C’est l’objectif de cette entente qui a donné naissance au gouvernement de large ouverture dirigé par le Premier ministre, Dr Boubou Cissé. Son conseiller spécial, Sidi Mohamed Diawara, que nous avons rencontré, précise qu’il s’agit d’amener l’ensemble des Maliens à mettre leur savoir-faire et leur compétence au service du pays
Pour nombre de nos compatriotes, la scène a paru quelque peu surréaliste. Jeudi 2 mai 2019, aux environs de 11 heures, la salle de conférences de la Primature accueillaient outre le Premier ministre Dr Boubou Cissé le gratin du personnel politique malien, y compris surtout certains de ceux qui étaient considérés jusque-là comme de farouches opposants au pouvoir en place. Mais, les hommes et femmes, présents ce jour à la Primature, avaient bien d’autres préoccupations que de s’attarder sur le caractère inattendu de la rencontre. Et pour cause : il s’agissait pour eux d’être acteurs et témoins de l’historique cérémonie de signature entre le Premier ministre et les forces politiques du pays de l’Accord politique de gouvernance, heureux couronnement après moult consultations/concertations des acteurs politiques.
Une certitude : l’Accord politique de gouvernance, en un laps de temps relativement court, a produit des résultats positifs. Nonobstant quelques difficultés, l’important document qui a été signé par une trentaine de partis, mouvements et regroupements politiques, offre également un horizon bien dégagé avec des perspectives de lendemains qui chantent. C’est en tout cas ce que l’on peut retenir de l’entretien que vient de nous accorder le conseiller spécial du Premier ministre en charge des questions électorales et du suivi de l’Accord politique de gouvernance, Sidi Mohamed Diawara.
Revenant sur l’esprit qui a sous-tendu la signature du texte, Sidi Mohamed Diawara rappellera que cet accord est parti de constats d’une division qui commençait à s’installer au sein de la classe politique malienne, mais également d’une polarisation de la vie politique, avec en toile de fond, les crises sécuritaire et sociale. «Parce qu’il faut reconnaitre que depuis un certain moment, les syndicats et le front social restaient en ébullition, la sécurité se détériorait notamment dans la Région de Mopti et une partie de celle de Ségou. Des problèmes existent encore au Nord du Mali où des terroristes continuent de sévir», résumera-t-il.
NOUVEAUX TYPES DE RAPPORTS- Cette crise qui commençait à s’installer permanemment au sein de la classe politique, selon le conseiller spécial du Premier ministre, a amené le président de la République à vouloir établir de nouveaux types de rapports avec l’opposition politique, mais également au sein de sa propre majorité qui avait d’ailleurs été à l’origine de la motion de censure contre le gouvernement d’alors dirigé par Soumeylou Boubèye Maïga.
Quand le nouveau Premier ministre a été nommé, rappelle notre interlocuteur, le président de la République lui a donné l’instruction d’aller à la rencontre de toute la classe politique, d’essayer de trouver les voies et moyens pour rassembler tout le monde dans le but essentiel de trouver des solutions idoines à la crise politique et sécuritaire qui secoue le pays. Fruit de ces intenses consultations, ajoutera M. Diawara, cet accord est une volonté politique qui s’est manifestée dans la recherche du rassemblement des forces vives de la Nation, autour des questions essentielles de gouvernance du pays. «Et lorsqu’on parle de gouvernance de ce pays, il y a l’aspect sécuritaire, l’aspect administratif, des rapports entre le gouvernement et les citoyens, ainsi que les acteurs sociaux comme les syndicats et d’autres forces sociales», précise notre interlocuteur.
Que peut-on retenir, plus de quatre mois après la signature du document, comme résultats ? Le conseiller chargé du suivi de l’Accord politique de gouvernance soutiendra que le premier grand acquis est d’abord l’accalmie que cela a créée dans le jeu politique. Pour étayer ses propos, M. Diawara rappelle d’abord qu’il y avait à l’intérieur même de la majorité présidentielle une profonde crise qui avait menacé ses fondements. Il y a également, fait-il remarquer, les rapports entre l’opposition et le président de la République. L’on se souvient qu’une partie de l’opposition politique, et non des moindres, contestait la légitimité du chef de l’Etat, parce qu’elle ne reconnaissait pas les résultats de la présidentielle ayant consacré la réélection du président Ibrahim Boubacar Keita. «C’est un grand acquis à mon avis, parce que sans cette accalmie, sans ce nouvel accord entre les acteurs politiques, le Mali allait davantage s’enfoncer dans la crise.
Ce qui aurait pour conséquence de saper tout le fondement de notre nation. Et évidemment lorsque l’Etat central ne fonctionne pas, – nous savons déjà que quelque part il y a des velléités terroristes et indépendantistes -, cela allait certainement mettre le Mali même en cause en tant qu’Etat, en tant que nation», développe Sidi Mohamed Diawara.
RASSEMBLEMENT- L’autre grand acquis de l’Accord politique de gouvernance, ajoute notre interlocuteur, c’est la mise en route du Dialogue politique inclusif qui est l’un des premiers axes déjà décliné dans le texte. Sidi Mohamed Diawara note avec satisfaction que le Triumvirat a mené des consultations avec l’ensemble des forces vives de la nation dans le cadre des préparatifs de la rencontre que le chef de l’Etat souhaite, la plus inclusive possible. «Donc, il y a ce mouvement qui est en marche et qui va certainement aboutir au rassemblement des Maliens de l’intérieur comme de l’extérieur pour que nous regardions les sujets du jour comme la question de la sécurité, celle de la transparence dans la vie publique, de la lutte contre la corruption. Sans oublier la pacification du front social, de l’école, des questions de la jeunesse, des femmes, de la justice, de la paix en général, de la stabilité dans notre pays», souligne le conseiller spécial du Premier ministre. Spécifiquement, signale Sidi Mohamed Diawara, la question de la sécurité, de la stabilisation des régions de Ségou et Mopti est inscrite en lettres d’or dans l’Accord politique de gouvernance. Le Dialogue politique inclusif est donc l’occasion d’échanger sur toutes ces questions.
«Aussi, il faut le dire en général, l’Accord politique, au-delà de la classe politique, a créé un nouvel espoir chez les citoyens maliens», estime le conseiller spécial du Premier ministre.
En définitive, Sidi Mohamed Diawara reste convaincu que même ceux qui ont hésité à adhérer à l’Accord politique de gouvernance viendront au document. L’objectif de l’entente, jure-t-il, n’est nullement d’annihiler l’opposition. Comme le Premier ministre l’a précisé, il s’agit de voir l’ensemble de la classe politique, l’ensemble des forces vives du pays, mettre leurs savoir-faire, leurs compétences ainsi que leurs connaissances au service du pays. Le tout accompagné d’une communion de cœur et d’esprit pour le Mali, pour gravir rapidement les marches qui mènent au développement.
Massa SIDIBE
Aminata DIALLO
L’Essor