Si l’investiture du président Ibrahim Boubacar Keïta s’est déroulé tôt dans la journée de mardi 4 septembre 2018 à Bamako, son opposant Soumaila Cissé a aussi tenu un meeting vers l’après-midi devant ses militants et sympathisants au boulevard de l’indépendance de Bamako. Dans son très long discours l’opposant dit ne pas reconnaître le président élu Ibrahim Boubacar Keïta, en lançant un appel à ses militants et sympathisants de l’intérieur comme de l’extérieur à rester mobiliser et déterminer à des prochaines marches pacifiques dans les jours à venir.
— Un texte de Adama Traoré | carrédirect.info à Bamako —
L’extrait du discours de l’opposant malien Soumaila Cissé
Vous êtes de plus en plus nombreux à marcher, à manifester et à protester pour dire non à la fraude et pour dénoncer les agissements et les pratiques d’un régime discrédité, pour ramener le Mali sur le chemin de la fierté, pour défendre notre démocratiesi chèrement acquise. En un mot vous êtes les dignes héritiers des fondateurs de la Nation malienne et des martyrs de mars 1991 !Vous étiez des centaines de milliers samedi – à Bamako, à l’intérieur du pays et à l’étranger – pour envoyer un message sans appel à ceux qui pouvaient encore en douter. Le suffrage universel ne se négocie pas.Vous ne transigerez pas avec vos principes et vos valeurs. On ne vous volera pas votre vote, le vote dupeuple souverain du Mali !Nos amis et frères occupent depuis hier soir le consulat du Mali à Paris. Ils sont sur le chemin de l’honneur et de la vérité. Nous sommes fiers de vous. Rentrer maintenant à la maison. Je salue votre combat, la lutte continue.
Non, ce ne sont pas seulement des anomalies de procédure qui ont émaillé cette élection présidentielle.Non, ce n’est pas l’abstention ou je ne sais quel déficit de mobilisation de nos électeurs qui expliquent des résultats fabriqués par un gouvernement fraudeur et validés par une cour constitutionnelle inféodée !Non. Ces résultats sont le fruit de bourrages d’urnesmassifs, de mise en circulation sous le manteau de cartes d’électeurs, de trafic de procurations et de votes doubles à grande échelle, du refus d’accepter nos assesseurs dans plus du tiers des bureaux de vote et d’une compilation qui a échappé à tout contrôle sur la base d’un fichier électoral avarié.
Voilà les faits et la vérité. Toute autre explication n’est que mensonge et trahison.Ils ont osé, avec toute l’arrogance qui les caractérise, publier et valider des participations de 100 % et des scores de 100 % en faveur d’Ibrahim Boubacar Keita dans une multitude de bureaux de vote. Ils ont signé leur crime contre la démocratie malienne.Nous, le camp du changement, unis et solidaires, rassemblés et déterminés, nous ne lâcherons rien, nous ne céderons pas. Nous finirons par gagner et triompher car nous sommes majoritaires dans le pays. Le régime qui ose vouloir nous diriger et nous représenter n’a plus aucune légitimité à compter dece jour. Oui à compter de ce jour, je le dis haut et fort, Ibrahim Boubacar Keita n’est plus notre Président. Il n’est plus que le chef d’un clan qui s’accroche au pouvoir par la corruption, la fraude et la violence. Cette investiture qui nous est imposée aujourd’hui n’est qu’une imposture !Notre cour suprême après la dernière requête de nos avocats démontrant la forfaiture de la Cour Constitutionnelle a raté l’occasion de rentrer dans l’histoire démocratique du Mali par la grande porte. Hélas !!!!La vérité des chiffres et des urnes finira par s’imposer.Les mensonges du gouvernement et le déni de justice de la Cour Constitutionnelle finiront par éclater au grand jour et ils seront couverts de hontedevant notre peuple, devant l’Afrique et le monde !La justice et la liberté finiront par triompher.Après avoir acheté les consciences et volé l’électionprésidentielle,ce régime censure des médias privés, lance sa police politique sur nos militants et intimide nos partisans. Paul Ismaël Boro et Moussa Kimbiri sont dans leurs geôles.
Les bureaux de l’URD ont été violés ce matin.Birama Diarra, conseiller communal de Sangarébougou y a été interpellé.Il est depuis détenu au commissariat du 4 ème arrondissement.Ce sont des détenus politiques.C’est un grave recul démocratique : des prisonniers politiques au Mali ! C’est inacceptable. Des Maliens sont morts pour les libertés démocratiques il y a moins de trente ans. C’est à nous de ramener à la liberté Paul, Moussa et Bourama !Notre Mali, notre Mali à nous, votre Mali, ce n’est pas le Mali d’une famille, ce n’est pas le Mali d’un clan !Notre Mali, ce n’est pas le Mali de la corruption, des surfacturations, ce n’est pas le Mali de la fraude, dubourrage des urnes, des élections truquées ! Notre Mali, ce n’est pas le Mali des violations permanentes de la constitution et de la loi !Nous, nous ne ramenons pas le Mali à nous, à notre personne !Notre Mali, n’est pas un Mali qui se couche et qui est la risée de l’Afrique et du monde !Notre Mali, votre Mali, notre idée du Mali, c’est une vieille Nation digne et respectée, qui appartient à tous ses enfants qui sont égaux en droits et en devoirs et qui ont l’ambition, dans la droiture, de construire un pays en paix, un pays stable dans le respect de sa diversité.Pour atteindre ces objectifs, il nous faut une gouvernance fondée sur la légitimité des urnes.
Le Mali est à la croisée des chemins.Devons nous rester le seul pays d’Afrique ou les élections sont organisées par le gouvernement en place ?Devons nous garder une cour constitutionnelle aux ordres du pouvoir ?Devons nous subir encore plus longtemps un service public de l’information partisan et caporalisé comme l’ORTM ?Assurément et vous l’avez dit NON NON et NON PLUS JAMAIS ça !!J’en appelle donc à un large mouvement national de résistance pacifique et démocratique pour défendre le droit, la démocratie et le vote du peuple malien.
Notre lutte collective pour défendre la vérité des urnes et le respect de la souveraineté de notre peuple ne fait que commencer. Je serai toujours à vos côtés. Nous serons toujours ensemble.
Adama Traoré pour carrédirect.info à Bamako