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Situation sécuritaire à Dinangourou : la population parle d’embargo, la DIRPA conteste

La situation sécuritaire à Dinangourou dans le cercle de Koro est loin d’être un fleuve tranquille. D’un côté les populations et ressortissants de la localité s’impatientent et dénoncent une mauvaise foi des plus hautes autorités du pays qui, selon eux, prennent l’affaire à la légère, de l’autre côté, l’armée affirme être à la tâche et appelle à éviter l’amalgame.

La crise sécuritaire de la commune de Dinangourou est à un stade assez critique. Les populations privées presque de toute liberté de mouvement attendent impatiemment une réaction efficace de l’État pour ramener le calme tout en les sécurisant, ainsi que leurs biens. A Bamako comme dans d’autres capitales régionales, les ressortissants de ladite localité disent ne pas comprendre la position des autorités militaires et administratives qui semblent avoir une autre lecture positive sur  la situation.

Le 9 juillet 2021 au cours d’une rencontre avec les hommes de médias, le directeur de l’information et des relations publiques des armées (DIRPA), le colonel Souleymane Dembélé, a affirmé qu’il est clair que la situation de Dinangourou se trouve à un stade critique que nul n’est sensé ignorer. Cependant, il estime qu’il y a une mauvaise communication autour de la question qui ne rend service ni à l’armée, ni aux victimes. Une sortie très peu appréciée par les ressortissants de la localité qui pensent que les autorités prennent à la légère la situation.

En tout cas, c’est ce que pense Drissa Goro, président de l’association des jeunes ressortissants  de Domno. «Comment voulez-vous qu’on appelle ce qui se passe à Dinangourou si ce n’est de l’enclos ? Laissez-moi vous dire que depuis que cette crise a commencé, soit le 02 mai 2021, nos populations n’ont tenté que deux fois de se déplacer. Une fois les gens voulaient aller à Yeremdourou, un village voisin où ils ont été attaqués et il y a eu six blessés. La deuxième fois, c’est le cas très récent à Douari où les gens ont été attaqués avec l’escorte des FAMAS. Depuis, personne ne peut sortir d’un rayon de 10 km du village de Dinangourou. Pire, personne n’a pu semer son champ cette année. Alors, dites-moi si ce n’est pas de l’enclos, c’est quoi alors ? », nous a-t-il confié.

Aussi, Drissa Goro ajoute : « Nous soutenons nos forces armées et de sécurité dans ce qu’elles font pour aider les populations, mais qu’on arrête de faire des jeux de mots qui ne font que compliquer davantage la situation des populations concernées. On n’en a pas besoin. Tout ce qui est à faire, c’est de trouver une solution immédiate à cette crise, car les gens sont fatigués et ne savent plus que faire. Il y a vraiment urgence. »

Tout comme le président de l’association des jeunes ressortissants de Domno, Djibril Goro, un jeune ressortissant de Dinangourou actuellement aux chevets des blessés du village à Sévaré a souligné : « Il n’y a pas d’autres mots ou qualifications, même si nous voulons éviter des expressions comme embargo. Parce que, malheureusement, c’est ce que nous vivons à Dinangourou. Nous vivions sous un embargo total. Du  20 juin 2012 au 25 mars 2019, vingt-sept (27) personnes ont été assassinées, trente-deux blessés dont certains sont encore hospitalisés à Sévaré et à l’hôpital Somino Dolo de Mopti. D’autres ont même été transmis à l’Hôpital du Mali de Bamako pour des soins intensifs.»

Djibril Goro affirme également que des milliers de bœufs, de moutons, de chèvres, entre autres, ont été aussi enlevés et des centaines de greniers incendiés. Pire, toutes les écoles de Domno sont fermées depuis des années.

La DIRPA rejette le mot embargo !

Joint au téléphone le 30 Juillet 2021 par notre rédaction, le colonel Souleymane Dembélé maintient sa position sur la question. Ainsi, il a déclaré : « Nous ne sommes pas insensibles à cette question. Le cas de Dinangourou n’est pas totalement isolé des autres cas. Bien sûr que Dinangourou est à un stade critique et beaucoup plus complexe, mais l’insécurité au Mali, c’est assez généralisée actuellement. La crise est réelle et les populations souffrent, je suis parfaitement d’accord. Nous, tout ce qu’on a demandé est de ne pas faire d’amalgame dans la communication. Quand vous dites qu’il y a embargo, c’est ce que les jihadistes veulent entendre, car ils veulent créer la psychose et semer la panique chez tout le monde. »

Toutefois, le directeur de l’information et des relations publiques des armées estime que l’armée fait de son mieux pour protéger les populations. «Tout le monde sait que l’armée est à Dinangourou et nous sommes là-bas pour la population. Quand les gens veulent se déplacer, l’armée les escorte jusqu’à leur destination. Nous avons à faire à une guerre asymétrique dans laquelle on ne connaît pas qui est qui et qui fait quoi. Après, il faut reconnaître qu’il y a des failles, mais l’armée fait de son mieux dans cette situation de Dinangourou. La preuve est que l’armée a subi une attaque le lundi 26 juillet dans laquelle il y a eu cinq blessés dont trois dans le rang des FAMAs. Cela est arrivé quand nos FAMAs accompagnaient les populations », a-t-il ajouté.

Amadou Kodio

Source : Ziré

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