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Sommet extraordinaire de la Cedeao : Les discussions de tous les espoirs

Les Maliens et l’ensemble de nos amis étrangers attendent avec impatience les conclusions des échanges des chefs d’État de l’organisation intergouvernementale ouest-africaine. Les «mesures fortes» attendues permettront-elles l’amorce d’une sortie de crise ?

 

Le chef de l’État nigérien et président en exercice de la Cedeao, Mahamadou Issoufou, a fait l’annonce jeudi dernier à Bamako, à l’issue de la visite de cinq chefs d’État de l’Afrique de l’Ouest dans le cadre de la médiation pour trouver une solution à la crise sociopolitique. Un sommet extraordinaire des chefs d’État de la Cedeao sera consacré ce lundi au Mali. Et des décisions fortes seront prises pour la sortie de crise.

Depuis cette annonce, les commentaires et les spéculations vont bon train. Alors que certains y fondent de réels espoirs pour sortir notre pays de l’impasse actuelle, d’autres l’envisagent avec incrédulité.

Les chefs d’État peuvent-ils faire d’autres propositions que celles déjà émises et qui ont rencontré une fin de non-recevoir du M5-RFP ? C’est là tout l’enjeu du sommet d’aujourd’hui qui devrait, au moins, clarifier le contexte et définir le cadre de la négociation entre les parties.

Mission délicate au regard du fossé qui sépare le président Ibrahim Boubacar Keïta et les contestataires qui continuent de réclamer sa démission pure et simple et menacent de reprendre les manifestations de rue, aussitôt après la fin de la trêve de la Tabaski.

De son côté, la Cedeao a déjà prévenu qu’elle n’entend point cautionner une quelconque forme de changement non constitutionnel à la tête d’un pays.

Pour plus d’un observateur, les chefs d’État ne pourront que s’inscrire dans le prolongement de la mission menée par l’ancien président nigérian, Goodluck Jonathan, dont le plan de sortie de crise exclut la démission du président Keïta, et prévoit, outre la reconstitution consensuelle de la Cour constitutionnelle et le règlement du contentieux électoral, la formation d’un gouvernement d’union nationale sur la base de pourcentages établis. Or, ce plan a été rejeté en bloc par l’imam Mahmoud Dicko et les autres leaders du M5-RFP.

Pour les contestataires, la venue de Mahamadou Issoufou et quatre de ses homologues, la semaine dernière, n’avait rien arrangé à la situation. «Rien n’a bougé», avait déclaré Mahmoud Dicko à l’issue de son entretien avec la mission de la Cedeao.

Dans une lettre ouverte adressée aux cinq présidents, le Mouvement est revenu à la charge et accuse le président Keïta de faillir à sa mission, sans explicitement réclamer, cette fois, sa démission. Le détail n’a pas échappé à certains observateurs qui croient déceler une fissure dans les rangs des contestataires entre faucons et modérés.

Dans ce contexte, que faut-il attendre du sommet du lundi ? Ibrahim Maïga, chercheur à l’Institut d’études de sécurité (ISS), apporte des éléments de réponse dans une interview accordée à des confrères. Il estime que la Cedeao pourrait, par exemple, «obtenir du président Keïta la démission de son Premier ministre et la nomination d’un nouveau chef du gouvernement aux pouvoirs élargis en accord avec le M5-RFP».

Aussi, de l’analyse du chercheur, l’organisation sous-régionale peut encore formuler des recommandations qui permettent de poser les bases d’un processus politique fondé sur une feuille de route qui rendrait irréversible la mise en œuvre de profondes et indispensables réformes de gouvernance pour éviter au Mali un nouvel épisode d’incertitudes.

Contrairement au M5-RFP, les autres acteurs politiques et de la société civile ont, plus ou moins, bien accueilli les propositions de la Cedeao. Dans le camp présidentiel, elles sont jugées «dignes d’intérêt» et de «nature à atténuer la crise actuelle, conformément aux principes républicains».

Ainsi, l’Action républicaine pour le progrès (ARP) et la Coalition des forces patriotiques (Cofop) plaident pour la mise en œuvre diligente des recommandations auxquelles la Cedeao est parvenue avec l’implication de ses chefs d’État. Elles invitent le M5-RFP à inscrire son action dans le sens des efforts de l’organisation sous-régionale. Quelle que soit l’issue, cette rencontre confirme que la crise malienne occupe bien les responsables ouest-africains au plus haut niveau.

Il revient alors aux parties de sortir de cette attitude de “tout ou rien” et favoriser l’agenda de l’intérêt commun. Aujourd’hui, le pays, sans gouvernement depuis plus d’un mois, se trouve dans une situation extrêmement difficile. Jamais, les institutions n’avaient semblé aussi fragilisées.

Cette situation fait perdre de vue le conflit au Nord du pays et les tueries à répétition qui endeuillent la Région de Mopti.

Issa Dembélé

Source : L’ESSOR

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