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Soudan : Omar el-Béchir désormais dans le tunnel judiciaire

La justice est désormais en branle contre el-Béchir. L’ex-dictateur a été condamné à 2 ans en centre correctionnel pour corruption. Et ce n’est que le début.

Rattrapé par la justice de son pays qu’il a dirigé d’une main de fer pendant trente ans, Omar el-Béchir, vêtu de sa robe blanche traditionnelle et de son turban, est apparu bien silencieux samedi 14 décembre, dans sa cage métallique face au « tribunal spécial ». Les juges l’ont condamné à une peine de deux ans en centre correctionnel pour corruption. Et ce, en raison de son âge avancé de 75 ans, selon la loi soudanaise, toute personne âgée de plus de 70 ans ne peut être placée en prison. L’ancien homme fort du Soudan est détenu dans la prison de Kober à Khartoum depuis son éviction du pouvoir. Il restera dans cette prison jusqu’à ce que la justice se prononce sur une autre affaire le concernant : des meurtres commis lors des manifestations ayant conduit à sa chute, a annoncé aussitôt le juge Al-Sadeq Abdelrahmane.

 

La justice décidée à en finir avec l’ancien président

Dans ce procès pour corruption qui a commencé au mois d’août, au sujet de fonds perçus de l’Arabie saouditeOmar el-Béchir encourait jusqu’à 10 ans de prison. Samedi, il a été déclaré coupable de « corruption » et « possession de devises étrangères ». À l’issue de l’audience, qui a duré plus d’une heure et demie, l’un de ses avocats, Ahmed Ibrahim, a indiqué qu’il ferait appel « devant la cour d’appel et devant la Haute Cour ». Le juge a également prononcé la confiscation des fonds retrouvés au domicile de l’ancien dictateur après son arrestation en avril (6,9 millions d’euros, 351 770 dollars et 5,7 millions de livres soudanaises).

Au cours des audiences précédentes, el-Béchir s’était défendu en assurant que l’argent n’avait pas été utilisé à des fins personnelles, mais sous forme de « dons ». Selon un témoin au procès, l’ex-président aurait donné quelque cinq millions d’euros au redouté groupe paramilitaire des Forces de soutien rapide (RSF). Si M. Béchir a reconnu avoir perçu un total de 90 millions de dollars (81 millions d’euros) de la part de dirigeants saoudiens, le procès ne concernait que 25 millions de dollars (22,5 millions d’euros) reçus peu avant sa chute du prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane.

La CPI peut-elle entrer dans la danse ?

Après le verdict, plusieurs centaines de partisans de l’ex-président ont manifesté leur mécontentement devant le tribunal et dans le centre-ville, avant de se disperser. Et comme l’a assuré l’Association des professionnels soudanais, acteur majeur du soulèvement populaire anti-Béchir : « Ce n’est pas fini pour Béchir, il y a d’autres affaires. » Effectivement, outre les graves accusations de crimes dans le conflit du Darfour portées contre lui par la Cour pénale internationale (CPI), Omar el-Béchir pourrait avoir à répondre d’autres affaires devant la justice de son pays. Il fait l’objet d’une enquête et se trouve sous le coup d’un mandat d’arrêt pour son rôle dans le coup d’État de 1989 qui l’a porté au pouvoir.

Pour le moment en tout cas, le gouvernement de transition n’a pas autorisé l’extradition de l’ex-dirigeant à La Haye où siège la CPI. En 2009 et 2010, la CPI avait lancé contre le président déchu deux mandats d’arrêt pour « crimes de guerre », « crimes contre l’humanité » et « génocide » au Darfour. Cette province occidentale soudanaise a été le théâtre d’une guerre sanglante entre rebelles et forces progouvernementales. Le conflit, qui a éclaté en 2003, a fait 300 000 morts et 2,5 millions de déplacés, selon l’ONU.

Par Le Point Afrique

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