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Situation alimentaire et nutritionnelle au Sahel et en Afrique de l’ouest : LE CONSTAT DES PARTENAIRES

Au total, 4.749.000 personnes sont identifiées en situation de crise et d’urgence dans tous les pays de la zone entre mars et mai 2015

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Le Comité permanent inter-Etats de lutte contre la sécheresse dans le Sahel (CILSS), en collaboration avec la FAO, le PAM et l’ONG Fews Net (Système d’alerte précoce sur la famine) a évalué le mois dernier à Nouakchott la situation alimentaire et nutritionnelle au Sahel et en Afrique de l’Ouest. Il ressort de cette concertation régionale que la production céréalière 2014-2015 pour le Sahel et l’Afrique de l’ouest se chiffre à 61.612.300 tonnes. Elle est supérieure de 7% à celle de l’année dernière et en hausse de 10% par rapport à la moyenne des cinq dernières années. Le maïs occupe la première place avec une production estimée à 20.385.000 tonnes, suivi du riz (17.325.000 tonnes), du sorgho (13.664.000 tonnes) et du mil (9.183.000 tonnes). A l’exception du mil qui accuse une baisse de 12%, les principales spéculations enregistrent une augmentation comparativement à la moyenne des cinq dernières années (3% pour le sorgho, 15% pour le maïs et 25% pour le riz).
Au Sahel, la production céréalière est d’environ 21.026.700 tonnes. Cette production est en hausse de 7,3% et 7,4% par rapport respectivement à l’année dernière et à la moyenne des cinq dernières années. Dans les pays du golfe de Guinée, la production céréalière est estimée à 40.585.600, soit une hausse de 6,8% par rapport à l’année dernière et de 12% par rapport à la moyenne des cinq dernières années. Les autres productions à savoir les tubercules, l’arachide et le niébé sont également en hausse dans la région respectivement de 18,15 et 4% comparativement à la moyenne des cinq dernières années.
Sur le plan pastoral, la disponibilité des pâturages et des points d’eau est moyenne. Cependant, la situation alimentaire du cheptel est actuellement difficile en raison de la faible disponibilité en pâturage et en eau dans la zone sahélienne du Tchad, dans le Sud-Est de la Mauritanie et dans le centre et le nord du Sénégal et par endroits au Niger et au Mali. La transhumance est perturbée autour du lac Tchad et au nord du Mali du fait de l’effet combiné du déficit fourrager et de l’insécurité civile. Des conflits entre agriculteurs et éleveurs sont perceptibles dans certaines zones d’accueil du Nord du Togo et du Bénin.

SEUIL D’ALERTE DE 10%. Le fonctionnement des marchés est satisfaisant avec un bon niveau d’approvisionnement en céréales. Les prix des principales denrées alimentaires sont stables dans l’ensemble avec une tendance à la baisse par rapport à l’année dernière et la moyenne des cinq dernières années. Les baisses les plus importantes sont observées dans le bassin commercial Est. Cependant des hausses de prix de plus de 30% par rapport à la moyenne quinquennale sont enregistrées dans le bassin du Lac Tchad et sur certains marchés en Mauritanie.
Dans les pays affectés par la maladie à virus Ebola, les prix des céréales sont également stables excepté en Sierra Léone, où des hausses de prix sont toujours observées suite aux perturbations de la production et de la commercialisation. Au niveau des produits de rente, les prix sont stables pour l’arachide au Sénégal et en baisse pour le niébé au Niger et au Burkina Faso. Les prix du bétail sont globalement en hausse par rapport à l’année dernière et à la moyenne quinquennale. Toutefois, des baisses de prix sont enregistrées au Cap Vert, en Mauritanie, dans le Sahel tchadien et dans la zone du Lac Tchad à cause des conditions pastorales difficiles et de la demande suite à l’insécurité qui sévit au Nord-Est du Nigeria et en Libye. Dans les zones de conflits et dans les zones pastorales, les prix resteront élevés pour atteindre des pics pendant la période de soudure (juin-août).
En raison d’un manque de données à jour disponibles, la situation nutritionnelle n’a pas pu être évaluée dans l’ensemble de la région. Toutefois, en période de soudure en se basant sur l’historique, les prévalences pourraient dépasser le seuil d’alerte de 10% dans beaucoup de pays notamment du Sahel et même aller au-dessus du seuil d’urgence de 15% dans certaines zones. L’analyse du cadre harmonisé fait ressortir une insécurité alimentaire minimale dans plusieurs zones de la région. Toutefois, entre mars et mai 2015, des zones du Cap-Vert, de Guinée Biseau, de Mauritanie, du Mali, du Niger, de Sierra Léone et du Tchad sont signalées en crise. Cette situation de crise toucherait des zones au Burkina Faso, au Cap Vert, au Mali, en Mauritanie, au Niger, au Sénégal, en Sierra Léone et au Libéria pendant la soudure (juin-août 2015).
Au total, 4.749.000 personnes sont identifiées en situation de crise et d’urgence dans tous les pays entre mars et mai 2015. Pendant la soudure, ce nombre passerait à 7.364.000 personnes. La tension sécuritaire dans le bassin du lac Tchad, du Nord du Mali à l’origine de mouvements de populations réfugiées, déplacées internes ou retournées dans leurs pays, la faible production fourragère dans la bande sahélienne, la hausse des prix et la dégradation du pouvoir d’achat des ménages pauvres et très pauvres expliquent la dégradation probable de la situation alimentaire et nutritionnelle au cours de la période de soudure allant de juin à août 2015. Ces populations auront besoin d’une assistance alimentaire adaptée et immédiate ainsi qu’un appui en nutrition-santé et d’une protection des moyens d’existence. A cela, s’ajoutent les populations réfugiées maliennes, nigérianes, centrafricaines, soudanaises ainsi que les déplacés internes au Mali, au Niger et au Nigeria.
Par ailleurs, 23.052.000 personnes sont actuellement identifiées en phase 2 autrement dit sous pression de l’insécurité alimentaire et nutritionnelle. Ces populations seront en mesure de couvrir leurs besoins alimentaires, mais auront de grandes difficultés pour préserver leurs moyens de production ou assurer d’autres dépenses essentielles comme la santé. Leur nombre atteindrait 26.615.000 personnes en période soudure (juin-août 2015). Cette forme d’insécurité alimentaire sous pression est liée aux effets combinés de plusieurs facteurs dont notamment, les mauvaises récoltes localisées, l’insécurité civile, le faible pouvoir d’achat des ménages. Ces populations peuvent basculer à tout moment en situation de crise alimentaire et nutritionnelle. Le renforcement de leur capacité est essentiel pour protéger leurs moyens d’existence.

SUIVI ET EVALUATION EBOLA. Compte tenu de toute cette situation, il est important pour les pays et leurs partenaires de répondre immédiatement aux besoins des populations en situation de crise et d’urgence notamment dans les domaines de l’assistance alimentaire, la surveillance et du traitement de la malnutrition aigue et de renforcement des moyens d’existence à travers la mobilisation de financements et la mise en œuvre de plans nationaux de réponses, a estimé la rencontre de Nouakchott.
Les participants ont recommandé la protection et le renfoncement des moyens d’existence en soutenant les activités productives en amont du démarrage de la campagne agro-pastorale 2015-2016, la facilitation de l’accès aux aliments du bétail et aux services vétérinaires de base dans les zones d’insécurité civile ou de faible production de pâturages, notamment dans le bassin du lac Tchad, au Cap Vert, à l’Est du Niger, au Nord du Mali, en Mauritanie, au Sénégal, dans le Sahel burkinabé et au Nord-Est du Nigéria. Ils ont également préconisé le renforcement de la surveillance, des systèmes d’information nationaux de la sécurité alimentaire et nutritionnelle, la prévention, la prise en charge de la malnutrition aiguë et l’accès aux soins de santé en particulier dans toutes zones, où la malnutrition aiguë globale dépasse le seuil d’alerte de 10%. Nouakchott suggère de donner une réponse aux besoins spécifiques des réfugiés, des déplacés et des communautés d’accueil notamment à l’Est de la Mauritanie, au Nord du Mali, à l’Est et l’Ouest du Niger, dans le Nord-Est, le Sud du Tchad et dans le Sahel burkinabé, l’élaboration, la mise en œuvre des programmes structurels de réhabilitation et de (re)constitution de la résilience en faveur des pays les plus affectés par Ebola.
Nouakchott a, par ailleurs, proposé des dispositifs régionaux d’information comme la mise en place d’un mécanisme de suivi des recommandations issues du cadre harmonisé et du PREGEC, le suivi et l’évaluation de l’impact de la maladie à virus Ebola dans les pays affectés. Il s’agit aussi d’encourager et d’accompagner les pays dans la mise en place des cellules nationales d’analyse, de renforcer les capacités des pays dans la collecte et le traitement des données de base et dans la maîtrise des outils d’analyse (bilan alimentaire et cadre harmonisé).

Source INSAH/CILSS

Agriculture : INTRODUITE EN EUROPE DEPUIS LE MOYEN-ORIENT ?

Une étude comparée des parures portées par les populations de chasseurs-cueilleurs et celles des premiers agriculteurs apporte un nouvel éclairage à cette question qui agite la communauté des archéologues depuis des décennies. Il y a environ 8.500 ans, des populations en provenance du Moyen-Orient sont arrivées en Grèce et dans le sud de la Bulgarie. Dans leurs bagages, quelques graines de blé, d’orge et d’autres végétaux comestibles. Marchaient avec elles quelques étranges animaux qui, au lieu de fuir les hommes, les suivaient docilement. Sans le savoir, ces gens à la recherche d’un endroit où s’installer allaient déclencher l’un des plus fascinants bouleversements qu’ait connu l’Europe : l’implantation de l’agriculture et de l’élevage.
Une transition, appelée néolithisation, s’est alors opérée : on est passé du Mésolithique au Néolithique, d’une Europe peuplée de communautés vivant de la chasse, de la pêche et de la cueillette à une Europe agricole. Une profonde transformation culturelle, bouleversant tout le système de croyances antérieur, est associée à cette évolution.
C’est à travers cette transformation culturelle qu’une équipe internationale a voulu aborder la néolithisation de l’Europe. Menée par des chercheurs CNRS du Center for International Research in the Humanities and Social Sciences (Cirhus)1 et du laboratoire De la Préhistoire à l’Actuel : culture, environnement, anthropologie (Pacea)2, cette équipe a réalisé une étude unique sur les parures : colliers, pendentifs et autres ornements. Pourquoi ces objets ? « Dans toute société, les parures servent à transmettre des messages sur l’affiliation culturelle et sociale de celui qui les porte. Ces messages ne sont compréhensibles que par des individus partageant les mêmes valeurs », explique Solange Rigaud, chercheuse au Cirhus. Ainsi, les objets de parure montrent la transition culturelle liée à la néolithisation. Les chasseurs-cueilleurs mésolithiques avaient coutume de s’orner de dents de cerfs, sangliers et autres mammifères, de coquillages ou de petits galets perforés. Puis, les fermiers s’imposent peu à peu. Eux préfèrent les parures composées de perles tubulaires, aplaties ou sphériques qu’ils taillent et polissent à partir de minéraux, d’os et de coquillages.
Dans cette recherche, publiée dans Plos One le 8 avril 2015, les chercheurs ont recensé 224 types d’objets de parure provenant de 437 sites archéologiques appartenant à 48 cultures mésolithiques et néolithiques différentes et localisées dans toute l’Europe. L’analyse de ces ornements datés d’il y a entre 8 000 et 5 000 ans et de leur distribution géographique permet de visualiser l’avancée de l’agriculture, mais aussi ses points d’achoppement. En effet, la conquête de l’Europe par les agriculteurs n’a pas été un phénomène homogène et linéaire. Les parures montrent notamment que l’accueil fait à ce nouveau mode de vie varie entre le Nord et le Sud. Sur le pourtour méditerranéen et en Europe centrale, la néolithisation s’impose relativement vite. En revanche, dans le Nord de l’Europe les populations ne changent guère leur mode de vie, comme le montre leur refus à toute introduction d’objets de parure nouveaux. Durant plusieurs siècles, les peuples du pourtour de la mer Baltique ont résisté à la néolithisation.
Dans les années 1970, de nombreux préhistoriens imaginaient l’implantation de l’agriculture comme un inexorable front d’avancée qui s’étend sur l’Europe. Ils avaient même calculé sa vitesse de propagation : 1 kilomètre par an, soit 25 kilomètres par génération. D’après leur modèle, les populations indigènes disparaissaient pour être remplacées par de populations originaires du Proche-Orient.
Désormais, cette idée est très contestée. Les chercheurs imaginent plutôt une implantation saccadée, avec des avancées soudaines, des périodes d’arrêt et même des reculs. De plus, les données génétiques montrent que les anciens habitants, loin de disparaître, se sont intégrés peu à peu aux nouvelles sociétés ou ont adopté de leur propre fait les innovations néolithiques.
L’analyse des parures appuie fortement ce nouveau scénario. D’une part, elle montre que la propagation de l’agriculture s’est faite à des rythmes très différents, notamment entre le Nord et le Sud de l’Europe. D’autre part, elle montre que des contacts étroits entre ces cultures ont eu lieu. Dans de nombreux sites néolithiques, on retrouve en effet des parures caractéristiques des fermiers et des chasseurs-cueilleurs dans les mêmes couches archéologiques, preuve que ces populations ont entretenu des relations complexes.
Plusieurs raisons expliquent la lenteur de la néolithisation de l’Europe. « Les nouvelles populations n’arrivent pas dans un territoire vide : elles doivent faire face à la population locale. De plus, elles ne maîtrisent pas encore très bien l’agriculture. Elles doivent comprendre les saisons à ces latitudes et trouver les variétés agricoles adaptées. D’ailleurs, au Néolithique ancien, on devine des échecs marqués par de grandes oscillations démographiques », explique Solange Rigaud. En revanche, les populations de chasseurs-cueilleurs savaient pleinement tirer profit de leur environnement. L’adoption du mode de vie néolithique, qui finalement s’est imposé, était vraisemblablement gouvernée par des nouveaux systèmes de croyances. Les changements dans les objets de parure reflètent ces changements dans la sphère symbolique.
De nombreuses questions restent ouvertes. Ainsi, on ne sait pas si les langues indo-européennes sont arrivées à cette époque, si elles étaient déjà là depuis le repeuplement de l’Europe résultant de la déglaciation, ou encore si elles se sont diffusées plus tard, à l’âge de bronze.

Source Journal CNRS

source : L Essor

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