Au Sénégal, le contexte du report des élections est marqué par un fort soutien populaire à la démocratie et un mécontentement croissant quant à son fonctionnement. La décision du Président Macky Sall de reporter l’élection présidentielle au Sénégal s’inscrit dans le contexte d’un solide soutien populaire à la démocratie, mais d’un mécontentement croissant quant au fonctionnement de celle-ci dans le pays, montrent les enquêtes d’Afrobarometer.
Le Président Sall a annoncé, samedi passé, le report sine die des élections du 25 février. Les résultats de l’enquête Afrobarometer montrent que la plupart des Sénégalais soutiennent les élections comme étant le meilleur moyen de choisir leurs dirigeants. Ils sont également favorables à une limitation des mandats présidentiels à deux, une limitation que le Président Sall a promis de respecter. Parmi les 39 pays sondés en 2021/2023, le Sénégal enregistre la troisième plus grande proportion de citoyens préférant la démocratie à tout autre système politique.
Mais moins de la moitié des Sénégalais se disent satisfaits du fonctionnement de la démocratie dans le pays, un déclin important par rapport à 2014, et une majorité des citoyens pensent que le pays est moins démocratique qu’il y a cinq ans.
Selon les résultats de l’enquête Afro baromètre, plus de huit Sénégalais sur 10 déclarent préférer la démocratie à tout autre système politique (84%) et soutiennent les élections libres et transparentes comme le meilleur moyen de choisir leurs dirigeants (82%). Une majorité similaire (79%) de répondants souhaitent que les mandats présidentiels soient limités à un maximum de deux mandats.
A travers les 39 pays africains sondés en 2021/2023, le Sénégal enregistre le troisième plus fort soutien à la démocratie (84%), bien au-dessus de la moyenne continentale de 66%.
Cependant, la proportion de Sénégalais qui se déclarent « assez satisfaits » ou « très satisfaits » du fonctionnement de la démocratie dans le pays a fortement diminué, passant de 64% en 2014 à 48% en 2022.
Plus de la moitié (53%) des citoyens déclarent que le pays est moins démocratique aujourd’hui qu’il ne l’était, il y a cinq ans. Les trois quarts (76%) des Sénégalais affirment que leur président doit toujours obéir aux lois et aux décisions de justice, même s’il pense qu’elles sont erronées. Mais une majorité (57%) d’entre eux déclarent qu’en fait le président ignore « souvent » ou « toujours » les lois et les décisions de justice, soit plus de quatre fois la proportion de personnes qui pensaient ainsi en 2013.
PAR MODIBO KONÉ