Le stratège militaire doublé de visionnaire politique, le Général d’armée Assimi GOÏTA, à travers la mise en œuvre des recommandations des Assises nationales de la refondation, a l’ambition de réinitialiser la pratique politique en cours dans notre pays, de nettoyer le landerneau politique des anciens partis qui se sont montrés incapables durant trois décennies de reconstruire le pays et d’en assurer le progrès.
Dans le narratif des partisans de la transition, pour réussir sa mission, le Général Assimi et ses compagnons d’armes doit d’abord restaurer la souveraineté, la paix, la sécurité, pacifier et stabiliser le pays.
Aussi, l’union sacrée de toutes les filles et de tous les fils derrière lui est-elle indispensable. Il s’agit dans cette première phase de faire bloc pour un Mali-Kura uni pour le bonheur de toutes les générations et de toutes les classes sociales, mais par-dessus tout réussir ensemble de faire sortir notre pays des griefs de l’impérialisme et du néocolonialisme afin de faire du Mali un pays fort et respecter sur la scène internationale.
Au regard des résultats tangibles et indéniables engrangés en si peu temps, argumentent les soutiens de la transition, l’intérêt du Mali et des Maliens commanderait de laisser la dynamique de refondation en cours se poursuivre sereinement et souverainement afin de mettre en place les institutions viables et solides, mais aussi de parachever la stabilisation du pays.
Car la guerre est loin d’être terminée. Or, sans une vraie victoire sur les forces obscures et leurs sponsors, il serait illusoire de vouloir forcer la marche vers le retour à un chimérique ordre constitutionnel.
Le Général Assimi GOÏTA a besoin du temps, la guerre n’est pas terminée. Soyons patients, les élections seront pour plus tard.
Ce n’est sûrement pas la faute du Général Assimi GOÏTA que nous sommes là aujourd’hui.
Car depuis le 5 juin 2020, les partis politiques coalisés avec les religieux et la société civile de tous bords, avaient convenus de faire partir IBK, comme ils avaient accepté de laisser tomber ATT le 22 mars 2012.
Serions-nous, s’ils avaient réussi à bâtir depuis le 26 mars 1991 des institutions fortes et indéboulonnables, et au lieu d’accepter des partages de gâteaux, des strapontins et des poudrières… comme l’aurait dit Me Mountaga TALL en son temps. Nous n’en serions pas là, si les hommes politiques qui ont géré ce pays l’avaient doté d’une armée solide et républicaine, à hauteur de tout défi et de toute épreuve au lieu de le démanteler et de vendre l’épave des Mig.
Serions-nous ici aujourd’hui à nous scandaliser et à nous inquiéter des conséquences de la dissolution des partis politiques, si les acteurs politiques étaient parvenus à instaurer depuis 1991 un système de santé performant digne de ce nom et à faire de la santé publique une priorité, au lieu de privatiser le secteur obligeant les plus nantis à aller se soigner à l’extérieur et à nous autre de trépasser dans les mouroirs sur place ?
Qui se serait inquiéter aujourd’hui si le Mali démocratique avait choisi d’investir judicieusement dans ses ressources humaines, dans l’éducation et dans la formation des générations futures, par le biais d’un système éducatif solide, plutôt que d’abandonner l’Ecole au privé, sinon à son triste sort entre les années blanches et les années facultatives sacrifiant des générations entières de notre pays.
Après trente (30) de hallali, l’héritage du Mouvement démocratique, de la justice sociale, de l’équité et de notre système judiciaire, en tant qu’institution, et régulateur social, est loin d’être élogieux.
Aujourd’hui, la justice malienne est beaucoup perçue par les Maliens comme un outil de peur et d’exclusion plutôt qu’un pilier d’équité et de la justice sociale.
Qui aurait eu le toupet de prôner la dissolution des partis politiques si l’avènement de la démocratie avait été, au-delà des slogans creux et mielleux, synonyme pour les entreprises publiques et le secteur privé national soutien et promotion.
Mais au lieu de ça, on a bradé le reste des entreprises publics presqu’au franc symbolique. Falaki ! Le cas de la Société Malienne d’Etudes et de Construction de Matériels Agricoles (SMECMA) est l’illustration la plus scandaleuse de cette liquidation planifiée. Et aujourd’hui, on se mord les doigts. ‘‘Hali ni an tun ye a don’’.
Serions-nous là à organiser des meetings pour, soit disant, défendre la démocratie et les acquis de la Révolution, si ceux qui ont géré ce pays avaient mis au centre de leurs soucis les attentes et les préoccupations de la jeunesse malienne, et non pas seulement faire la promotion de leurs enfants et leurs proches dans les prestigieuses universités étrangères. Et on s’étonne après que les jeunes tentent l’impossible : la traversée de la méditerranée !
Trente ans après l’avènement de la démocratie dans notre pas, comme une aiguille dans une boite de foin, l’égalité des chances pour tous les Maliens, on tomberait sur le clientélisme plus abject : ‘‘ka do boso ka do fana’’.
Serions-nous là si tous ceux qui enfourchent aujourd’hui vuvuzela et trompette pour défendre la démocratie avaient veillé à ce qu’on n’achète pas le vote des Maliens 2000-5000 FCFA et œuvré à l’émergence d’une réelle et véritable culture et pratiques politique et démocratique.
‘‘Tiè, do be Nia là, do be Nia tièlakaw la’’.
PAR MODIBO KONÉ