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Secteur de l’industrie : les axes stratégiques de développement

La journée de l’industrialisation de l’Afrique, célébrée le samedi dernier au Conseil national du patronat du Mali (NCPM), sous l’égide l’organisation patronale des industriels (OPI), en partenariat avec la Direction nationale des industries (DNI), l’Onudi, a été l’occasion de diagnostiquer les problèmes qui se posent au secteur de l’industrie et de proposer des solutions.

journée industrialisation Afrique célébrée samedi dernier Conseil national patronat Mali (NCPM)

Tous les 20 novembre, la communauté internationale et plus particulièrement les pays africains célèbrent la journée de l’industrialisation de l’Afrique. Une journée pour inciter les pays à s’engager davantage dans le processus industriel, pour susciter une prise de conscience au niveau mondial et mobiliser l’appui international en faveur du développement industriel de l’Afrique.

La journée de l’industrialisation décrétée par les Nations Unies permet chaque année d’aborder des problèmes liés au développement industriel durable et d’évaluer les stratégies d’atteinte des objectifs visant à faire des Africains des partenaires égaux dans ce nouveau monde.

La journée avait pour thème : « La création d’emplois et le développement de l’entreprenariat : un moyen pour accélérer l’industrialisation ».

La cérémonie d’ouverture était placée sous la présidence du ministre de l’Industrie et des mines, Boubou CISSE qui était accompagné par son homologue délégué auprès du ministre de l’Économie et des Finances, chargé de la Promotion des Investissements et de l’Initiative Privée Moustapha Ben BARKA.

Le maire de la commune IV, a souhaité la bienvenue aux participants et souhaité plein succès pour les travaux.

Le TEC dénoncé

Le président de l’Organisation patronale des industriels, Cyril ACHCAR, a rappelé l’échec de toutes les politiques d’industrialisation de notre pays depuis les années 1980 à la suite des politiques d’ajustement structurel. Ce, alors que le potentiel est bien présent et qu’il ne manque que l’action appropriée. Comme preuve de cet échec, il a fait savoir que le poids de l’industrie dans notre pays n’est que de 4% ; alors que dans les pays de l’Uemoa il s’élève à 10%. Les raisons ? Elles sont toutes simples, selon le patron des industriels : la mauvaise application des textes nationaux et communautaires ; la banalisation de l’industrie ; le manque de courage politique des autorités ; la mauvaise gestion des entreprises industrielles.

Face à cela, il a proposé la vingtaine de solutions qui sont contenues dans le Livre blanc de l’industrie dont la mise en œuvre permettra de conforter le gouvernement par rapport à la création d’emplois. Aussi, s’il a souhaité la mise en œuvre des « 4P », à savoir le Partenariat-Public-Privé-Partenaires techniques et financiers, il n’a pas manqué de faire savoir que le rôle de concepteur de l’industrialisation et de coach revient au Gouvernement.

À l’endroit des membres de l’OPI, Cyril ACHCAR a lancé cette pressante invitation : être compétitif, notamment au moment où reprennent les négociations sur les APE.

Par contre, il a dénoncé, sans réserve, le Tarif extérieur commun (TEC) qui a tendance à mettre sur le même pied d’égalité les pays enclavés et les pays côtiers. M. ACHKAR a plaidé pour la révision du TEC en cours d’application pour permettre aux pays de l’hinterland de s’industrialiser eux aussi.

Problèmes et solutions

L’exposé qui a suivi l’intervention du président de l’OPI a fait état des nombreux problèmes de l’industrie de notre pays. Il ressort qu’il y a les problèmes structurels : l’insuffisance d’infrastructures de base ; le coût élevé de certains facteurs de production ; la vétusté des équipements et matériels de production ; la gouvernance d’entreprise ; le coût de l’énergie ; la faible articulation entre l’industrie, la recherche et les autres secteurs de l’économie ; l’inadéquation formation emploi ; l’enclavement.

Quant aux problèmes conjoncturels, ils portent sur : l’accès difficile au financement ; le taux élevé de l’impôt sur les sociétés ; le coût excessif de l’emploi ; le taux de la TVA sur les produits fabriqués chez nous ; la contrebande ; la concurrence déloyale dans l’Uemoa (non-application du TEC) ; la mauvaise application des textes règlementaires ; le poids de l’informel.

Pour faire de l’industrie, chez nous un secteur créateur de richesses, de croissance économique avec une part importante dans le PIB, les solutions suivantes sont proposées au plan conjoncturel : réduction de la TVA de 5% uniquement pour les produits manufacturés et non importés ; supprimer la taxe sur les activités financières ; procéder à la relecture du décret sur la répartition des produits amendes confiscations, pénalités, frais de poursuite et de primes sur les recettes budgétaires ; redynamiser les structures techniques chargées de la lutte contre la fraude ; impliquer l’OPI dans le processus d’application des parcelles à usage industriel via le conseil d’administration de l’AZI ; appliquer le TEC aux produits frauduleusement originaires de l’Uemoa et de la Cedeao ; changer le pays de perception des droits sur les matières premières des produits industriels originaires de l’Uemoa ; appliquer rigoureusement les valeurs de référence aux produits non originaires de notre pays.

Les solutions structurelles sont relatives à : accélérer la mise en place d’un fonds de garantie et d’un fonds d’investissement national pour les entreprises industrielles ; supprimer l’entrepôt privé à l’entrée des produits finis qui concurrencent l’industrie malienne ; réduire les coûts de cession des parcelles des zones industrielles ; interdire l’attribution de parcelles à usage d’habitation dans les zones industrielles et annuler celles déjà attribuées ; revoir à la baisse les tarifs de l’électricité pour les entreprises industrielles ; abaisser l’impôt sur les sociétés de 30 à 25% ; instituer un comité de conciliation fiscale pour les entreprises industrielles ; améliorer la qualité des ressources humaines par la formation et l’alternance en entreprise ; défiscaliser l’emploi, d’autant qu’un emploi formel revient à deux emplois informels ; orienter l’appui des structures publiques d’aide à l’emploi vers les principaux contributeurs ; mettre en place un Observatoire de l’industrie malienne ; la mise en place d’un syndicat des industriels de l’hinterland (Burkina Faso, Mali, Niger).

Les assurances du ministre

Le ministre CISSE a rappelé le contexte favorable dans lequel se tient cette journée, marqué par la brillante élection d’un Président de la République et la forte mobilisation de la communauté internationale au chevet de notre pays.

Il a donné l’assurance qu’au niveau de son département, il y a une reconnaissance du rôle de l’État dans l’impulsion du développement industriel à partir des initiatives privées.

Outre les nombreux handicaps déjà évoqués, le ministre a déploré que l’industrie tarde à réaliser sa vocation de transformation des produits primaires ainsi que la tendance du tissu industriel à replier sur lui-même. Son contact général a été celui d’une marginalisation de l’industrie. Toute chose qui interpelle l’ensemble des acteurs. Dès lors, a-t-il faut savoir, il urge de repenser la stratégie d’industrialisation ; développer les capacités de production locale ; structurer les chaînes de valeur.

Le département envisage la vulgarisation des résultats des recherches ; la création de zones économiques viabilisées prévoyant la réduction de certains coûts de production ; l’amélioration de la compétitivité des entreprises par la formation, l’introduction d’une politique de qualité…

Dans tous les cas, a fait savoir le ministre CISSE, les axes stratégiques de la vision du département pour le développement de l’industrialisation seront soumis aux acteurs dans les semaines qui suivent.

Après l’ouverture les ministres et les participants ont effectué une visite des stands d’exposition.

Pour le reste de la journée, deux thèmes ont été présentés et débattus, à savoir « le développement de l’entreprenariat et de la sous-traitance, facteur d’accélération de l’industrialisation et de la création d’emplois », par Adama KONATE, Directeur de la Bourse de sous-traitance et de partenariat du Mali (BSTP-Mali) ; « le tarif extérieur commun (TEC) de la Cedeao, enjeux et perspectives pour les entreprises industrielles, par Cheickna-Amala DIALLO, Chef de Division valeur, origine et tarif ».

Par Bertin DAKOUO

Source: Info-Matin.info

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