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Sénégal: Editorial: Macky SALL, le syndrome de la peur de l’après-pouvoir

La boulimie dépressive

Une énième bravade en violation des principes rigoristes sacro-saints de la Constitution du Président Macky Sall (62 ans) à la veille du démarrage de la campagne présidentielle du 25 février prochain et deux mois de son départ à la tête du pays.

Le timing choisi en ce jour de samedi 02 février 2024 pour s’adresser à la nation par le Premier magistrat du pays revêtait une charge symbolique et historique. Alors que le peuple retenait son souffle, croisait les doigts, implorant le DIEU du ciel, dans l’espoir de se voir délivrer du lourd suspens, le Président Macky SALL n’a trouvé mieux que de fracasser la République. Dans ce qu’elle a de plus noble et gigantesque. Censé se tenir le 25 février 2024, le scrutin présidentiel a été reporté sur le seul bon vouloir du Chef de l’État jusqu’au 15 décembre 2025, en parfaite intelligence avec des hauts dignitaires comploteurs et vassalisés, à visages découverts, sans scrupules, pour juste des desseins purement politiques. Un coup de massue au parfum de deal planifié, organisé, vient d’être asséné à la grandeur de la démocratie sénégalaise, citée en exemple en Afrique et au delà. À sa rescousse, des prébendiers, rentiers, braconniers et brocanteurs, validant le rejet du respect strict du calendrier électoral. Cette posture à forte dose affligeante, révulsante, balafrant et rabaissant du coup la belle et pétillante vitrine démocratique et de son modèle de gouvernance, mais surtout déconnectée du desiderata du peuple, assoiffé de changements et de retrouver l’espoir de survie enfin, a amertumé plus d’un. Après s’être essayé à tout, pour se maintenir au pouvoir, contre vents et marées, avant de reculer juillet 2023, face à la pression populaire, Macky SALL a osé franchir le Rubicon. Le dernier verrou de la colonne vertébrale judiciaire de la République a sauté. Il a fait du «TAZARCHÉ » qui signifie en langue haussa «prolongation, continuation », pour titiller les férus tocards partisans de l’ancien Président nigérien, Feu Mamadou Tandja, lequel voulût forcer un troisième mandat en 2009, puis renversé par un putsch militaire dirigé par le général Salou Djibo. Urbi orbi, Macky SALL, qui n’a pas tiré les enseignements justes et pertinents des évènements sanglants de mars 2021 et juin 2023 avec son lot de morts, essentiellement des jeunes désespérés, tombés sous les balles des forces de sécurité et de défense, sans aucune enquête toujours, a encore raté son rendez-vous, à la fois décisif et historique avec son peuple. Quel gâchis ! Qu’a- t-il fait des notes des officines de renseignements et de son cabinet-shadow, payés gracieusement par la poche du contribuable ? Au lieu d’emprunter la voie du sursaut patriotique, il a préféré plonger le pays vers l’inconnu. Du bazar hallucinant.. Sa ruse prégnante doublée de fin manipulateur aux allures d’un vapoteur, qui est devenue au fil du temps éprouvant pour la «normalité» d’une République, comparée aussi au génie politique flamboyant que certains lui prêtent ne lui ont pas servi au bout du compte à grand-chose. Au regard d’un bilan calamiteux, en termes de gouvernance publique, des libertés politiques, d’opinion, de presse y compris le sempiternel rouleau compresseur répressif à haute amplitude qui s’abat sur une vaillante jeunesse déprimée, nonobstant- reconnaissons le- la batterie d’infrastructures sorties de terre sous son magistère, Macky SALL vit en son for intérieur le syndrome de la peur, de l’anxiété voire de la solitude de l’après- pouvoir. À la limite, ce désespoir de tout perdre, le pousse vers une déchéance comportementale extrême. Ce qui pourrait expliquer sa posture très souvent inélégante au vu des actes qu’il pose. Il urge de l’extirper de cet ‘’engrenage’’ avant que l’irréparable ne se produise. Le livre de Vàclav Havel devrait être, sans doute, pour lui, une bonne dose thérapeutique. Face à cette décadence qui fait du Sénégal la risée du monde, une presse debout et des figures issues des mouvements citoyens, résistent bon an mal an et jouent leur partition, avec courage et détermination, pour préserver ce qui reste des dernières béquilles de la vie démocratique qu’une nation se doit garder. Hélas, le peu d’empathie en sa faveur, s’est engouffrée dans la cheminée. La guerre d’usure interne implacable qui oppose le Président à son Premier ministre, Amadou BA, candidat de la majorité, plonge le pays vers l’impasse. Les experts communicants du palais, qui ont toujours manqué de mordant et d’argumentaires convaincants,  exténués par l’âpreté de la bataille d’opinion, qu’ils n’ont jamais gagnée, ne se sont pas relevés de la débâcle. Le baraquin n’à pas lâché du lest. L’attitude désinvolte et impertinente du ministre de la Communication, réputé récidiviste anarchiste, sans étoile, brûle du Walfadjiri, emblématique groupe de médias, fondé par un des précurseurs de la presse privée et indépendante au Sénégal, Feu El Hadj Sidi Lamine NIASS. La mobilisation de la corporation en guise de solidarité au groupe Walfadjiri devant ses locaux, a été dispersée ce vendredi après-midi à coups de gaz de lacrymogènes. Le décor est impitoyable. Des journalistes gazés, malmenés et tabassés. S’en est suivie à Dakar, la capitale et dans plusieurs villes du pays, une guérilla urbaine éprouvée, imposée par des centaines de manifestants aux forces de sécurité. L’enfant de Ourossogui ( ville située au nord du Sénégal) bat ainsi le record des piètres prestations de l’État. Pour combien de temps ? La machine répressive du général Moussa FALL, dernier et ultime soutien solitaire de Macky SALL, qui broie tout azimuts, est entrée décidément au Panthéon des ‘’ blindés de la mort’’. Comme qui dirait, entre Macky et le général Moussa FALL, c’est la sidération extrême de l’allégeance inoxydable Version Henri IV et Maréchal Sully.

Ousmane SONKO, la Vérité du temps

Placé en détention depuis le 31 juillet 2023, le jeune leader de l’opposition, le plus populaire du pays, Ousmane SONKO (49 ans) tient bien le gouvernail de la résistance, depuis sa cellule. Privé d’activités politiques et de mouvements, Il reste l’incontournable capitaine de vaisseau de la ligne de front pour ‘’déboulonner ‘’ le régime Macky SALL. La tonalité caustique des discours d’Ousmane SONKO, envers le pouvoir, avait beaucoup agacé et disjoncté les thuriféraires du palais. Le temps lui a donné raison. Sa posture et sa stratégie, dans le feu de l’action, diversement appréciées, blindent davantage sa carapace. Il voyait venir les choses. Il s’est imposé comme l’Alpha et l’Oméga du pouls de la vie politique sénégalaise. Tant pis ! Le souffre- douleur, nous y sommes à plein pot.

La communauté internationale rame à contre- courant

Au plan international, le Sénégal sous Macky SALL est devenu si tout «petit», au point que les mauvais élèves et apprentis sorciers de la démocratie dans certains coins de la planète, rient sous cape. Le report de la présidentielle du 25 février prochain l’a également éloigné des palais des grandes puissances occidentales et des chancelleries influentes. Washington, Bruxelles, Berlin et plus ou moins Paris maintenant, montent en première ligne pour le rappeler à l’ordre. Abuja, siège de la CEDEAO semble bien aussi siffler la fin de la recréation.

Les entendra-t-il ? Pour le moins que l’on puisse dire, le fil entre Macky SALL et ses pairs voisins immédiats est désormais coupé. Leur silence sur la décision du report de la présidentielle de février est pesant. Isolé dans la sous-région, le seul soutien fébrile qui le lui reste est Umaru Sissoko Emballo, lequel l’a félicité, sans extravagance. Le Président Macky SALL doit se rappeler toujours d’un principe fondamental cher : ‘’ la République est un bien commun et son peuple est souverain’’. A défaut, il file droit vers un destin tragique, qu’il pourrait bien éviter. Au nom de l’honneur, de la justice et de l’humanisme.

 

Par Ismael AÏDARA, Bacary DOMINGO MANÉ, AYOBA FAYE

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