La conférence de paix Genève 2 débute ce mercredi matin à Montreux, en Suisse. Après des mois d’intenses tractations, les principaux acteurs dans la crise syrienne sont enfin réunis pour tenter de trouver une issue au conflit qui dure depuis trois ans. Mais les discussions directes entre régime et opposition ne débuteront que vendredi.
Avec notre envoyé spécial à Montreux, Sami Boukhelifa
Le coup d’envoi de Genève 2 sera donné ce mercredi matin par le secrétaire général des Nations unies Ban Ki-moon. Il sera relayé par l’envoyé spécial de la Ligue arabe et de l’ONU, Lakhdar Brahimi. Entièrement pilotée par les Nations unies, cette conférence de paix réunit une quarantaine d’États, parmi lesquels la Russie et les onze pays Amis de la Syrie.
Les représentants du régime de Bachar el-Assad et leurs opposants n’auront aucun contact direct ce mercredi. Pas question en effet de faire échouer la conférence dès le premier jour. Cette journée sera donc purement protocolaire, avec une succession de discours.
Les choses sérieuses ne commenceront que vendredi. Représentants de Damas et opposants se retrouveront alors face à face, en présence de l’émissaire de l’ONU Lakhdar Brahimi. Les délégations russe et américaine, réunies dans une salle voisine, joueront les médiateurs.
Ces discussions auront des objectifs multiples : l’amélioration des conditions de vie des populations, la mise en place de couloirs humanitaires, des échanges de prisonniers, l’instauration de cessez-le-feu locaux en Syrie. Et, le plus important, la transition politique, avec toujours la même inconnue : le départ ou non de Bachar el-Assad.
Le CNS grand absent
La coalition de l’opposition syrienne se rend à Genève 2 divisée. Sa plus importante composante, le Conseil national syrien, a finalement annoncé à la veille de l’ouverture de la conférence de paix qu’il ne se rendrait pas en Suisse. Tout cela n’est pas de bon augure pour ces discussions de paix, selon David Rigoulet-Roze, chercheur à l’Institut français d’analyse stratégique :
« Si la coalition politique d’Ahmed Jarba a accepté finalement, suite au retrait de l’Iran, d’être présente, le Conseil national syrien de [Georges] Sabra, lui, s’est refusé à être présent. Et sur le terrain, la situation est toujours aussi confuse puisque le Front islamique syrien, qui représente d’une certaine manière les intérêts saoudiens, a également refusé de s’associer à la conférence.
Or plus les acteurs concernés sont nombreux à se réunir, mieux c’est. C’est pour cette raison que [la conférence] se présente de manière assez défavorable. La coalition a subi des pressions extrêmement fortes, notamment des parrains occidentaux qui considéraient que si elle ne devait pas être présente, cela hypothéquerait son avenir politique. C’est donc presque contraint et forcé qu’elle a accepté de participer à Genève, avec la condition expresse que l’Iran ne soit pas en face d’elle. »
Les attentes des ONG
Le conflit syrien a fait plus de 10 000 morts depuis qu’il a éclaté il y a trois ans. Les ONG attendent de Genève 2 des avancées concrètes en matière de droits de l’homme.
La situation des civils syriens est catastrophique : plus de deux millions de réfugiés, quatre millions de déplacés. Pour les ONG, la priorité de Genève 2 est la mise en place de couloirs humanitaires.
Mais pas seulement. « Nous souhaitons que les activistes politiques, les défenseurs des droits de l’homme, soient libérés très rapidement, et par le gouvernement syrien et par les groupes de l’opposition. Nous souhaitons aussi qu’il y ait une place dans les négociations pour les représentants de la société civile, surtout les femmes. Il n’y a aucune représentation féminine au sens du groupe de l’opposition présent à cette conférence », se désole Karim Lahidji, président de la Fédération internationale des droits de l’homme.
Autre regret de la FIDH : l’absence des ONG internationales. Aucune d’entre elles n’a été conviée à la conférence.
rfi