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Syrie: discussions de la dernière chance pour sauver Genève II

Des discussions de la dernière chance étaient engagées lundi pour tenter de sauver la conférence de paix de Genève II sur la Syrie, menacée par l’invitation surprise de l’Iran, qui a provoqué la colère de l’opposition syrienne et la vive réaction de ses parrains.

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A seulement deux jours de l’ouverture à Montreux (Suisse) du rendez-vous diplomatique parrainé par les Etats-Unis, la Russie et l’ONU, l’opposition au président syrien Bachar al-Assad a suspendu sa participation et exigé que l’Iran soit rayé de la liste des invités.

“A 19H00 GMT, il nous faut une confirmation que l’Iran n’est pas invité ou on ne se rendra pas à la conférence”, a déclaré à l’AFP un membre de la Coalition, Hadi AlBahra.

Dans un ultime effort pour sauver la conférence, les Etats-Unis ont également haussé le ton en exigeant à leur tour que l’Iran en soit écarté. Téhéran doit soutenir “explicitement” une transition pour être invité, a martelé un haut responsable américain.

“Des consultations intenses et urgentes sont en cours”, a indiqué lundi soir le secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon, confirmant le sentiment d’urgence qui a saisi la communauté internationale.

A la veille d’une réunion censée discuter de son départ, M. Assad a lui-même contribué à raidir les positions des parties au conflit en affirmant, dans un entretien exclusif accordé à l’AFP, qu’il avait de “fortes chances” d’être candidat à sa succession cette année.

Samedi soir, l’opposition syrienne en exil avait levé, après de difficiles tractations, la dernière hypothèque qui pesait sur Genève II en acceptant d’y envoyer une délégation. Mais l’annonce dimanche par M. Ban de la présence d’une délégation iranienne en Suisse a brutalement rebattu toutes les cartes.

Le refus répété de l’Iran d’accepter le principe d’un gouvernement de transition en Syrie, ainsi que stipulé en juin 2012 dans l’accord de Genève I, est à l’origine de ce bras de fer.

Téhéran intransigeant

 

Manifestement pris de court par l’initiative du secrétaire général des Nations unies, les Occidentaux ont sommé Téhéran de s’y conformer, jusque-là en vain.

“Tous les pays qui ont été invités à y venir (à Genève) doivent accepter l’ordre du jour, et seulement cet ordre du jour, c’est à dire la transition politique”, a insisté le président français François Hollande, en visite aux Pays-Bas.

L’Arabie saoudite, un des principaux soutiens financiers de l’opposition et de la rébellion, a elle aussi rejeté toute participation iranienne, pour les mêmes raisons.

Mais Téhéran est resté sourd à ces demandes. “Sur la base de l’invitation officielle, l’Iran participera à cette conférence sans préconditions”, a assuré la porte-parole du ministère des Affaires étrangères Marzieh Afkham.

La question du rôle de l’Iran dans le conflit syrien coïncide avec l’entrée en vigueur de l’accord conclu en novembre avec les grandes puissances sur son programme nucléaire. En réponse au gel d’une partie de ses activités atomiques, l’Union européenne (UE) a suspendu lundi pour six mois une partie de ses sanctions.

A l’opposé des positions américaine, française et britannique, le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov a lui mis en garde l’opposition syrienne et les Occidentaux contre une “erreur impardonnable” en cas d’absence de l’Iran.

De l’avis des observateurs, la participation à Genève II de la Coalition semblait des plus improbables, menaçant ainsi la tenue de la conférence elle-même.

“Impasse totale”

 

“L’opposition a déjà eu le plus grand mal à se décider à venir lorsqu’il était acquis que l’Iran n’y serait pas présent, il est dorénavant impossible qu’elle l’accepte avec l’Iran à la table”, a commenté à l’AFP une source diplomatique occidentale, “l’impasse est totale”.

Avant ce blocage, les parties au conflit et les puissances régionales et internationales étaient attendus mercredi à Montreux pour l’ouverture de la conférence.

Les négociations elles-mêmes entre le gouvernement du président Bachar al-Assad et l’opposition doivent débuter vendredi à Genève. Les objectifs des deux parties semblent totalement inconciliables, après les déclarations de M. Assad.

Dans un entretien à l’AFP, le président syrien a exclu de confier la direction d’un futur gouvernement à un opposant et pronostiqué que sa guerre contre les rebelles prendrait “beaucoup de temps”.

La conférence de Genève II est censée ouvrir la voie à une issue politique au conflit qui a fait plus de 130.000 morts depuis mars 2011.

“Je considère que rien n’empêche que je me porte candidat”, à la présidence, a déclaré M. Assad, “si l’opinion le souhaite, je n’hésiterai pas une seconde à le faire”.

Face à cette assurance, un haut responsable américain a indiqué lundi que Washington avait reçu de “nombreux messages” de la part de membres du régime de Damas “impatients de trouver une solution pacifique” à la guerre civile qui ensanglante le pays.

Sur le terrain, un double attentat suicide à la voiture piégée a eu lieu lundi dans la ville frontière de Bab al Hawa, près de la frontière turque, tuant au moins 5 personnes, selon l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH).

© 2014 AFP

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