La concertation de Ségou a permis de recenser les difficultés et d’explorer les pistes de solution propres à améliorer l’accessibilité des populations à l’eau et l’énergie
La salle de conférence de l’hôtel Fanta N’Dongo de Ségou a abrité, vendredi et samedi derniers, les travaux d’un atelier de concertation sur les secteurs de l’Energie et de l’Eau des cadres de ce département (membres du cabinet du ministre, directions centrales, personnel des Projets et Programmes et des Organismes personnalisés). L’événement était placé sous la présidence du secrétaire général du ministère de l’Energie et de l’Eau, Lamissa Diabaté. L’ouverture des travaux a enregistré la présence du conseiller aux affaires économiques et financières du gouverneur de Ségou, Pakuy Kamaté qui a saisi l’occasion pour saluer le choix de la Cité des Balanzans pour accueillir l’événement. L’eau et l’énergie, a-t-il souligné, sont des ressources indispensables au développement d’un pays comme le nôtre qui aspire à l’émergence. Ségou, a annoncé Pakuy Kamaté, espère beaucoup de cet atelier notamment dans le cadre de la prise en compte de ses préoccupations dans l’élaboration de nouveaux projets et programmes destinés à faciliter la disponibilité de ces deux ressources. Aussi a-t-il garanti la mobilisation de Ségou pour la réussite de la session.
La rencontre de Ségou était destinée à confronter les idées dans une dynamique participative des différents services du département afin d’explorer en commun les opportunités de développement des deux secteurs. Elle s’est également attachée à stimuler les échanges d’informations et d’expériences en vue de répondre aux défis qui se posent aux secteurs eau et électricité, notamment la couverture des besoins en énergie électrique et en eau potable des populations.
Et pourtant, l’arsenal juridico-institutionnel consacre le désengagement de l’Etat des activités opérationnelles de l’industrie électrique et de la gestion de l’eau, a fait remarquer Lamissa Diabaté. Les textes législatifs et réglementaires qui consacrent la libéralisation des deux secteurs, nécessitent cependant une clarification des rôles entre les différents acteurs (Etat, collectivités territoriales, opérateurs et organes de régulation) pour permettre à l’Etat, représenté par le ministère de l’Energie et de l’Eau, de s’atteler à son rôle régalien de préparation et de mise en œuvre de la politique nationale de développement et de gestion de l’eau et de l’électricité.
Ainsi, durant deux jours, les 78 participants ont procédé à la revue des projets et programmes, des activités menées et des perspectives. Ils ont discuté des mécanismes ou dispositifs de communication et de partage des informations entre les services, présenté les difficultés rencontrées dans le cadre des missions afin d’identifier des pistes de solutions, formulé des recommandations sur la base desquelles un plan d’action sera élaboré et mise en œuvre. L’objectif est de contribuer à l’amélioration de la visibilité des actions de développement des secteurs de l’électricité et de l’eau dans une approche proactive.
Une série de 16 présentations suivies de débats en plénières ont marqué cette rencontre de concertation. Les communications ont porté sur les missions des structures, les activités réalisées, le personnel, la communication, les difficultés et les solutions proposées, les défis et les perspectives.
Les débats ont fait émerger des questions sur la justification du projet de réseau interconnecté entre le Mali et la Guinée, la prise en compte des projets du PASE et de EDM SA dans le plan directeur d’investissements optimaux et le plan directeur d’électrification rurale, la mise en œuvre de la politique nationale en matière de promotion du gaz butane et de l’éolienne, le point d’exécution du plan de redressement de la société EDM-SA, les stratégies de EDM-SA pour minimiser les pertes énergétiques.
Les participants ont également débattu de la recherche de l’équilibre financier des sociétés d’eau et d’électricité par un ajustement tarifaire, l’adéquation tarifaire entre le milieu rural et urbain, la lenteur dans les procédures de passation des marchés, l’appui conseil du LNE aux collectivités territoriales, l’appropriation et la gestion des ouvrages hydrauliques transférés à ces collectivités territoriales, l’insuffisance des ressources humaines, matérielles et logistiques en adéquation avec les missions assignées, les questions sécuritaires liées à la réalisation des projets et programmes notamment dans les régions du nord du pays.
Au chapitre des recommandations dans le secteur de l’énergie, l’on retient la mise en place de mécanismes de financement innovants des projets et programmes, le renforcement des capacités en ressources humaines, financières et matérielles des structures techniques de la DNE et des organismes personnalisés. Figurent aussi l’application du tarif réel de l’électricité, tant en milieu urbain que rural pour plus d’équité, la nécessité de prendre des dispositions en vue de réduire les pertes techniques et non techniques dans le périmètre de EDM SA, le renforcement du mécanisme de communication et d’information en direction du grand public.
Les participants ont également préconisé la définition d’une stratégie de pérennisation de l’électrification rurale et de l’énergie domestique. Ils ont demandé de rendre opérationnel l’Agence des énergies renouvelables (AER-Mali) en la dotant des outils nécessaires à son fonctionnement ; de clarifier les domaines d’intervention des agences (AMADER, AER-MALI, ANADEB) et de procéder à la relecture des textes du secteur, notamment des textes de l’AMARAP en prenant en compte l’aspect sécurité et la nomination des inspecteurs.
Ils ont demandé de mener la réflexion sur le transfert des compétences et des ressources financières aux collectivités territoriales dans le secteur ; caler le modèle de simulation tarifaire avant de procéder à la réforme du secteur de l’électricité ; réfléchir à la prise en charge des localités électrifiées à travers l’OMVS par EDM SA ; élaborer un plan de développement à moyen et long termes du sous-secteur de l’électricité et veiller à sa mise en œuvre avec rigueur ; assurer une gestion foncière favorable au développement des infrastructures énergétiques ; améliorer ou créer les conditions d’une meilleure coordination des interventions des acteurs de développement dans le secteur
Pour le secteur de l’eau, les participants ont préconisé la mise en place de mécanismes de financement des projets et programmes ; le renforcement des capacités en ressources humaines, financières et matérielles des structures techniques de la DNH et des organismes personnalisés ; l’application du tarif réel de l’eau tant en milieu urbain que rural ; la mise en œuvre des plans de renforcement des capacités ; une stratégie de maintien des partenaires techniques et financiers hors périmètre concédé ; une réflexion sur la pérennisation des ouvrages hydrauliques aux collectivités territoriales ; un chronogramme actualisé du projet AAT et une confirmation de l’engagement des bailleurs ; un plan d’action du contrôle de la qualité de l’eau ; la communication aux structures compétentes des résultats des contrôles de la qualité de l’eau non conformes y compris celle vendue dans les sachets plastiques ; une gestion foncière favorable au développement des infrastructures hydrauliques ; les conditions d’une meilleure coordination des interventions des acteurs de développement dans le secteur
La rencontre a également demandé à la direction financière et administrative du ministère de l’Energie et de l’Eau de suivre la mise en œuvre du plan de passation des marchés. De la même manière, il est demandé à l’Inspection de l’Energie et de l’Eau de suivre la mise en œuvre des recommandations des missions d’inspection et de contrôle et de renforcer les capacités en ressources humaines, financières et matérielles de l’Inspection.
Envoyé spécial
- A. O. DIALLo
Source : Essor