Cela pour permettre aux combattants du Congrès pour la Justice dans l’Azawad de bénéficier de tous les avantages qu’offre l’Accord aux mouvements signataires, explique l’honorable Oumar Sididjè Traoré, qui dirige ce mouvement
Le MNLA de Bilal Ag Chérif, après sa tournée auréolée de succès dans les régions de Tombouctou, Taoudenit et Gao, il y a deux semaines, est en train de prendre de l’épaisseur.
En effet, cette mission du MNLA, avec un cortège impressionnant de plus de 50 pickups vient de sillonner toutes ses bases, avec un message de paix et d’unité, nous a-t-on dit. Il n’y avait aucune autorité dans les localités visitées. Dans certaines villes comme Tombouctou, Bilal s’est même rendu chez les autorités coutumières et religieuses pour des salutations fraternelles.
A en croire les sources MNLA, les seules sur le terrain, il était question au cours de cette visite de paix, de réconciliation et d’unité nationale. Les premières retombées de ce périple sont, sans nul doute, la dissolution du Congrès pour la Justice dans l’Azawad (CJA), dirigé par l’honorable Oumar Sididjè Traoré, depuis la démission le 9 février dernier du président Azarok Ag Inaborchad.
Le CJA est une dissidence du MNLA, créé il y a à peine deux ans, dans la région de Tombouctou où elle gère beaucoup de combattants avec quatre bases à Gargando, Razelma, Diré et Goudam. Celles-ci sont sous le commandement du colonel Abass Ag Mohamed Ahamad. Le CJA avait quitté le MNLA pour dénoncer les nombreux avantages accordés à Kidal et à ses combattants au détriment des autres régions. Elle militait pour la justice dans « l’Azawad ». Ce qu’explique son nom : le Congrès pour la Justice dans l’Azawad. Il faut reconnaitre que le CJA a rencontré d’énormes difficultés dans la gestion de ses combattants et dans l’affirmation de son leadership dans le processus de paix issu des négociations d’Alger.
Dans le cadre du processus inclusif, le CJA est pris en compte dans beaucoup de démembrements de l’Accord issu du processus d’Alger, bien qu’il ne soit pas signataire de ce document. Alors, question : pourquoi cette dissolution du CJA au profit de MNLA ? Selon l’honorable Gaucher, c’est pour permettre aux combattants du CJA de bénéficier de tous les avantages qu’offre l’Accord aux mouvements signataires que nous avons décidé de rejoindre le MNLA.
Joint par téléphone, Attaye Ag Mohamed Aboubacrine, représentant du CJA au Comité national d’intégration explique : « notre ralliement au MNLA est partagé par l’ensemble des combattants, sous la direction du colonel Abass ».
En tout cas, le Comité directeur du MNLA s’est réjoui de cette « décision hautement responsable », dans un communiqué rendu public par sa cellule de communication : « le MNLA se réjouit du ralliement des forces politique, sociale et militaire du Congrès pour la Justice dans l’Azawad (CJA) au profit du Mouvement National pour la Libération de l’Azawad (MNLA), le samedi 31 mars 2018. La CMA salue la décision du chef d’Etat-major militaire et du premier vice-président de la CJA, entérinant la dissolution dudit mouvement.
La CMA accueille à bras ouvert et avec humilité cette décision murement réfléchie. Elle reste ouverte à tous les Azawadiens disposés à jouer un rôle plus actif et plus accru pour le bien-être de nos populations. Cette décision hautement responsable renforcera à coup sûr l’unité et la cohésion sociale des Azawadiens, qui demeurent un souci majeur de la CMA. Enfin, la CMA saisit cette opportunité pour inviter tous les Azawadiens à faire un combat commun pour la mise en œuvre intégrante et diligente de l’Accord ».
Signée par Ilad Ag Mohamed, porte-parole, cette déclaration en dit long sur les véritables intentions du MNLA, affaibli par ses querelles intestines. Le MNLA plaide pour la « mise en œuvre intégrante et diligente de l’Accord », alors qu’il serait à l’origine du blocage du DDR, une disposition nécessaire dans le processus de paix. Par cette situation de ni paix ni guerre, le MNLA silionne les régions du nord du Mali qu’il appelle Azawad. Entre temps, il se renforce et promet monts et merveilles aux populations, notamment, aux noirs sédentaires, qu’il est en train de rallier à sa cause. Un nouveau phénomène inquiétant pour le processus de paix et l’unité du pays. A suivre
El Hadj ChahanaTakiou
22 septembre