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Seconde édition du festival Nangnerki à Sikasso : Un brillant retour à la source pour promouvoir le patrimoine culturel sénoufo

Après une première édition tenue avec succès du 13 au 15 novembre 2020 à Bamako, les organisateurs du «Festival Nangnerki» (bois servant à fabriquer les lamelles du balafon en milieu sénoufo) ont déplacé la seconde édition dans la capitale du Kénédougou du 5 au 11 avril 2021. Et même si la programmation a été contrariée par les nouvelles mesures préventives prises par la réunion extraordinaire du Conseil de défense nationale tenue le 9 avril 2021, l’événement a comblé les attentes des Sikassois et des invités.

 

«La vraie nouveauté naît toujours dans le retour aux sources», disait Edgar Morin. Une sagesse qui a visiblement inspiré Kassim Bengaly (Agence de communication Kass-Facom) dans le choix du thème de la 2e édition (5-11 avril 2021) du festival Nangnerki (bois qui sert à fabriquer les lamelles du balafon en milieu sénoufo) : «Le retour à la source» ! Une vraie opportunité de se ressourcer car,  au-delà de la promotion artistique et culturelle de la région de Sikasso, ce festival est conçu comme un espace de rencontres, d’échange et de découverte. Cette seconde édition était aussi une invitation à découvrir le riche patrimoine culturel sénoufo.

«La  région de Sikasso regorge de gisements de trésors artistiques, de témoins matériels et immatériels éloquents de notre passé glorieux. Ce potentiel culturel est sous exploité et reste comme des pépites brutes qui n’attendent que d’être polies pour attirer les visiteurs de par le monde», a déclaré M. Bengaly pour justifier le choix de la capitale du Kénédougou pour abriter cette 2e édition. Ainsi, son ambition était non seulement de permettre à la jeunesse de se ressourcer, mais aussi de donner une opportunité aux groupes artistiques et culturels locaux de côtoyer un autre public, donc de bénéficier d’une nouvelle vitrine de promotion.

Cette initiative est d’autant importante pour la nouvelle génération qu’un adage de chez nous apprend que «celui qui ne sait pas d’où il vient ne peut pas savoir où il va car il ne sait pas où il est». Et les thèmes prévus au niveau du colloque du festival prouvaient à suffisance cette volonté de l’agence de «Kass-Facom» de permettre à la jeunesse sikassoise voire malienne de se ressourcer dans les valeurs culturelles du riche patrimoine sénoufo. Cette édition a sans doute permis aux participants d’en savoir plus sur «le rôle du balafon dans la socialisation de l’enfant senoufo» (André Tiémoko Sanogo), «Les rites funéraires senoufo : de la mort au statut d’ancêtre» (Alain Do Cissé), «la culture senoufo, vecteur de paix et de cohésion sociale pour la consolidation de l’unité nationale» (Madou Diakité), «la valorisation du patrimoine culturel  de la région de Sikasso : enjeux et perspectives» (Abdoulaye Klessigué Sanogo)…

Des têtes d’affiche aux côtés du distingué parrain, Cheick Tidiane Seck

Sur le plan artistique, plus de  40 groupes de danse et de musique ainsi que 20 formations de balafon étaient annoncés au rendez-vous. La programmation faisait aussi la part belle aux artistes locaux excellant dans différents genres musicaux. Parrainée par le «Black Bouddha» (Bouddha Noir) Cheick Tidiane Seck, le concert géant a été rehaussé par la présence de Mamou Sidibé, Néba Solo, Ousmane Dembélé dit Kléla Papa, Kani Sidibé… Sans compter les marionnettes de Yaya Coulibaly.

On retiendra aussi le défilé de mode avec des jeunes stylistes modernes de la ville de Sikasso mettant en avant les créations locales et les techniques de teinture. L’une des grandes attractions de cette seconde édition a sans doute été aussi la «Nuit de l’intégration» qui eut un grand succès tant pour le public curieux que pour les artistes qui ont franchi les frontières du Burkina et de la Côte d’Ivoire pour se retrouver à Sikasso.

Cette soirée a débuté avec les Koredugaw dont le chanteur principal, Robert Sanogo, a interprété quelques chansons magnifiques du regretté Fanianan Siaka. Elle aussi permis au public de découvrir, entre autres, la troupe Ballo de Pourou (Côte d’Ivoire) avec ses danseurs acrobates ; la troupe «Katalango» du Burkina Faso ; la danse du Gon et celle du feu interprétée par la troupe de Zanepedougou. Elle a pris fin avec les notes magiques du balafon de Souleymane Traoré dit «Néba Solo» qui a enivré les mélomanes avec des notes atypiques de son Kénédougou natal.

L’humour s’était également invité au festival avec les «Korèduga» (Bouffons) et aussi talentueux humoriste Cheick Oumar N’Diaye dit «Paracétamol», mais rebaptisé «Fétigui» pour la circonstance. Si le stade municipal de Sikasso était le principal site du festival, des prestations artistiques ont été organisées à la tribune Mamelon, la tribune Sanoubougou et sur le site des célèbres Chutes de Farako. Ce qui a permis non seulement de donner un élan populaire au festival, mais aussi de lui donner plus de visibilité dans une capitale du Kénédougou dont les populations s’en sont vite approprié.

En tout cas, on peut dire que Kassim Bengaly a atteint les objectifs qu’il s’était fixé en choisissant Sikasso pour cette seconde édition. Il s’agit, entre autres, de faire de son initiative une vitrine de la culture senoufo sous l’égide de l’intégration des communautés senoufo du Mali, du Burkina Faso, de la Côte d’Ivoire, du Bénin et du Ghana ; valoriser et  promouvoir  l’identité culturelle senoufo des pays susmentionnés et inscrire  le festival  dans une dynamique de vivre ensemble, de la paix et de la cohésion sociale à travers les mécanismes endogènes de règlements et de prévention des conflits.

Ce fut en tout cas pour les Sikassois et les nombreux invités du festival un éblouissant retour aux sources de la culture sénoufo qui est aussi un pan non négligeable de l’immense et divers patrimoine culturel et artistique du Mali. Le jeune entrepreneur culturel espère maintenant pouvoir réaliser rapidement un projet qui lui tient à cœur : la réalisation d’un complexe culturel qui aura pour vocation d’offrir des formations aux artistes en conception, montage, production et gestion des manifestations, recherches. L’accent sera mis aussi sur l’identification et le recensement du patrimoine culturel matériel et immatériel de la région de Sikasso.

Hamady Tamba

Source : Le Matin

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