Réunis en Sommet extraordinaire sur la situation au Mali (en visioconférence) le 28 août 2020, les chefs d’Etat de la Cedeao, ont décidé que les sanctions contre le Mali seront levées progressivement en fonction de la mise en œuvre par la junte militaire des décisions arrêtées.
Le Sommet extraordinaire des chefs d’Etat de la CEDEAO était très attendu et suivi par l’ensemble des maliens, les putschistes en première ligne. C’est à ce Sommet que les nouveaux maitres du Mali devaient savoir « dans quelle sauce ils allaient être mangés » par les présidents des Etats de l’Afrique de l’Ouest. Et, cette sauce est connue depuis vendredi en début d’après-midi.
Comme ils l’avaient promis que le Mali sera un exemple pour tous ceux qui veulent venir au pouvoir par les armes, le chef de l’Etat du Niger Mahamadou Issoufi et les 14 autres chefs d’Etat ont agi. Après avoir eu vent du compte rendu du médiateur dans la crise malienne, Goodluck Jonathan, les présidents après échanges entre eux, ont pris certaines décisions qui certainement ne feront pas plaisir à la junte et à certains maliens. Ils ont décidé de la levée progressive des sanctions en fonction de la mise en œuvre des décisions qui sont : la nomination d’un président de la Transition. Pour la CEDEAO, « cette personnalité doit être un civil, reconnu pour ses qualités professionnelles et sa probité intellectuelle et morale, chargée de diriger la transition », que le président de la Transition ne sera pas candidat à la prochaine élection. Les chefs d’Etat ont aussi exigé la nomination d’un Premier ministre civil, chef de gouvernement, « reconnu pour ses qualités professionnelles et sa probité intellectuelle et morale ». Ce dernier, selon la CEDEAO, sera chargé de conduire le gouvernement sous la responsabilité du président de la Transition. « Ce Premier ministre ne sera pas candidat à la prochaine élection présidentielle ».
Le retour des militaires dans les casernes
La CEDEAO recommande la mise en place rapide d’un gouvernement pour faire face aux différents défis du Mali et, en particulier, préparer les élections législatives et présidentielles dans un délai de 12 mois. Ils ont ensuite exigé qu’ « aucune structure militaire ne devrait être au-dessus du président de la République ».
Mahamadou Issoufi et ses collègues appelle à la finalisation urgente d’un accord sur la transition politique entre la Cédéao et le Mali et invite l’Union Africaine et les Nations Unis à endosser cet Accord. Et un comité de suivi sera par la suite mis en place.
Le prochain rendez-vous sur le Mali est calé pour le 7 septembre 2020 à Niamey lors du 57ème Sommet de la CEDEAO. Cette rencontre « permettra de faire le point par rapport à l’évolution de la situation au Mali et de prendre d’autres mesures, le cas échant ».
Il faut noter qu’à l’ouverture des travaux, le président en exercice de la CEDEAO avait laissé entendre que le retour à l’ordre constitutionnel « suppose le retour des militaires dans leurs casernes ».
« La junte se propose de garder le pouvoir pour trois ans afin dit-elle de restaurer les institutions étatiques sur une base garantissant leur stabilité. Autrement dit, elle refuse de regagner les casernes alors que le pays est en guerre, ce qui exige, plus que jamais, que l’armée se concentre sur sa mission traditionnelle, surtout que l’ennemi fourbit ses armes et cherche à exploiter le vide institutionnel actuel pour pousser son avantage », a-t-il lancé.
Rappelons que la CEDEAO a mis le Mali sous embargo depuis le 21 août 2018. Excepté les denrées de première nécessité, les produits pharmaceutiques, les carburants tous les autres produits sont sous sanction.
L’Institution régionale s’est félicitée de la relaxe du président Keita qui est retourné à son domicile avec la sécurité appropriée pour son rang d’ancien Chef d’Etat ainsi que la possibilité de recevoir le médecin de son choix et de se rendre à l’étranger pour son contrôle médical.
Quelle sera la réponse de la junte face aux agissements de la CEDEAO ?
Amadou Sidibé
Arc en Ciel