Les populations de Kati, victimes de spéculation foncière dans les 37 communes rurales de leur cercle, avaient pourtant été bien précises dans leur expression de ras-le-bol faite le jeudi dernier.
Dans leur marche de protestation de ce jour contre la spoliation des terres agricoles, elles en avaient clairement appelé à la responsabilité des autorités du domaine. Cependant, le Ministre Mohamed Ali Bathily, réputé pourtant très prompt à la limite d’un zélé dans la gestion de son portefeuille des domaines de l’Etat et des affaires foncières, semble trainer les pas cette fois-ci.
«Ces accaparements des terres aggravent les inégalités d’accès et de contrôle du foncier au détriment des paysans. Nous approuvons fermement les annulations de cessions administratives des titres fonciers par le Ministre de l’Habitat, de l’Urbanisme et des Affaires Foncières. La moralisation de la gestion foncière et le respect des droits des paysans relèvent d’abord de la responsabilité des autorités communales, régionales et nationales. Ces autorités portent la plus grande part de responsabilité dans la spoliation foncière», avait déclaré à cette occasion le porte-parole des manifestants, Drissa Niaré.
A l’image d’un appel à la barre auquel il devrait répondre séance tenante ou tout au moins dans les heures qui suivent, le Ministre Mohamed Ali Bathily a choisi, pour l’heure, le silence. Serait-il là en train de changer de fusil d’épaule quand on sait que dans ces genres de situation il n’hésite pas à monter au créneau soit pour rendre les victimes dans leurs droits ou pour s’en prendre aux élus locaux auteurs qu’il accuse, comme cela est de ses habitudes ; être à la base des spoliations ? Il serait peut-être trop hâtif de conclure ainsi, mais, toujours est-il que le Ministre Bathily a surpris plus d’un avec son omerta qui pourrait s’avérer lourd de conséquences pour les victimes de Kati. Pour preuve, la sonnette d’alarme tirée par les victimes, laisse entendre à qui veut que les accaparements massifs des terres de culture au profit d’intérêts privés, qui ciblent des dizaines de milliers d’hectares à des fins spéculatives, portent atteinte aux droits coutumiers et humains et privent les communautés locales et les paysans d’exercer les activités agricoles et pastorales nécessaires pour leur subsistance, voire leur survie. A bon entendeur, la survie des paysans est en jeu !
Katito WADADA
Source: LE COMBAT