Actuellement, les électeurs de la commune de Sikasso attendent de pied ferme certains hommes politiques à cause des actes qu’ils ont posés. Les plus cités sont entre autres le président de la Codem, l’honorable Housseyni Amion Guindo, et l’actuel maire de la commune urbaine de Sikasso, Mamadou Tangara. Ces deux personnalités risquent de voir leur carrière politique enterrée cette année après les législatives prochaines, prévues dans deux mois. Comment ils ont pu se laisser glisser dans une telle position inconfortable?
La capitale du Kénédougou ne s’est pas beaucoup illustrée lors du second tour de l’élection présidentielle de 2013, le taux de participation y ayant été le plus faible des régions, exception faite de celles du nord. Or, Sikasso est le plus grand bastion électoral du Mali. Pourtant les campagnes y ont été rondement menées. C’est dire quelque part que les populations se méfient des différents leaders politiques de la localité, notamment Housseyni Amion Guindo dit “Poulo” et Mamadou Tangara.
A Sikasso, « Poulo » est qualifié aujourd’hui de quelqu’un qui ne tient pas ses promesses et qui ne dit jamais la même chose deux fois. Il est discrédité au point qu’il craindrait de se promener dans la ville. En effet, lors de l’ouverture des campagnes électorales pour le 1er tour de la présidentielle de 2013, Housseyni Amion Guindo dit “Poulo” a semble-t-il été chassé du vestibule d’une grande famille fondatrice de Sikasso. Et pour cause, il aurait dit, selon des témoins de la ville de Sikasso, qu’il n’est pas difficile d’avoir des électeurs à Sikasso et qu’il suffit de leur tendre seulement quelques billets de banque.
Mieux, au village de Karamokobougou sur la route Sikasso-Bobo Dioulasso, Housseyni Amion Guindo dit “Poulo” aurait pris l’engagement de construire une mosquée, lors des campagnes électorales de 2007. Mais une fois élu député, Housseyni Amion Guindo dit “Poulo” n’aurait plus mis pied là-bas. Cette année, il s’y est rendu avec son entourage afin de reconsidérer sa promesse de 2007. Mais il aurait été chassé dudit village avec promesse de la part des villageois de tout faire pour qu’il ne soit pas élu député à Sikasso. Il aurait dit lors d’une tournée à Bandiagara (son village natal) que le séjour prolongé d’un tronc d’arbre dans l’eau ne le transforme jamais en crocodile. Comme pour dire qu’il est juste de passage à Sikasso.
Par ailleurs, son lycée risquerait d’être fermé pour non paiement d’impôts sauf s’il s’exécute d’ici la rentrée des classes prévue pour le 2 octobre 2013. Il accuserait des arriérés d’environ 100 millions de Cfa.
Leprésident de la Codem serait aussi mêlé à des affaires de spéculations foncières sur des parcelles. Les victimes attendent la fin de son mandat pour le trainer devant le tribunal.
Quant au sieur Mamadou Tangara, maire de la commune, il est réputé dans les spéculations foncières depuis son premier mandat qui l’avait conduit en prison en 2004 pour près de 4 mois. De nos jours, ce serait pis. La mairie a vu son compteur enlevé par l’Edm-Sa pour cumul de factures impayées. Le marché contigu à la mairie n’envie en rien un dépôtoir d’ordures de tout genre. Et aucun jour ne passe sans que des victimes de spéculation foncière se donnent rendez-vous dans son bureau. Nous avons écouté certaines d’entre elles.
Ainsi, Mme Maïmouna Bagayoko, enseignante affirme: “Le maire Tangara m’avait vendu une parcelle dans le quartier de Lafiabougou à 1.300.000 Francs Cfa. Après avoir payé, quelques semaines après, je voulais commencer la fondation. Mais un autre monsieur m’a signifiée que cette parcelle lui appartient depuis plusieurs mois. Nous nous sommes transportés chez le maire, il a reconnu avoir vendu la même parcelle légalement à nous deux et m’a promis de me trouver un terrain ailleurs. Moi j’ai dit non, car rien ne prouve que cette nouvelle parcelle n’est pas déjà vendue. Je lui ai demandé de me rembourser. Quelques jours après, il m’a remboursé 1 million et qu’il me paiera le reste après. Je ne suis pas prête à renoncer au reste de mes sous”.
Un autre, M. Souleymane Bengaly, déclare : “le maire m’a vendu une rue barrée. C’est-à-dire, mon lot se situe sur une rue en plein milieu et je ne l’ai su que lorsque j’ai fait venir un topographe pour identifier ma parcelle. Il m’a dit clairement que c’est une rue qu’on m’a vendue à 1.500.000 Francs Cfa. Je lui ai demandé de me rembourser, jusqu’ici il me fait tourner en rond. J’ai été voir le juge. Ce dernier me dit que Tangara n’a pas peur de la prison et si je veux mon argent, que je devrais être patient en ne l’oubliant pas…”.
En effet, Mamadou Tangara ne tient plus. Il ne manque pas d’occasion pour dire qu’il n’a plus envie de cette mairie, arguant que l’Adema l’a piégé. Il voudrait jeter désormais son dévolu sur les législatives afin de se couvrir d’une immunité parlementaire pour échapper à une future probable arrestation à la fin de son mandat. C’est compter sans la détermination des populations de la commune urbaine de Sikasso de lui rendre la monnaie des bévues qu’il est en train de faire maintenant. Il peut dire ce qu’il veut, mais les Sikassois jurent qu’il les trouvera sur leur chemin lors des législatives prochaines.
Il faut dire que ces deux hommes, Housseyni Amion Guindo et Mamadou Tangara, ont beaucoup profité de la patience des électeurs de la cité du Kénédougou, qui attendent une occasion nette pour les remettre à leur place.
Kalifa DANIOKO
Source: Soir de Bamako