Aïcha Elbasri, ancienne porte-parole de la Minuad, accuse la Mission conjointe des Nations unies et de l’Union africaine au Darfour d’un manque de transparence sur la situation dans cette région du Soudan ravagée par la guerre civile au début des années 2000, où les violences sont toujours quasi quotidiennes.
C’est un exemple parmi tant d’autres, selon Aïcha Elbasri : le 22 mars 2013, l’armée de l’air soudanaise a bombardé le village de Oum Agaga, dans le nord du Darfour. Au moins cinq personnes ont été tuées. La Minuad a envoyé une patrouille, constaté les faits et produit un rapport. Mais lorsque la presse l’interroge, Aïcha Elbasri, alors porte-parole de la Minuad, reçoit l’interdiction de confirmer l’attaque.
Conséquence, en avril, après huit mois sur le terrain, elle claque la porte. « J’étais frustrée de ne pas pouvoir communiquer les informations qui montraient à quel point la situation au Darfour est devenue très grave. Et après tant d’efforts et de demandes à la mission d’être transparente et crédible, la réponse a été un silence qui m’a obligé à démissionner. »
Un bombardement rayé des tablettes
Selon elle, l’attaque de mars 2013 sera absente du rapport du secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, rendu le mois suivant. Un bombardement rayé des tablettes, comme s’il n’avait jamais existé aux yeux de la communauté internationale.
Ibn Chambas, le chef de la Minuad, dément toute volonté de cacher la vérité : « Si vous regardez nos rapports que nous devons rendre chaque trimestre à l’ONU et à l’UA, ils montrent clairement que les situations sécuritaire et humanitaire se dégradent au Darfour. Nous n’avons aucun intérêt à travestir la réalité. »
La Minuad a souvent été critiquée pour son incapacité à protéger les civils. L’an dernier, à sa prise de fonction, Ibn Chambas avait déploré une baisse des moyens et un manque de clarté du mandat de l’opération.
Source: RFI