De leur Chef du Département de tutelle, Zoumana Mory Coulibaly, au Président de la République, Ibrahim Boubacar Kéïta, en passant par le Premier Ministre, Soumeylou Boubèye Maïga, ayant promis le paiement d’un mois, de deux, puis de 4,6 milliards de francs CFA depuis belle lurette. Aucune de ces promesses aux 496 travailleurs du chemin de fer n’a, jusque-là, pu être tenue. Les cheminots en larme, à 9 mois sans salaires, poursuivent désespérément leur grève de la faim entamée depuis le 19 décembre dernier. N’est-ce pas là une preuve d’âme insensible qui démarque l’actuel Régime par rapport à ses prédécesseurs de l’Indépendance nationale du Mali à nos jours ?
Depuis plusieurs années, les trains ne sifflent plus au Mali. Le chemin de fer qui reste l’un des secteurs vitaux de l’économie nationale depuis le départ du Colon est devenu inerte et non opérationnel. Lors de la Convention de 2015, date du départ de la Compagnie TRANSRAIL, les deux États actionnaires notamment le Mali et le Sénégal se sont engagés à assurer le côté financier jusqu’à l’arrivée d’un nouveau preneur. Mais, ce fut le début d’une longue période de calvaire pour les cheminots maliens contrairement à leurs confrères du pays des Wolofs qui continuent de percevoir leurs salaires malgré l’arrêt de la ligne ferroviaire Dakar-Bamako.
Dans ses courses, le train participait pleinement au Développement socio-économique de notre pays à travers les secteurs du commerce, des transports, et de l’urbanisation des villes et villages riverains du trajet ferroviaire Bamako-Kayes, long de 495 kilomètres.
De Kati à Kita, le train traversait 9 gares ferroviaires, dont ceux de Dio, de Néguela, de Nafadji Koro, de Nafadji Koura, de Khassaro, de Sébékoro, de Badinko et de Kita. Malheureusement, au jour d’aujourd’hui, à cause de l’arrêt des trains, les femmes, les hommes, bref toutes les autres couches sociales de ces zones riveraines qui tiraient profit des retombées économiques du train sont réduites à une vie de calvaire sans précédent. Auparavant, avec les passages et arrêts des trains, tout le monde y trouvait son compte et le trafic servait de véritable tremplin pour les populations riveraines des rails. Il se tenait dans ces lieux, des foires où étaient exposés à de meilleurs prix des animaux, des vivres et autres produits céréaliers de toutes natures par les commerçants venus de tous horizons. Des foires, entre autres de Diago Halte, Manabou Halte, Guinena Halte, Baoulé Halte, Naumousaulou, Sangarébougou, Kouléko, Bankassibougou, Dialakoni, Tounboudala et de Dialaya.
Une belle Histoire de notre pays qui se termine ainsi. À Bamako, nulle n’ignore l’apport de la gare ferroviaire du Centre-ville, communément appelée secteur « Rails da ». Cela, avec l’ambiance et la vente des produits pour les Grands commerçants et les petits « banabana » ambulants et autres revendeurs à la sauvette qui tous, animaient ce climat des affaires.
À Toukoto, à l’arrivée de la locomotive, le temps était accordé aux voyageurs d’aller à des petites occupations, pendant au moins 45 minutes jusqu’à une heure parfois. C’était le lieu et le moment où les gens échangeaient, mangeaient, etc. Mais, cet arrêt d’activité ferroviaire a conduit plusieurs jeunes à quitter la Région pour l’immigration. Ainsi, la vie du rail n’existant plus, toutes les cités ferroviaires sont dans l’abîme.
Entre Kita et Toukoto jusqu’à Kayes, il y avait des gares comme Fangala, Badumbé, Oualia, Djoubéba, Kalé, Mahina, Talary, Galougo, Tambafara, Bagouko, Bouroukoun, Diamou, Tintiba et Kayes-ville, où les affaires évoluaient sous le rythme du train, il ne reste qu’un climat de nostalgie. «Au départ du train de chacune de ces gares, de Toukoto à Kayes, tous ces villages étaient en alerte pour accueillir la fête, la fête pour les échanges de marchandises. C’était la fête du donner et du recevoir, la fête pour demander les nouvelles des parents proches, des amis. La vie était intense à chaque gare et à chaque halte du train. Hélas, l’espoir fut brisé. Les populations riveraines des rails sont tombées dans une misère totale », a déploré notre confrère et Doyen Fakara Faïnké du quotidien LE RÉPUBLICAIN, un témoin oculaire d’assez de faits marquant de l’Histoire du Mali.
L’espoir perdu ?
En tout, belle fut l’histoire des trains dans notre pays. Mais, pour le cas de ses acteurs, les cheminots, ces premiers artisans du secteur, les actuels Gouvernants leur ont réservé un triste sort : ils sont environ à 10 mois sans salaires. Et, cela, nonobstant les nombreux engagements pris par les plus hautes autorités dont le Président de la République de rétablir la voie ferrée en mettant les travailleurs dans les conditions nécessaires. Aucune évolution escomptée n’a jusqu’à présent été constatée. Les cheminots et leurs familles continuent d’observer leur grève de la faim dans la misère totale (à lire le COMBAT du 24 décembre dernier). N’eut été la visite de quelques Hommes politiques dont Oumar Mariko, Mohamed Aly Bathily, Iba N’Diaye de l’URD et les Représentants de l’Amnesty International, le désespoir des cheminots atteint son paroxysme. «Nous sommes là en grève de la faim depuis le mercredi 19 décembre 2018. Le Ministre du Département de tutelle et son Premier Ministre nous ont promis le paiement de deux mois seulement. Mais, çà aussi, jusque-là, on n’a rien vu concrètement. Nous sommes toujours là à attendre désespérément avec nos familles», nous a confié par téléphone le Secrétaire Général du SYLTRAIL, Mahamane Thiènta, au moment où nous mettions cette information sous presse… Affaire à suivre !
Seydou Konaté
LE COMBAT