touré. Une main d’honneur ! Sa réussite sera celle de tout notre peuple, notre réussite à nous, personnellement aussi. Nous devons tous être à ses côtés, nous devons tous être avec lui.

Demain, l’aîné sans être le plus âgé s’effacera pour le chef de famille. Il occupera sa place dans le rang, toute sa place, rien que sa place, au service du Mali, au nom de nos valeurs profondes de respect, de tolérance, de solidarité, de partage, de justice et de travail, dans la fidélité aux idéaux du 26 mars 1991. Tout ce qu’il entreprendra le sera parce que vous lui aurez fait confiance. Rien ne vaudra le Mali et votre confiance ! Tout sera pour le Mali et l’Afrique, notre pays.

Mes chers compatriotes,

Bon hivernage et encore beaucoup de satisfaction. Alpha vous dit merci, mille fois merci. Et ensemble avec vous, pour toujours ! Que Dieu nous assiste, assiste particulièrement notre président, le président Amadou Toumani Touré ! Que Dieu veille sur notre grand peuple ! Que Dieu préserve notre pays !

Je vous remercie

Source : walan