Pendant que les négociations battent de leur plein à Alger en vue de parvenir à un accord de paix globale entre le gouvernement malien et les groupes armés, sur le terrain dans le nord du pays on constate malheureusement une recrudescence de l’insécurité. En effet, depuis un certain temps il ne passe pas de semaine sans qu’on ait des nouvelles sur des attaques perpétrées ça et là contre des communautés, des groupes d’individus ou même contre la Mission Multidimenssionnelle Intégrée des Nation Unies pour la Stabilité au Mali (Minusma).
Mais à propos des différentes « attaques », notamment contre la Minusma, il ya cependant lieu de préciser qu’il s’agit plutôt de véhicules qui sautent sur des mines ou des bombes artisanales qui sont placées sous les pistes. C’était le cas la semaine dernière, où des véhicules ont sauté sur des engins explosifs sur l’axe Kidal-Aguelhok faisant quatre morts et dix blessés graves parmi les soldats tchadiens de la Minusma et sur l’axe Tessalit-Aguelhok causant aussi un mort et quatre blessés dont deux gravement atteints, tous des civils. C’était respectivement le mardi 02 septembre 2014 et le samedi 06 septembre 2014.
Il faut dire que depuis le début du mois d’août, seule la Minusma patrouille dans ce secteur et les responsables militaires de cette force le savent. C’est à juste titre que le commandant de ces troupes Onusienne faisait remarquer que ces derniers temps, seule la Minusma est restée au nord du Mali. Avant, il y avait les forces maliennes qui, aujourd’hui ne sont plus dans la région. Ensuite la force française a considérablement diminué ses effectifs. C’est donc la Minusma qui est restée seule, ou presque, au nord du Mali et c’est ce qui fait qu’elle devienne une cible privilégiée pour les terroristes.
Signalons que la Minusma, en fait, est en train de prendre la place de l’armée française en augmentant ses effectifs dans la région, parce que l’opération militaire « Serval » s’est terminée et a cédé la place à l’opération « Barkhane ». Le camp de base de “serval” était à Bamako alors que le camp de base de « Barkhane » est à N’Djamena au Tchad. Les troupes françaises se sont réduites ainsi que leurs missions dans le nord du Mali.
Au moment où l’opération « Serval » battait de son plein en 2013, des convois pour le ravitaillement des troupes en matériels et en nourritures faisaient des va-et-vient quotidiens dans la région et cela avait l’avantage d’être une sorte de sécurisation des lieux. Il faut dire que cette méthode des allers-retours des convois militaires de l’opérations Serval permettait de voir ce qui se passait dans la zone. En effet, les convois qui font ces trajets tous les jours sont enclins à se rendre compte plus facilement de ce qui a changé du jour au lendemain et qui parait suspect.
Concernant l’armée malienne, depuis sa « défaite » à Kidal lors de la visite du Premier ministre Moussa Mara sur les lieux, elle est absente dans la région de Kidal et n’a quasiment pas de moyens pour se déplacer dans la zone. L’absence d’autorité de l’administration malienne dans la partie septentrionale du pays entraine, malheureusement, un manque d’informations concernant touts les populations civiles. C’est ainsi que la semaine passé, un camion de marchandises a sauté sur une mine, lorsqu’il montait vers Kidal, faisant un mort et quatre blessés.
Le samedi 06 septembre 2014, on a appris par ailleurs qu’un véhicule civile, une 4×4, a sauté aussi sur une mine à 40 km d’Aguel hoc et trois personnes ont été tuées. Si à travers ces actes terroristes, ce sont la Minusma et l’armée français qui sont visées par les djihadistes, il n’en demeure pas moins malheureusement que les populations civiles sont aussi victimes.
Aujourd’hui dans le septentrion malien, même si les villes de Gao et Tombouctou sont sécurisées, il est très risqué pour les populations d’aller en brousse. Les habitants de ces deux villes laissent entendre qu’ils ne peuvent même pas se rendre dans les foires des agglomérations qui sont situées à 30 ou 40 km, de peur de se faire attaquer par des coupeurs de routes et autres bandits de grands chemins. Les djihadistes sont toujours présents dans la zone et on ne sait pas exactement qui ils sont et comment ils se déplacent.
Concrètement le nord du Mali est aujourd’hui une zone de non droit. Pour continuer leur implantation dans le secteur et s’adonner à leurs trafics de tout genre, les mouvements djihadistes que sont Al-Qaïda au Maghreb Islamique (Aqmi) et Ançar-Dine se disent toujours en guerre contre l’armée française et contre tous ceux qui refusent leurs idéaux.
Évidemment, tous ces groupes agissent en sorte de provoquer la peur chez les populations, afin que celles-ci limitent leurs déplacements. L’État malien est bien impuissant devant cette situation, même si le président IBK n’a de cesse répété qu’il ferait tout pour lutter contre le terrorisme.
Pour le moment on peut dire qu’il a échoué sur ce plan. Ce qui est vraiment intriquant, c’est que les attaques terroristes, les mines placées sous les pistes, les tirs de roquettes contre les camps de la Minusma, ne sont jamais revendiqués comme le font souvent les groupes djihadistes. Personne ne sait vraiment qui est dernière ces actes terroristes. Une telle attitudes des terroristes ne fait qu’accentuer l’angoisse des populations car, a raison le dicton qui dit « le silence médiatique, d’une certaine façon, augmente le facteur peur ».