Si l’Afrique accuse un grand retard, les citoyens ont une part de responsabilité. La citoyenneté n’est pas un vain mot, c’est une action. Il ne suffit pas de naitre dans un État, y avoir sa nationalité, pour se réclamer citoyens de cet État. Certes, ces faits constituent des éléments passifs de la citoyenneté, mais ce comportement doit aller plus loin pour embrasser l’action. Il n’y a pas de vraie citoyenneté sans action . Il n’y a de véritables citoyens que dans l’action transformatrice de la société. Un citoyen est dès lors un individu ayant des soucis pour l’avenir de sa nation et qui fait de la lutte contre ce handicap une lutte de vie ou de mort.
L’Afrique est en crise de citoyenneté. Elle en a pratiquement tout perdu. Tous ceux qui se disent en ce 21e siècle engagé pour la cause de ce continent tant meurtri ne sont qu’à la recherche d’intérêts égoïstes auprès de ceux-là mêmes qui pillent jour et nuit les richesses dudit continent. L’activisme citoyen est devenu un gagne-pain et partant le plus grand mal dont souffre ce continent toujours victime de rigorisme, d’hypocrisie.
La plaie de l’Afrique est béante et désespérante si nous savons qu’elle est trahie, vendue par ses propres fils, nous ne pouvons que nous lamenter. La course aux intérêts a tellement aveuglé les citoyens qu’ils ne songent plus à l’avenir de l’Afrique. La course aux intérêts, rationnellement dirigée, est ce qui peut rendre toute la noblesse à une nation, mais irrationnellement mener, elle ne peut que conduire au chaos. Tel est le problème de la citoyenneté en Afrique.
Plus personne n’aime ce continent. Chacun veut devenir l’Autre. Cet Autre qui a contribué à la dégradation de ce continent. Dans sa chronique parue dans le journal Le Pays, Boubacar Sangaré (Mondoblogueur, journaliste et écrivain), dénonce avec force « Des révolutionnaires partout, mais pas de révolution ». L’Afrique souffre de n’avoir plus personne qui l’aime réellement. Ces fils l’abandonnent en se laissant influencer par des richesses piégées provenant d’autres contrées ayant contribué à déshonorer leur mère, l’Afrique. Elle est malade, malade d’être abandonnée par des citoyens hypocrites qui font mine de l’aimer plus qu’eux-mêmes. Cette situation détériore davantage le problème de ce continent qui se trouve déjà dans un gouffre creusé depuis le temps du colonialisme.
Les citoyens qui doivent assurer une fonction de contrôle de la gouvernance se laissent emporter dans les filets tendus par ces hommes politiques et contribuent de ce fait à la destruction de tout le continent. La période des élections constitue celle de la vache grasse pour ces citoyens insouciants. Chacun voulant simplement s’enrichir en acceptant de la main de ces politiciens véreux les cadeaux empoisonnés. Alors une fois au pouvoir, le pillage organisé devient une nécessité. Au lieu de songer à la construction de la nation, ces hommes arrivés au pouvoir par corruption ou achat de conscience se préoccupent plutôt d’abord du recouvrement de tout l’argent englouti lors des campagnes. C’est la raison pour laquelle, il y a une gouvernance familiale qui s’installe voire le désir de s’éterniser au pouvoir. Tous ces facteurs contribuent directement ou indirectement au sous-développement de l’Afrique.
Ce n’est pas pour rien que nous disons des citoyens qu’ils sont souverains. Les braves citoyens burkinabés en savent énormément. Le « Balai citoyen » est une véritable organisation citoyenne assurant un rôle de veille sur la gestion de l’État. Une fois que les dirigeants déroutent, ce n’est pas l’armée qui intervient, mais plutôt ce groupement de citoyens avertis et engagés pour la cause de la nation. Le Burkina a eu ce grand avantage sur beaucoup de pays africains.
La population africaine entretient en lui-même un véritable paradoxe qui s’avère être la principale source des problèmes de ce continent. Un peuple qui se caractérise par son indécision quand il s’agit de travailler à rehausser le continent.
S’il y a un mal qui gangrène les sociétés africaines aujourd’hui, c’est bien un problème de la citoyenneté. La fermeté doit être le cheval de bataille d’un véritable citoyen qui reconnait sa valeur intrinsèque en tant que force transformatrice au sein de la société. Mais les citoyens dans maints pays africains ont sacrifié cette valeur à l’autel des intérêts personnels. Le particulier prime ainsi sur l’universel et engendre tout ce que nous constatons comme inconvénient aujourd’hui. Les politiques ne les respectent plus et par ricochet sacrifient les intérêts de la nation tout entière. Exploités, ces hommes et femmes continuent à faire le panégyrique de leurs fossoyeurs.
Mahamane Djitteye
Le Triomphe