L’Union pour la République et la Démocratie, URD, a fait un communiqué suite à l’interpellation du Général à la retraite Moussa Sinko Coulibaly au camp I de la gendarmerie de Bamako pour avoir tenu des propos qui s’apparentent à une incitation au soulèvement pouvant aboutir au coup d’Etat. Dans le communiqué, l’URD a fustigé la convocation qui, selon elle, enfreint la liberté d’expression et a soutenu sans ambages le Général Coulibaly en faisant fi de la gravité des propos qu’il a tenus et en oubliant superbement que Moussa Sinko Coulibaly, loin d’avoir la solution, fait partie du problème du Mali. N’est-il pas temps pour le chef de file de l’Opposition, SoumailaCissé, de se tourner vers les vrais problèmes du Mali et de son parti, lui qui est en pole position pour succéder à IBK dans trois petites années au lieu de soutenir des gens qui n’ont jamais reconnu son leadership et qui sont prêts à l’abandonner à la première occasion ? L’URD ne se trompe-t-elle pas de combat ?
C’est au moment où on applaudit des deux mains la Justice pour son réveil, même tardif, qu’on cherche à ralentir cette dynamique. Quel est ce bon citoyen malien qui ne s’est pas plaint de ces activistes sans foi ni loi qui ont envahi les ondes de radio, les plateaux de télévision et les réseaux sociaux insultant publiquement tout ce que le pays a d’hommes honorables au nom d’une liberté d’expression ? Qui ne s’est pas réjoui du rappel à l’ordre de ces activistes par la Justice ? Les propos du Général Moussa Sinko Coulibaly relèvent plus de l’activisme politique que d’un débat démocratique ou d’une quelconque liberté d’expression. Donc, vouloir soutenir le Général Coulibaly, c’est donner sa caution à l’anarchie. Pire, Moussa Sinko Coulibaly qui critique aujourd’hui de manière acerbe le régime IBK, s’est-il regardé dans la glace avant de parler ? Il doit savoir qu’il est l’un des grands artisans de l’avènement d’IBK au pouvoir. Il pourrait certainement rétorquer en disant qu’il s’est lourdement trompé de marchandise, comme d’ailleurs, la plupart des anciens collaborateurs et fervents soutiens d’IBK, qui se sont rebiffés aujourd’hui en lâchant ce genre de propos. La question que l’on est en droit de se poser est celle de savoir, au-delà du discours de colère voire de haine, qu’est-ce qu’ils proposent véritablement pour sortir de cette crise multidimensionnelle ? Qu’ils soldent leurs comptes avec IBK leur ancien mentor et dont ils ont été les laudateurs et thuriféraires attitrés ; mais que l’URD accueille tous les blasés du régime et s’ériger en avocat défenseur des causes perdues, relève d’un manque d’ambition et de vision. Ce qui serait aberrant pour le parti de la poignée de mains. Soumaila Cissé doit cesser de soutenir des gens qui ont toujours contesté son leadership, qui ne l’ont jamais reconnu comme chef de file de l’Opposition et qui ne l’ont jamais soutenu de façon ferme.
Alors, qu’on l’aime ou qu’on le déteste, on doit reconnaître que Soumaila Cissé est celui qui répond aux critères de chef de file de l’Opposition, compte tenu du nombre d’élus municipaux et nationaux que son parti a obtenus parmi les partis qui ont fait le choix de l’Opposition. Et mieux, pour s’être qualifié pour le second tour avec plus 33 % de suffrages. Mais ce leadership ne lui a jamais été reconnu par la plupart des partis politiques ou associations. Au lieu de perdre son temps à défendre des gens, il vaudrait mieux pour l’URD de penser au futur.
Le combat que l’URD doit mener n’est pas de faire des communiqués pour soutenir des hommes politiques dont la seule qualité est d’être simplement opposés au régime, mais de penser à l’avenir. L’avenir pour l’URD, c’est les élections à venir qu’elles soient régionales ou législatives, et avoir en ligne de mire la présidentielle de 2023. Pour ce faire, elle devrait chercher à renforcer les structures de base du parti, se rapprocher davantage du peuple, faire siennes ses souffrances et apporter son aide aux plus démunis. Après, l’URD renforcerait son leadership sur le terrain en tranchant avant tout, les différends au sein de certaines structures comme la section de la commune VI. Elle devrait se battre pour que toutes les conditions soient réunies afin que les prochaines élections soient les plus transparentes possibles. Si cela devrait passer par un rapprochement avec le régime, qu’elle ne se prive pas de cela, parce que la politique est avant tout un jeu d’intérêts.
En somme, le chef de file de l’Opposition doit changer de fusil d’épaule s’il voudrait bien devenir Président de la République, car en Afrique surtout francophone, les élections ne se gagnent pas sur la base du vote des électeurs, mais sur des petits détails. Parmi ces détails, il y a la flexibilité, l’intelligence politique, les bonnes décisions et enfin avoir le bâton et la carotte envers celui qui tire les ficelles du pouvoir.
Youssouf Sissoko
Source: Infosept