Dans un contexte de transition marqué par des réformes profondes, le ministre de la Communication, de l’Économie numérique et de la Modernisation de l’Administration, Alhamdou Ag Ilyène, a reçu ce mardi 7 mai 2025 les responsables des principales organisations de la presse malienne. Une rencontre organisée sur instruction du Président de la Transition afin d’expliquer le bien-fondé du décret présidentiel suspendant temporairement les activités des partis politiques et des associations à caractère politique.
Une mesure encadrée par la Constitution
Bamada.net-Dès l’ouverture des échanges, le ministre a tenu à rappeler que cette décision n’est ni arbitraire ni improvisée. Elle s’inscrit dans le respect des dispositions de la Constitution du 22 juillet 2023, notamment son article 39, qui définit les missions fondamentales des partis politiques. Ceux-ci sont en effet tenus de promouvoir et de respecter des valeurs essentielles telles que l’unité nationale, la souveraineté du pays, l’intégrité du territoire, la démocratie et la laïcité.
En outre, le ministre a informé les journalistes que la Loi n°05-047 du 18 août 2005, relative à la Charte des partis politiques, a été officiellement abrogée lors du Conseil des ministres du 30 avril dernier. Cette décision, loin d’être unilatérale, découle des recommandations des forces vives de la nation, réunies à Bamako les 28 et 29 avril 2025, dans le cadre des réflexions nationales sur la refondation de l’État.
Une décision temporaire et préventive
Face aux inquiétudes sur une possible dérive autoritaire, Alhamdou Ag Ilyène a rassuré : « Cette suspension n’est ni une interdiction définitive, ni un rejet du pluralisme. Elle vise uniquement à préserver la paix sociale et à éviter tout facteur de déstabilisation susceptible d’être exploité par les ennemis du pays. »
Le ministre a précisé qu’il s’agit d’une mesure de sauvegarde, prise dans un contexte sécuritaire et politique fragile, où l’activité politique incontrôlée pourrait servir de tremplin à des forces hostiles à la refondation en cours. Pour lui, cette pause est un moyen de réorganiser en profondeur l’espace politique et d’en corriger les défaillances structurelles.
Un nouveau cadre juridique en gestation
Le ministre a annoncé que les autorités travaillent actuellement, en collaboration avec le Conseil national de Transition (CNT), à l’élaboration d’un nouveau dispositif législatif pour encadrer les partis politiques et les activités politiques en général. Cette nouvelle loi devra être en adéquation avec les réalités actuelles du pays et les aspirations profondes du peuple malien à une démocratie rénovée.
Il a notamment insisté sur la nécessité de moraliser la vie publique, de mettre fin aux pratiques politiciennes déconnectées des besoins réels de la population, et de refonder l’engagement politique sur des bases éthiques et patriotiques. Cette réforme législative répond à une forte demande des Assises nationales de la refondation, qui ont appelé à la révision complète du cadre régissant les partis politiques au Mali.
Cohérence, équité et transparence
Le décret présidentiel ne vise pas uniquement les partis politiques au sens strict. Il s’applique également aux associations et mouvements se réclamant d’un caractère politique, dans une volonté de cohérence et d’équité dans la mise en œuvre de la mesure. « Il s’agit d’éviter les contournements et d’assurer que tout le monde respecte les mêmes règles », a insisté Alhamdou Ag Ilyène.
Le ministre a également évoqué les efforts du gouvernement pour poser les bases d’un système démocratique plus robuste et durable, en tenant compte des leçons du passé et des défis du présent.
Le rôle central des médias
Dans cette phase délicate, Alhamdou Ag Ilyène a lancé un appel à la presse malienne. Il a exhorté les journalistes à adopter une posture responsable, constructive et éclairée, capable d’informer sans agiter les peurs, de questionner sans compromettre la stabilité et de mobiliser sans manipuler.
« Le Mali a besoin de paix, de sérénité et d’un climat de confiance pour mener à bien cette Transition. Les médias ont un rôle décisif à jouer pour accompagner cette dynamique », a-t-il déclaré.
Une démocratie renforcée en perspective
Pour conclure, le ministre a formellement affirmé que le pluralisme politique reste un acquis inaliénable de la démocratie malienne. La suspension actuelle n’est que transitoire, et elle sera levée dès que les conditions sécuritaires, sociales et institutionnelles le permettront. Le gouvernement œuvre, a-t-il dit, à sortir rapidement de cette situation exceptionnelle, avec à la clé un cadre politique renouvelé, capable d’encadrer efficacement l’engagement citoyen et de renforcer la démocratie.
La rencontre s’est déroulée en présence du président de la Maison de la Presse, M. Bandiougou Danté, qui a salué la démarche d’explication et réaffirmé l’engagement des médias à accompagner, dans l’éthique, les mutations en cours.
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Moise Touré
Source: Bamada.net