Dans un vibrant plaidoyer pour l’engagement humanitaire, celle qui était jusqu’à ces dernières heures la seule otage française dans le monde s’est confiée sur son avenir.
HUMANITAIRE – “Si vous prenez un engagement, allez au bout!” Sophie Pétronin, la Française libérée au Mali avec trois autres otages malien et italiens, a déclaré dès ce jeudi 8 octobre son intention de retourner à Gao, dans le nord du pays, pour s’assurer que l’organisation d’aide aux enfants qu’elle dirigeait avant d’être enlevée il y a près de quatre ans continuait à fonctionner convenablement.
“Je vais aller en France en Suisse et après je vais revenir voir un peu ce qui se passe ici”, a-t-elle dit dans une rencontre avec des journalistes à l’ambassade de France à Bamako, lesquels reporters ont semblé pris de court par la motivation et l’assurance de la septuagénaire.
“J’ai pris l’engagement pour les enfants, ça fait presque quatre ans que je n’ai pas vu comment se déroulent les programmes”, a-t-elle dit en invoquant les actions de son organisation contre la malnutrition et en faveur des enfants orphelins. Au terme de retrouvailles émouvantes, elle a notamment salué l’action de son fils, Sébastien Chabaud, qui a s’est investi dans les activités de la structure, laquelle continuait à recevoir des financements et des dons durant la captivité de Sophie Pétronin.
“Tu n’iras pas où tu veux”
Elle s’est aussi dit heureuse d’avoir appris que son assistant avait pu prendre la relève en son absence. “Il faut quand même que j’aille jeter un oeil et les saluer parce que j’ai pris cet engagement. Si vous prenez un engagement, allez au bout de votre engagement, sinon vous aurez perdu votre raison d’être sur cette Terre!”, a-t-elle déclaré dans un vibrant plaidoyer pour l’action humanitaire.
Sophie Pétronin après quatre ans de captivité : “Non je n’ai pas de colère. Ca va me faire du mal d’avoir de la colère.” pic.twitter.com/ujQaLtcJ3l
— franceinfo plus (@franceinfoplus) October 9, 2020
Son fils Sébastien Chadaud, arrivé mardi à Bamako et présent à ses côtés, a réfréné son ardeur en disant que cela se ferait “en toute sécurité”. “Attends-toi à ce que je cadre certaines choses, tu n’iras pas où tu veux”, a-t-il dit après s’être beaucoup investi en sa faveur.
Sophie Pétronin a par ailleurs dit n’éprouver “aucune colère”. Dans un entretien distinct avec l’AFP et Radio France Internationale, elle a dit faire “partie de la famille gaoise” (de Gao, ndlr) et esquissé une vision dédramatisée de ce qu’avait été sa captivité. Le temps lui a paru “un peu” long, “mais j’ai transformé la détention, si on peut dire, en retraite spirituelle”.
“J’étais dans l’acceptation de ce qui m’arrivait et j’ai pas résisté, et puis voilà je m’en suis sortie”, a-t-elle dit. Cela “se passait bien, l’air était sain, bon (…) Je me suis accrochée, j’ai tenu, j’ai beaucoup prié parce que j’avais beaucoup de temps, je me suis promenée, j’ai bien mangé, j’ai bien bu, de l’eau fraîche hein!”.
Des “groupes armés d’opposition” davantage que des “jihadistes”
Elle a indiqué qu’elle pouvait écouter la radio et que ses gardiens, sur lesquels elle n’a pas fourni de précisions, lui faisaient passer des messages ou des vidéos, comme l’une dans laquelle son fils lui disait: “tiens bon”. Elle lui a rendu hommage: “Mon fils est un battant, mais dans la famille, nous sommes tous des battants”.
Elle s’est gardée de parler de ses geôliers comme de “jihadistes”. “Appelez-les comme vous voulez, moi je dirais que ce sont des groupes d’opposition armés au régime”, a-t-elle dit. Elle a invoqué des accords passés qui n’auraient pas été tenus et qui provoqueraient les hostilités actuelles.
Gouvernement et groupes armés “trouveront le chemin pour la paix, je leur souhaite en tout cas vivement”, a-t-elle déclaré. Au cours de cet entretien, et alors que cela n’a pas semblé toujours être le cas durant sa captivité, Sophie Pétronin s’est dit en “pleine forme”.
Source : Huffingtonpost.fr