Avec la publication définitive, le 29 octobre 2014, du Rapport du Bureau du vérificateur général sur l’ « Acquisition d’un aéronef et fourniture aux forces armées maliennes de matériels d’habillement, de couchage, de campement et d’alimentation (HCCA), ainsi que de véhicules et de pièces de rechange », les plus sceptiques des maliens qui ne croyaient pas à la supercherie, commencent à ouvrir les yeux. Comme, il est dit qu’à Golgotha chacun porte sa croix, Soumeylou Boubeye Maïga, ministre de la défense et des anciens combattants au moment des faits, ne veut pas être le mouton de sacrifice. Et, il ne l’a pas caché au BVG. Face aux enquêteurs, il a clairement indiqué que « Le ministre Ben Barka a été le principal négociateur côté gouvernement malien ».
Le BVG a rencontré le 4 août 2014, Soumeylou Boubeye Maïga, ancien ministre de la défense et des anciens combattants. Le BVG dans le cadre de cette rencontre, s’était fixé la mission de vérification de conformité et de performance de l’achat d’un aéronef, de matériels et de fournitures militaire. Au cours de la rencontre qui a duré une heure 5 minutes, le BVG voulait comprendre le rôle de l’ancien ministre en charge de la défense dans l’achat d’un aéronef et dans la signature du protocole d’accord relatif à la fourniture de matériels HCCA, de véhicules et de pièces de rechange aux forces armées maliennes.
En ce qui concerne l’acquisition de l’aéronef, Soumeylou Boubeye Maïga a indiqué au BVG que l’acquisition de l’aéronef na pas fait l’objet d’une détermination de besoin. « Il s’agissait d’une décision de souveraineté et le ministère de la défense te des anciens combattants n’a servi que de couverture afin de faire passer ladite acquisition sous l’empire de l’article 8 du Code des marchés publiques », a-t-il indiqué. Avant d’ajouter que« le ministre Ben Barka a été le principal négociateur du côté gouvernement malien ». Mieux, Soumeylou Boubeye Maïga a déclaré être disponible à éclairer la lanterne de la mission de vérification en lui fournissant les explications ou autres documents permettant une bonne analyse de la procédure d’acquisition de l’aéronef. Il a révélé au BVG que Marc Gaffajoli, représentant de SKY COLOUR, a joué divers rôles dans le processus d’acquisition de l’aéronef. « C’est Marc Gaffajoli qui a effectué l’Audit de l’ancien avion présidentiel et a servi d’intermédiaire entre le gouvernement et le vendeur du nouvel avion », a -t-il indiqué.
Il a ajouté que le contrat de Cession-Acquisition de l’aéronef a été cosigné par Marc Gaffajoli et non par le représentant d’AKIRA INVESTMENT. « Marc Gaffajoli est aussi le représentant de Tomi, propriétaire d’AFRJET. La société AFRIJET a déjà eu à louer un avion ‘’ Bombardier BD-7 Global Express’’ à la Présidence de la République pour un coût de 500 000 euros », a-t-il déclaré au Végal. Avant d’ajouter que AKIRA INVESTMENT une société écran, a été créée uniquement pour cette opération. Pour confirmer ses propos, il dira que « c’est pourquoi le BDM a viré les 17,5 milliards dans le compte du Trésor Public, car elle avait estimé que les références bancaires de ladite société n’étaient pas fiables ». Et, comme pour donner un coup de semonce à qui de droit, Soumeylou Boubeye Maïga dira que « le montant de la transaction (acquisition de l’aéronef) serait de 7,470 milliards de FCFA et cela explique la récente immobilisation de l’appareil en Suisse à la demande du fisc américain ». Il a suggéré à l’équipe de vérification de prendre contact avec Tiénan Coulibaly, pour plus de précision sur le prix d’achat réel de l’aéronef. Soumeylou Boubeye Maïga a ensuite recommandé à la mission d’intégrer l’impact du coût de revient de l’équipage dans son analyse. Selon lui, l’Etat malien loue les services d’un équipage étranger à chaque déplacement de l’avion. « Il faudrait tout mettre en œuvre pour transférer les titres de propriété de l’avion au nom du Mali afin de sauvegarder les intérêts de l’Etat », a-t-il conclu.
Assane Koné