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Spécial : Refondation : Un passage obligé

Les Assises nationales organisées à cet effet sont censées permettre à notre pays de prendre un nouveau départ soixante ans après l’indépendance. Compte tenu des enjeux, toutes les sensibilités du pays ont leur mot à dire

 

Il faut entendre par refondation l’action de réformer en profondeur. Refonder un état revient à lui donner un autre fondement dans le but de combler les attentes, les aspirations de la population qui s’y trouve.

En effet, les autorités de la Transition, avec à leur tête le président Assimi Goïta et le Premier ministre Choguel Kokalla Maïga, ont entrepris de construire le vaste chantier de la refondation du Mali pour lui permettre de prendre un nouvel envol sur la base d’institutions solides et avec des citoyens conscients de leur devoir et responsabilité vis-à-vis de la patrie. Ce projet titanesque ne peut se réaliser sans l’adhésion des forces vives de la Nation (classe politique, société civile, confession religieuse, syndicats, chambres consulaires, organisations des jeunes et des femmes).

Les Assises nationales de la refondation (ANR) dont la phase communale s’est tenue samedi et dimanche derniers, sont une nécessité pour donner un nouveau souffle à notre pays et permettre aux Maliens d’espérer un avenir radieux. Il s’agira surtout de tourner la page de huit ans de crise multidimensionnelle et complexe qui a mis à rude épreuve les fondements de notre société voire de notre nation.

depuis 2012, le Mali est confronté aux conséquences d’une rébellion au nord qui a favorisé le terrorisme et grand banditisme sur presque l’ensemble du territoire national. La dégradation progressive de la situation sécuritaire, conséquence de la déliquescence accrue de l’état pendant plusieurs décennies, s’est ajoutée aux dysfonctionnements des institutions étatiques, au délitement du lien social et à l’effritement de la cohésion sociales.

Pis, l’insécurité s’est étendue dans les autres régions du Mali. En huit ans, les attaques terroristes ont fait de milliers de morts, des centaines de milliers de réfugiés et déplacés internes et occasionné la fermeture de plus de 1.200 écoles.

UN MOUVEMENT DE CONTESTATION- De la crise sécuritaire cyclique est venue s’ajouter une crise socio-politique en 2020 donnant naissance à un vaste mouvement de contestation : le Mouvement du 5 juin-Rassemblement des forces patriotiques (M5-RFP). Composé de partis politiques, de syndicats, d’organisations religieuses et de la société civile, le Mouvement réclamait le départ du régime d’Ibrahim Boubacar Keita taxé de népotisme, de corruption, de mauvaise gouvernance et d’impunité. Ce régime tombe le 18 août 2020 avec l’intervention d’un groupe de militaires organisé dans le Comité national pour le salut du peuple (CNSP) dirigé par le colonel Assimi Goïta.

Ces événements avaient suscité un grand espoir chez nos compatriotes épris de paix et de justice. L’ensemble des forces vives s’attendait à une période de Transition politique qui consacrerait la rupture tant souhaitée. Mais les divergences de vue dans la gestion de la Transition entre les plus hautes autorités n’ont pas permis au processus d’évoluer à hauteur des attentes.
Cette situation a abouti le 25 mai 2021 à la démission du président Bah N’Daou et du Premier ministre Moctar Ouane. Ainsi, le pays a entamé la deuxième phase de la Transition, avec l’investiture du président Assimi Goïta le 7 juin 2021 et la nomination du Premier ministre Choguel Kokalla Maïga. Un nouveau gouvernement a été formé le 11 juin 2021.

Se fondant sur l’engagement pris par le nouveau président de la Transition de s’atteler à la satisfaction rapide des besoins prioritaires des populations, le Premier ministre Choguel Kokalla Maïga a, dès l’entame de sa prise de fonction, mis en exergue les axes d’intervention suivants : le renforcement de la sécurité sur l’ensemble du territoire, les réformes politiques et institutionnelles, l’organisation d’élections crédibles, la réduction du train de vie de l’état, la moralisation de la vie publique, la fin de l’impunité et la satisfaction d’une part importante de la demande sociale.

La construction d’un état républicain et démocratique se fonde assurément sur trois idées que sont la sécurité pour tous, une justice indépendante et des réformes globales en vue d’une gouvernance vertueuse. Ainsi, lors du conseil des ministre inaugural du 16 juin 2021, le chef de l’Etat a fixé les missions confiées au gouvernement en cinq points : le renforcement de la sécurité sur l’ensemble du territoire, les réformes politiques et institutionnelles, la bonne gouvernance, la réduction du train de vie de l’état, la mise en œuvre intelligente de l’Accord pour la paix et la réconciliation, issu du processus d’Alger et l’organisation d’élections crédibles et transparentes aux échéances prévues. Au sujet de ce dernier point, le président de la Transition a insisté sur les «conditions idoines d’organisation d’élections répondant aux attentes des Maliennes et des Maliens afin d’élire un président légitime».

Le Plan d’action du gouvernement (PAG) présenté par le Premier ministre Choguel Kollala Maïga et adopté le 2 août 2021 par le Conseil national de Transition (CNT), ambitionne de traduire dans les faits les axes prioritaires signalés en haut : le renforcement de la sécurité sur l’ensemble du territoire, les réformes politiques et institutionnelles, l’organisation des élections générales et l’adoption d’un pacte de stabilité sociale.

Par ailleurs, les conclusions et recommandations issues du Dialogue national inclusif (DNI), tenu en décembre 2019, avaient préconisé, entre autres mesures : la mobilisation de toutes les ressources nationales pour ramener la paix et la sécurité dans le pays et promouvoir le vivre-ensemble ; le redéploiement de l’administration et des services sociaux de base dans les zones affectées par l’insécurité ; une revalorisation du rôle des légitimités traditionnelles et autorités religieuses dans la prévention et la gestion des conflits. Y compris la révision de la Constitution de 1992, la relecture de la charte des partis politiques et la loi électorale ; la mise en place d’un organe unique et indépendant de gestion des élections.

Constatant les difficultés dans la mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation, issu du processus d’Alger, une frange importante du peuple malien réclame sa relecture dans le cadre d’une large consultation nationale.

Malgré la diversité des fora et cadres de débats ayant établi les diagnostics et propositions de réformes en vue de corriger les dysfonctionnements constatés de l’état, la volonté politique a très souvent manqué pour les opérationnaliser.

Ces solutions ont été même souvent repensées et peaufinées afin que l’ensemble des forces s’y reconnaissent et participent activement à la réalisation des programmes et projets de développement entrepris par l’état.

D’innombrables conférences, fora, concertations, dialogues et rencontres ont été tenus, du niveau local au régional, puis au niveau national en passant par les pays de résidence des Maliens de la diaspora, notamment sur diverses thématiques liées aux questions politiques et institutionnelles, électorales, économiques, sociales, sécuritaires.

DES VALEURS SOCIÉTALES- La question est donc de savoir pour quelles raisons fondamentales, le système malien de gouvernance n’a pu capitaliser tous les efforts fournis ou n’a su tirer avantage d’un maximum d’approches ou de solutions proposées, afin de consolider la pratique démocratique, cultiver l’engagement citoyen et former les jeunes Maliens pour faire d’eux des citoyens responsables, conscients de leur place dans le concert des nations dans un monde globalisé.

Au regard des recommandations faites depuis plusieurs décennies, nous pouvons légitimement nous demander pourquoi notre pays est en état de déliquescence avancée et d’insécurité grave.
Ainsi, face aux menaces existentielles de l’état et de la Nation, il est indispensable d’œuvrer à la refondation du Mali, qui s’inspirera en premier lieu du patrimoine politico-institutionnel et des valeurs sociétales déjà partagées par l’ensemble du peuple malien.

La période de transition en cours est donc une opportunité pour nos compatriotes de se concerter autour de la vision du changement et des réformes globales nécessaires, d’identifier les goulots d’étranglement qui empêchent la mise en œuvre des propositions de solutions pour restaurer les principes républicains et démocratiques et corriger les faiblesses et failles qui ont gangrené le système de gouvernance au Mali. Dans cette perspective, la tenue des ANR s’avère indispensable pour un diagnostic sans complaisance de la gravité et de la profondeur de la crise et ses enjeux.

Le succès des ANR dépend indiscutablement de la participation et de l’inclusivité tant souhaitées. À ce propos, le chef de l’Etat n’a ménagé ni son temps ni son énergie afin que les Maliens de toutes obédiences puissent participer aux Assises nationales et faire des propositions pertinentes pour la refondation du Mali.

Madiba KEITA

Source : L’ESSOR

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