Dans l’affaire, au lieu de faire dire le droit, Me Mohamed Aly Bathily a cru jouer au faux-fuyant. Pendant ce temps, Cheick Sadibou Cissé, Babou Yara et autres, font grincer les dents.

C’est assurément  l’un des plus gros scandales fonciers ders dernières années dans notre pays. L’affaire s’est déroulée en  Commune II du District de Bamako. On le sait depuis, elle oppose un vieux notable du nom de Bazoumana Fofana à un groupe de personnes dont les noms apparaissent dans beaucoup de litiges du genre. Il s’agit entre autres de Me Mountaga Tall, Babou Yarra, Cheick Sadibou Cissé, Me Abdoulaye Garba Tapo, etc.
Opérateur économique bien connu au Mali et ailleurs, Bazoumana Fofana avait toutes les raisons de venir investir dans son pays. En bon citoyen, patriote convaincu, il se disait qu’il contribuerait au développement socio-économique de sa patrie. C’est ainsi qu’il investit au niveau de l’Office du Niger. Des années  ont passé  et tout se déroulait normalement jusqu’à ce que des intérêts égoïstes et méchants interviennent.
Le parti Adema étant au pouvoir entre 1992-2002, l’un de ses militants du nom de Fernand Traoré, PDG de l’Office du Niger, prit sur lui la lourde responsabilité de manquer à ses obligations. Autrement dit, honorer ses engagements de fournir du riz paddy aux quatre usines prises en charge par le vieux Bazoumana Fofana. Naturellement, les problèmes jaillissèrent.
Le vieux Bazoumana Fofana étant en contact avec une banque de la place aux fins de faire des mouvements, se trouva brusquement attaqué devant les tribunaux.
Mais, cela n’aurait été possible si l’Avocat de la banque, Me Abdoulaye Garba Tapo, n’avait pas de visées sur la garantie du vieux Fofana. Cette garantie était en fait un titre foncier situé dans la zone dite Cité du Niger.
En un clin d’œil, le tribunal de la Commune II est saisi de l’affaire. Victime déjà des failles de la Direction de l’Office du Niger, Bazoumana Fofana devint rapidement victime aussi des gens désireux de faire mains basses sur son titre foncier. Un seul jour a suffi aux maîtres du moment pour déposséder le vieux de son bien.
Sur la scène, l’on retrouva un certain Cheick Sadibou Cissé, parent de Me Mountaga Tall. Ce dernier avait approché le vieux Fofana pour le compte d’une société intéressée par l’achat du titre. Derrière ce duo, il y avait bien sûr Me Abdoulaye Garba Tapo, Avocat de ladite banque, Me Tapo joua un rôle capital dans le déclenchement de la procédure judiciaire. Dionké Yarnangoré dit Babou Yara, complète le groupe.
Le titre foncier est mis aux enchères publiques, cédé à Cheick Sadibou Cissé, puis revendu à Babou Yara. Tout cela en un seul jour. Décidément, si ce n’était pas le Mali, comment pourrait-on agir de la sorte ?
Détail important, Me Abdoulaye Garba Tapo était devenu entre-temps Ministre de la Justice sous ATT.
Qu’à cela ne tienne, Bazoumana Fofana continuait d’avoir confiance en la justice de son pays. Avec ses conseils, il se lança dans de longues procédures d’appel. Quant à Babou Yara et autres, ils avaient déjà exécuté le transfert du titre foncier en question.
Aux dires du Vieux Fofana, ce transfert illégal aurait été rendu possible grâce à la complicité de certains agents des services des Domaines de l’Etat. Dame Cissé Safi Diawara est nommément citée dans une correspondance adressée aux autorités actuelles. En sa qualité de responsable, elle aurait joué un rôle capital dans le transfert.
L’arrivée au pouvoir de M. Ibrahim Boubacar kéïta (IBK) donna un grand espoir au vieux Fofana. L’entrée et le maintien de Me Mohamed Aly Bathily au poste de Ministre de la justice l’avaient également réconforté. Bazoumana Fofana n’était pas seul dans une telle disposition. Beaucoup de Maliens pensaient aussi que les choses allaient changer, que la justice serait rendue dans l’équité, que le droit serait simplement dit !
Les uns et les autres sont aujourd’hui déçus. La désillusion est générale. Saisi officiellement de la teneur de l’affaire, Me Bathily a réservé une curieuse fin de non-recevoir. Le Vieux Bazoumana Fofana a été éconduit comme s’il n’était pas un citoyen, victime de la puissance de spéculateurs fonciers.
Et pourtant,  l’on se souvient que le Ministre Bathily avait parlé à la télévision des faits et gestes des gens comme Babou Yara.
Pourquoi n’a-t-il finalement pas respecté ses engagements de faire régner la justice ? Va-t-il laisser des citoyens piétiner la loi ? Ce faisant, l’homme de droit qu’il est, ne serait-il pas le premier fossoyeur de la loi ?

B.KONE