Le bureau du Syndicat autonome de la magistrature (SAM) dirigé par Alou Badra Nanakassé et le Syndicat libre de la magistrature (SYLIMA) ont animé, hier mercredi, un point de presse pour informer l’opinion nationale et internationale sur les raisons de la grève illimitée des magistrats déclenchée en début de cette semaine. Ce point de presse a eu comme cadre le siège du SAM sis à Banankabougou avec comme principal animateur le secrétaire général du SAM, Mamoutou KASSOGUE, qui avait à ses côtés les responsables des deux syndicats.
Le conférencier a commencé à expliquer que les magistrats ne sont pas en grève par ‘’gaieté de cœur et non plus par fantaisie, mais par nécessité’’. Il a souligné que cette grève illimitée s’explique par le fait que les magistrats ont été, ces derniers temps bousculés par l’insécurité et par la précarité.
Le conférencier a informé que les revendications pour lesquelles les magistrats sont aujourd’hui en grève ne sont pas nouvelles, mais relèvent d’anciennes revendications qui datent de 2014 et de 2015. Le procureur KASSOGUE a rappelé que les négociations avaient permis d’enregistrer quelques avancées.
‘’Nous avons été reçus au plus haut niveau de l’État et on nous avait dit que nous pouvions considérer que toutes nos revendications non salariales, étaient en avance résolues. Malheureusement, jusqu’à la date d’aujourd’hui, rien de toutes ces revendications n’a été mis en œuvre’’, a déploré le conférencier.
Il a précisé qu’avec les négociations, ils sont parvenus à des points d’accord et des points reportés à plus tard. Mais, affirme le conférencier, la mise en œuvre des points d’accord a été butée à une mauvaise foi inqualifiable de la partie gouvernementale. Pour lui, les autorités n’ont pas tenu leurs promesses, d’où cette décision d’observer une grève illimitée.
Il a précisé que les revendications étaient de deux ordres, à savoir la sécurisation des juridictions et des personnels judiciaires et la relecture du statut des magistrats avec la revalorisation de la grille salariale.
À propos du volet sécuritaire, le procureur Mamoutou KASSOGUE a rappelé l’enlèvement par des hommes armés du président du tribunal d’instance de Niono, Sounkalo KONE, depuis le 16 novembre 2017. « Par rapport au volet sécuritaire, nous avons eu des discussions avec la partie gouvernementale, le premier juin 2018. À l’occasion de ces discussions, la partie gouvernementale nous avait fait des promesses fermes en nous faisant comprendre que le 30 juin au plus tard les mesures de sécurité allaient être renforcées au tour de toutes les juridictions et autour de tous les personnels judiciaires. Malheureusement, par la suite, nous n’avions constaté aucune amélioration du dispositif sécuritaire. Au contraire, le dispositif existant a été dégradé, là où il y avait trois agents il y en a plus qu’un ; là où il y en avait un, il y en a plus. L’on ne pouvait pas comprendre cela. Le prétexte avancé est qu’on n’a envoyé les agents en formation, explique le conférencier. Sur le plan sécuritaire, le gouvernement n’a pas tenu ses engagements », a fustigé le secrétaire général du SAM dirigé par Alou Badra NANAKASSE.
Par rapport à la relecture du statut des magistrats avec la revalorisation de la grille salariale, le conférencier a expliqué qu’ils avaient demandé à avoir l’indice 3500 pour rapprocher les magistrats maliens du traitement fait par les autres pays pour leurs magistratures.
‘’On nous a dit qu’on ne pourra pas nous donner 3 500, que c’est trop. On n’a négocié et ils ont accordé certains avantages au niveau des indemnités de logement, au niveau de la judicature. Mais c’était des montants très dérisoires et ils nous avaient dit que sur le salaire même ils allaient faire une augmentation de 10 % courant l’année 2017. Et que le reste des prétentions salariales allait être examiné au cours de la relecture de notre statut’’, a expliqué Mamoutou KASSOGUE.
Le procureur Mamoutou KASSOGUE a déclaré que durant cette grève, les magistrats ne délivreront pas de certificats de nationalité ni de casiers judiciaires et ne tiendront pas d’audience. Une situation qui perdurera jusqu’à ce qu’ils obtiennent satisfaction totale.
« Ils pensent pouvoir nous diviser, ils pensent pouvoir nous menacer. On ne menace pas un magistrat. Un magistrat, ça se respecte, un magistrat, ça se considère. Nous sommes prêts à nous battre et nous nous battrons jusqu’au bout. Les pressions qu’ils sont en train d’exercer sur les chefs de service centraux sur les chefs de juridictions et de parquets ne mèneront à rien. Il est plus facile pour eux de résoudre le problème, dont l’incidence ne fait que 2 milliards de FCFA par an, que de se livrer à des spectacles », a conclu Mamoutou KASSOGUE.
PAR MODIBO KONE
Info-matin