Signé en 2015, l’accord pour la paix et la réconciliation est mis en péril par un pouvoir central passif, une rébellion fragmentée et un jihadisme en constante recomposition. Les hésitations, reports et autres bégaiements déplorés lors de la signature, en 2015, de “l’accord pour la paix et la réconciliation issu du processus d’Alger” par les autorités maliennes et les groupes armés rebelles, laissaient entrevoir des difficultés à venir. Quelque deux années plus tard, cinq depuis le déclenchement de l’opération militaire française Serval, le processus de paix, à force de lenteur, est en train de perdre la course de vitesse engagée contre les groupes armés.
Ainsi l’illustrent les difficultés rencontrées ces dernières semaines surtout les attaques à répétition contre les militaires et les civils dans les régions Nord et centre du Mali. Il s’agit là, pourtant, du premier maillon de la chaîne forgée par l’accord d’Alger qui, outre l’arrêt des hostilités, permettra le développement économique, social et culturel pour sortir le Nord du Mali de la misère.
Dans le dernier rapport présenté à New York au Conseil de sécurité, le secrétaire général des Nations unies regrettait ainsi que “les principales dispositions de l’accord [d’Alger] n’ont pas été appliquées (…) Entre-temps, de nouveaux groupes armés ont demandé à faire partie des arrangements institutionnels et sécuritaires intérimaires“. Pour le malheur de la population locale, le retour des services sociaux de base que les autorités intérimaires sont censées faciliter ne semble pas pour demain.
D’autant que l’environnement sécuritaire ne cesse de se dégrader, laissant mal augurer du déploiement des acteurs indispensables (ONG, investisseurs, fonctionnaires…) à l’accomplissement des projets de développement nécessaires pour désenclaver le nord du Mali et ainsi enterrer les frustrations qui alimentent les rébellions.
Certes, l’intervention française Serval – transformée en force Barkhane en 2014 chargée de la lutte contre le terrorisme au Sahel -, le déploiement de quelque 10 000 casques bleus, la restructuration (en cours) de l’armée malienne et le lancement des premières patrouilles mixtes armées maliennes-ex-rebelles ont permis d’apaiser la situation. Mais il concerne, au mieux, l’Armée, les Touareg et les Arabes qui se battaient en 2011 pour la partition du Mali et l’indépendance de l’Azawad, le Nord du pays.
“L’accord d’Alger, selon des analystes, se résume finalement à un accord de cessez-le-feu“. Sauf que l’activité des jihadistes, un moment neutralisée par l’opération Serval, a repris de plus belle alors que le redéploiement des forces armées maliennes au nord patine. Résultat : “Les groupes terroristes et extrémistes violents ont renforcé leurs activités et leur présence”, note l’ONU.
“Car depuis Serval, les groupes terroristes se sont adaptés”, observe Bakary Sambe, directeur du Timbuktu Institute. En atteste l’annonce, début mars, de la “fusion” de trois organisations islamistes au sein de Nosrat Al-Islam Wal Mouslimine (Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans, GSIM) affilié à Al-Qaida.
La Rédaction
Source: Le Point