Le crime est innommable, l’horreur et la tragédie incontestables… Abyssal le drame vécu par les populations inconsolables de Sobane Da (ou Sobame Da, Sabou kou), de même que le deuil partagé de l’ensemble de la nation malienne.
Mais au-delà, qu’est-ce qui peut fédérer les Maliens dans cette tragédie ? Ni les comptes ni les décomptes encore moins les mécomptes… Même pas le nom du village.
Le lieu du drame : Sobane Da, Sobame Da ou Sabou Kou ?
Pour le décompte macabre, le maire annonce 95 morts, le gouverneur dit avoir identifié 35 victimes. Pour l’opinion, le compte n’y est pas et ceux qui escomptent tirer quelque bénéfice de cette cacophonie se scandalisent face au mécompte.
En l’absence de revendication, notre douleur commune devrait nous interdire de verser dans l’amalgame, la stigmatisation, l’accusation facile et prôner la vindicte, comme le conseille le président de tous les Maliens.
Il est de notre responsabilité de Maliens, dans l’épreuve commune et dans le deuil, d’être solidaires, lucides et clairvoyants et savoir raison garder.
Comme ceux de Koulongo et Ogossagou, le drame de Sobane Da nous oblige et nous condamne à faire face ensemble et à assumer collectivement nos responsabilités. Au nom de l’imputabilité qui voudrait que gouverner c’est prévoir et assumer, si le Président IBK avait coutume de rappeler que « chaque Malien tué est un mort de trop », le Gouvernement, par la voix de son chef, le Dr Boubou CISSE, ce mardi, à Sobane Da, ne fait pas trop dans l’euphémisme pour interpeller sur la responsabilité morale des principaux acteurs et dirigeants. « Chaque Malienne et chaque Malien que nous n’aurions pas su protéger de l’insécurité est un mort que chaque dirigeant, politique ou ministre du gouvernement, devrait avoir sur sa conscience », a-t-il dit.
Loin d’une autoflagellation, il s’agit pour le Premier ministre, chef de gouvernement, face au seuil du tolérable et de l’acceptable largement franchi, d’inviter à la prise de conscience, la convergence et au sursaut patriotique.
Le problème, ce n’est ni les Dogons ni les Peuls. La faute ce n’est ni le Gouvernement ni l’Armée. Il est temps de sortir des sillons, voir des pièges tout tracés devant nous. Il faut donner acte à ceux qui ont jusqu’ici martelé sans être entendus et compris (Tiébilé DRAME, Mahmoud DICKO, Soumeylou Boubèye MAIGA) que ce que nous vivons n’est pas un conflit ethnique. Notre pays fait face à un complot terroriste qui instrumentalise et entretient des divergences communautaires pour s’incruster. C’est pourquoi, au-delà de se donner la main, il convient dans l’urgence de faire bloc autour de notre unité nationale, notre souveraineté, et défendre l’indivisibilité de notre Maliba en refusant désormais catégoriquement l’appellation : Centre du Mali, comme nous avons tous rejeté ensemble le terme Nord-Mali.
Parce qu’à coup de fragmentation géographique, pardon en fonction de tous les points cardinaux, on finira par avoir non pas un seul Mali, mais plusieurs Mali. Mais, n’est-ce pas cela le dessein éternel de ceux qui ont toujours voulu nous voir diviser ?
Ouvrons les yeux avant qu’il ne soit trop tard.
PAR BERTIN DAKOUO