Il n’est pas rare d’être témoin, dans nos rues, de l’affolement d’une mère recherchant son enfant, qu’elle a perdu de vue par inadvertance
Les mères écervelées mettent en danger l’intégrité physique et la vie des bébés et des petits enfants. L’amour, la chaleur maternelle, l’attention sont autant d’exigences pour une mère désireuse du bien-être de sa progéniture. Ce sont aussi des valeurs importantes dont les enfants désirent toujours bénéficier des mères. Dans les sociétés africaines ces principes sont primordiaux pour l’éducation et le devenir des enfants. Mais de nos jours, certaines jeunes mères inconscientes négligent leurs enfants. Qui de nous n’a pas été témoin d’une scène ou la maman affolée recherche son enfant partout. La scène est fréquente dans la mégapole Bamako.
Il ne se passe pas un jour sans que les radios de la place ne diffusent un avis de recherche d’enfant égaré. A côté des avis de perte d’enfant, se dresse celle des enfants victimes des tragédies domestiques. Ces enfants sont pris en charge à longueur de journée dans nos hôpitaux. Les secouristes sont sollicités pour venir en aide aux innocents, qui souvent perdent la vie à cause de l’inconscience de leur génitrice. Comment comprendre ou pardonner une mère qui laisse son enfant, de moins de 2 ans, s’éloigner du domicile et se promener seul dans les rues voisines, alors qu’il sait à peine parler.
L’histoire de cette petite fille qui a malheureusement perdu la vie est pathétique. En effet cette mère étourdie avait dans son giron une gosse d’un an, qui marchait à peine. La pauvre a été retrouvée morte dans le puits familial. Cette découverte macabre avait été faite près de 24 heures après la disparition de la petite. Tout le quartier avait été alerté par les membres de la famille qui recherchaient leur petite fille. La maman ne s’était rendue compte de l’absence de sa fillette que vers le crépuscule. Sans paniquer elle alla d’abord dans les concessions voisines. Sans résultat. Prise de peur elle alertera le reste de sa propre famille.
Chacun s’est mobilisé, mais la petite restera introuvable. Ce n’est que le lendemain vers 10 heures du matin que la bonne en voulant puiser de l’eau fera la découverte macabre qui va mettre en émoi tout le voisinage. Comment et quand l’enfant est-elle tombée dans le puits ? La question reste encore posée. A l’image de cette petite fille, de nombreuses innocentes, parce qu’on les a perdues de vue un moment, perdent la vie de façon atroce.
Mésaventure. Cet autre cas est édifiant. Mme Diarra Ami, nous narre la mésaventure d’une sœur venue lui rendre visite accompagnée de son enfant d’environ 3 ans. Ces deux femmes ont reçu, ce jour là, la peur de leur vie. Toutes heureuses de se retrouver, les deux sœurs ont oublié la petite fille. La visite, explique notre interlocutrice, durera au moins 4 heures. Les deux dames ne se souviendront de la fille qu’au moment où sa mère se décida de rentrer à la maison. Le « bout de chou » n’était plus à leur côté.
Les investigations des deux dames appuyées par les voisins sont restées sans succès. Après deux heures de recherche pas une seule ombre de la fille. La maman alertera le père. Celui-ci hors de lui viendra menacer son épouse de divorce si jamais « sa fille » reste introuvable. Vers le crépuscule le miracle se produit. La maman voit revenir son enfant en compagnie d’un autre petit garçon du quartier.
Le garçon avait environ 5 ans. Il expliquera qu’ils étaient partis assister au « Balani show » dans une autre rue. La mère du garçon qui participait activement aux recherches est aussi une insouciante. Pendant qu’elle recherchait activement l’enfant d’autrui, le sien n’était pas à la maison. Cette « absence apparemment habituelle » ne la gênait point.
Les faits qui suivent se sont passés à Sikasso. Le récit nous a été fait par la grande – mère de l’enfant victime. Toujours sous le choc de la perte de son petit fils, cette personne âgée rappelle, en larmes, comment l’accident mortel est survenu plongeant une famille dans le deuil. Le petit de 2 ans s’est noyé dans la cuisine dans un seau d’eau. Sa maman qui avait fini de préparer le déjeuner, faisait la sieste. Elle avait recommandé à ses deux grands enfants âgés de 6 à 8 ans de veiller sur leur petit frère.
Ce dernier très turbulent réussira à tromper la vigilance de ses protecteurs. Le destin conduisit les pas du petit dans la cuisine. Personne ne saura comment il avait plongé sa tête dans le seau rempli d’eau. Ne pouvant pas crier, le gosse perdra la vie avant d’être secouru. La maman découvrira son enfant inerte dans la cuisine. La grand – mère nous confie qu’au moment où elle nous parle, sa belle fille est hospitalisée à la psychiatrie du CHU « Point G ».
L’histoire suivante, moins dramatique, se soldera par un divorce. La maîtresse de maison est coiffeuse professionnelle. Elle avait la mauvaise habitude de laisser traîner à la maison des objets tranchants ou des récipients remplis d’eau bouillante à la portée des tout petits. Son mari, un enseignant se plaignait régulièrement de cette attitude insouciante de son épouse. La sœur de l’enseignant qui nous a raconté le drame se rappelle que le premier garçon du couple avait été blessé par un poinçon dont sa mère se servait pour tresser ses clientes. Le mari a piqué une crise de nerf. Il a vociféré : « la prochaine fois tu ne resteras pas chez moi. » Et Pendant un bon moment il a interdit à son épouse de pratiquer son métier de
coiffure ».
Mais comme dit l’adage : « Chassez le naturel, il revient au galop». Le jour fatidique où tout basculera pour le couple, madame fidèle à ses mauvaises habitudes avait chauffé de l’eau pour prendre sa douche. « Elle laissera la marmite d’eau brûlante dans la cour, pour aller prendre quelque chose dans la chambre. Personne ne sait ce qui s’était passé là-bas. Tout à coup les autres membres du foyer ont constaté que l’imprudente maman poursuivait sa fille de 5 ans. Celle-ci jetait des regards dans son dos pour éviter les bras tendus de sa mère. Elle heurtera la marmite remplie d’eau chaude. « Toute sa jambe a été brulée jusqu’à la plante du pied », relate notre interlocutrice.
DIVORCE. Le mari avait pris sa décision de divorcer. Mais il a attendu sagement que l’enfant soit complètement guéri. Un beau jour l’époux est venu annoncer à sa femme son désir de divorcer pour prendre une autre femme qui s’occupera mieux de ses enfants. Toutes les tentatives pour le faire revenir à la raison ont été vaines. La femme finira par se faire à l’idée du divorce. « Même le tribunal n’a pas pris le risque de lui confier la garde de ses enfants », selon notre source.
Le dernier exemple nous a été conté par l’amie de la mère inattentive, dont le petit garçon de deux ans a bu de la potasse, produit acide utilisé dans la teinture du bazin. Le jour de la tragédie, la maman du garçon était allée faire une course au marché. Elle savait bien que sa belle sœur faisait de la teinture à la maison. L’enfant n’était plus sous surveillance. Il est allé prendre le pot dont sa tante teinturière se servait. En toute innocence le petit utilisera le même pot pour boire. Il continuera pendant un moment à s’amuser. Peu après le retour de sa mère à la maison l’enfant commença à pleurnicher. Fait inhabituel. Sa mère sans se rendre compte de rien le repoussait quand il s’approchait d’elle. Pour le consoler un peu elle va l’allaiter. « C’est certainement ce geste qui sauvera l’enfant, qui a 6 ans cette année », dit avec conviction notre narratrice.
Le garçon qui a difficilement tété va vomir quelques minutes plus tard. Ce fut l’alerte ! Peu de temps après le petit s’est évanoui. Il avait l’intérieur de la bouche complètement rouge. Le petit avait eu de la chance. Le mélange de lait maternel et de la potasse avait provoqué le vomissement. Et heureusement pour lui le pot ne contenait qu’un brin de potasse. Mais l’histoire s’est terminée par un drame familial ou deux frères se sont retrouvés au commissariat de police », a conclu Mamie.
Bien avant, la survenue de cette tragédie, le jeune frère du mari de la teinturière avait plusieurs fois mis en garde l’artiste contre l’installation de son atelier dans la cour d’une grande famille. A la vue de l’enfant blessé, le beau frère a éclaté et une violente altercation l’a opposé à son grand frère. Le conflit sera soumis à la justice. Le mal est déjà fait les deux frères ne se parlent plus.
La petite Oumou a failli perdre la vie un jeudi du mois d’août 2013. La maison de la petite Oumou fait face à l’avenue qui conduit au monument de l’indépendance. Ce jour là la petite a tenté de traverser la voie au moment où une voiture arrivait à une vive allure. N’eut été la vigilance du chauffeur, elle allait se faire écraser. Le conducteur du véhicule s’est garé sur le bas-côté. Il est descendu et a pris l’enfant par la main. Il a demandé dans les concessions voisines à voir la maman de cette fille qui venait d’échapper à la mort.
Toute souriante, la mère insouciante est venue à la rencontre de l’homme qui tenait son enfant. Sans autre procès l’homme l’a giflée sous le regard surpris des voisins. Mis au courant de ce qui venait de se passé sur la grande avenue, les témoins ont condamné la négligence de cette mère. Les touts petits doivent être dorlotés. Il ne faut jamais perdre de vue ces dons de Dieu.
M. A. Traoré
source : L’ Essor