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Ségou : RELANCE ECONOMIQUE CHERCHE RESSORT

Les effets de la crise multidimensionnelle continuent de handicaper l’économie de la région qui ne manque pourtant pas d’atouts

carte mali gros plan

C’est une lapalissade que de dire que l’économie nationale a lourdement pâti de la crise que le pays a traversée en 2012 et 2013. Au sortir de  cette crise, la relance de l’économie s’imposait donc d’elle-même comme une priorité absolue. Si les perspectives économiques s’annoncent bonnes avec un taux de croissance attendu de 6,6% en 2014, les conséquences de la crise se font toujours sentir sur l’activité économique. La convalescence de l’économie est timide. Les menaces sécuritaires qui persistent dans les Régions du nord ne sont pas de nature à accélérer le rythme de la reprise,  car c’est une chaîne commerciale et économique  qui lie les différentes régions du pays.

Celle de Ségou est un maillon essentiel de cette chaîne. Elle a l’atout d’être un carrefour économique grâce à sa position géographique centrale. En effet, au plan intérieur, la 4è Région administrative fait frontière avec les régions de Mopti, Tombouctou, Sikasso et Koulikoro. Au plan extérieur, elle partage des frontières avec la Mauritanie et Burkina Faso. Traversée par le fleuve Niger, la Région de Ségou regorge de potentialités agricoles, pastorales et piscicoles.

C’est à partir d’elle que les localités du Septentrion s’approvisionnent en produits céréaliers, en fruits et légumes et d’autres produits de première nécessité.  La moindre  rupture de ces échanges  avec  cette partie du pays a donc un impact direct sur l’économie régionale.

L’agression contre notre pays et l’occupation des régions du Nord par des terroristes a de fait plongé l’économie régionale dans la crise. Ségou a même été directement victime de l’agression avec l’attaque puis l’occupation pendant quelques jours de la localité de Diabaly, grande productrice de riz.

Avec la crise sécuritaire, les grandes zones de production et de commercialisation de céréales que sont Niono, Macina, San, Dioro ont été plongées dans un marasme sans précédent.  En effet, les grands marchés céréaliers de ces localités qui étaient des cadres d’échanges commerciaux très dynamiques, ont vu leur fréquentation chuter. Tandis que la fermeture par la Mauritanie de sa frontière a donné un coup d’arrêt aux échanges commerciaux transfrontaliers qui étaient florissants auparavant.

Et pour ne rien arranger, les travaux de construction de l’autoroute Ségou-Bamako ont fortement perturbé le trafic des gros porteurs qui transportaient vers Ségou les marchandises en provenance des ports de Cotonou, Lomé ou Accra via le Burkina Faso.

 

EFFONDREMENT DES RECETTES DOUANIERES. Salia Daou est le président de la Chambre régionale de commerce et d’industrie de Ségou. Acteur averti de la situation économique de la région, son appréciation compte. Elle est sans équivoque. « Cette crise a terrassé l’économie de la région. Il suffit de faire un tour dans la ville de Ségou. C’est la morosité totale. On n’aperçoit pratiquement plus de gros porteurs arpentant les routes. La plupart des camions de transport de céréales sont arrêtés. Beaucoup de commerçants de céréales ont mis la clef sous le paillasson. Les institutions bancaires et de microfinance qui doivent supporter l’économie locale sont dans de grosses difficultés à cause du poids des créances. Les entreprises privées ne se portent pas mieux.  Bref, c’est vraiment la crise. Cela me fait plus de 60 ans  d’activités. Je n’ai n’est jamais vu l’économie régionale aussi morose. Aucune branche d’activité économique n’est épargnée. Les secteurs de production névralgiques, à l’image  de l’industrie, ont enregistré des pertes colossales au point de s’effondrer. Voilà autant de facteurs qui ont profondément affecté les atouts intrinsèques de l’économie de la région »,  soupire le doyen Salia Daou.

Les statistiques de la direction régionale des douanes de Ségou confirment le constat du président de la Chambre régionale de commerce et d’industrie. Selon le directeur régional des douanes, Mohamed Alfousseyni Agadeye, les recettes douanières de la région ont chuté de 9,4 milliards en 2011 à 7,2 milliards en 2012 pour s’effondrer carrément en 2013 avec  5,3 milliards de Fcfa. «  On est très loin du compte. On continue de gérer les conséquences engendrées par la crise. Nous connaissons beaucoup d’opérateurs économiques locaux qui ont fermé boutique. Et à cause de l’état de la route, beaucoup de gros porteurs se sont détournés de la destination Ségou. Le commerce transfrontalier jadis très dynamique sur le flanc mauritanien n’a pas encore repris », analyse le douanier.

Le président du patronat régional, Aliou Kane, également directeur général adjoint de la Comatex, confirme que l’impact de la crise se fait sentir sur tous les secteurs activités. De l’agriculture à l’élevage en passant par la pêche, le commerce, l’industrie, le tourisme et l’hôtellerie. « Le secteur industriel dont j’émane est l’un des piliers de l’économie de Ségou et principal pourvoyeur des emplois avec l’Office du Niger, la Comatex, Sukala, les Moulins modernes du Mali et les huileries. Certaines usines ont commencé à se relever depuis le second trimestre de 2013. Mais d’autres restent encore sur une courbe descendante. Mais de façon globale, la tendance à la relance se confirme. Mais elle est timide», commente l’industriel qui pointe du doigt les coûts de plus en plus élevés des intrants industriels et la méventes des produits finis.

 

LE BTP EN PANNE. « Avant la crise, la Comatex tournait à plein régime. Nous avions des marchés  liés à des événements nationaux comme les 22 Septembre, la Fête du travail, la Journée internationale de la femme.  Le niveau de vente de nos produits était, je peux dire, acceptable. On arrivait tant bien que mal à payer les salaires des 1600 agents qu’emploie la société et à honorer les autres charges de fonctionnement comme les frais d’électricité qui s’élèvent à plus de 60 millions de Fcfa par mois. Aujourd’hui, l’usine se porte du mieux qu’elle peut. Elle doit cela en grande partie à l’accompagnement de l’Etat. Nous commençons a enregistrer quelques commandes liés à des évènements notamment les fêtes religieuses. Des hôtels ont commencé aussi à passer des commandes. Mais les ventes au niveau du marché sont encore marginales.  Nous nous gardons donc de toute euphorie par rapport à la reprise », confie le directeur adjoint de la Comatex.

Comme l’industrie, le secteur du bâtiment et des travaux publics éprouve aussi du mal à redécoller. A la chambre régionale des mines, l’on  se montre pessimiste. Son président, Boubacar Traoré, explique que la principale activité extractive de la région dans ce domaine est l’exploitation du sable et du gravier. Cette activité étroitement liée au BTP peine à repartir. « Les grands travaux liés à l’utilisation de gravier et du sable n’ont pas encore démarré. Beaucoup de particuliers ont dû arrêter les travaux de construction de leur maison. Faites un tour au bord du fleuve. Des centaines de tonnes de sable et de gravier y sont entassées. Il n’y a pas de demande. Presque tous les investissements sont à l’arrêt.  On ne crée plus de richesses », estime notre interlocuteur visiblement désabusé.

Pour compliquer l’équation, la région est confrontée à une crise de trésorerie. Selon les acteurs économiques, les liquidités manquent cruellement pour financer l’activité économique. Ils assurent que les retraits atteignant 30 millions de Fcfa sont fréquemment rejetés par les banques faute de liquidités. « Nous sommes donc obligés de nous rendre à Bamako ou à Sikasso pour nous approvisionner en liquidités. Et cela  avec tous les risques. Aujourd’hui, il est très difficile d’obtenir des crédits au niveau des institutions bancaires de la place »,  confie un grand opérateur local.

La relance de l’activité économique passe par la relance des investissements et le retour des ONG et projets  de développement. On attend donc avec impatience de grandes opérations comme le Projet village du Millénaire, le projet « Harpon », le Projet d’appui au commerçant détaillant.

En attendant, les acteurs économiques relèvent que la relance est aussi tributaire d’autres facteurs comme l’amélioration de la situation sécuritaire, le retour de la confiance chez les investisseurs et l’apaisement du climat social. Ils estiment que le coup de pouce décisif pour relancer la machine économique doit venir de l’Etat. Difficile de soutenir le contraire.

Envoyé spécial

D. DJIRE

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