Avec le lancement de la campagne et une organisation matérielle très avancée, le processus électoral a visiblement atteint un point de non-retour. Les derniers espoirs d’y parvenir ont depuis quelques temps volé en éclats et pulvérisés suite au rejet, par la Cour constitutionnelle, des réserves retenues par l’opposition contre la loi électorale. Et, malgré à la longue coexistence de deux textes pour la même consultation, le rythme est maintenu à un point tel que rien ne pourra plus arrêter la machine. Le constat est pourtant alarmant depuis le déclenchement de la campagne avec une ambiance électorale qui a du mal à atteindre la ferveur et sa vitesse de croisière habituelles. Les protagonistes, qu’il s’agisse du nord où l’insécurité est la règle où le sud où elle quitte progressivement l’exception, s’interrogent sur la question et s’accordent sur le fait que le faible engouement risque de se traduire par une désaffection inédite des urnes. Les questionnements fusent de toutes parts et chacun y va déjà de ses explications. Pour les uns, le phénomène découle de l’insécurité et de l’impréparation d’un processus tiré par les cheveux, pour d’autres, il pourrait résulter du bouleversement, par la nouvelle loi électorale, de certaines pratiques et traditions électoralistes ayant toujours servi pour la motivation des masses, notamment l’interdiction de gadgets et supports de campagnes. D’autres observateurs vont plus loin en l’imputant à un désamour désormais caractéristique des rapports entre le politique et le reste du peuple, un phénomène exacerbé par la déception des attentes ayant reposé sur le régime actuel.
Quoi qu’il en soit, tous conviennent que la faible mobilisation des masses annonce un taux de participation largement en deçà des efforts consentis pour le rendez-vous du 13 novembre. Ce qui pose tout naturellement la question de l’opportunité d’élections présentées comme la solution à l’immuabilité d’autorités locales par défaut, qui tiennent plus leur légitimité des renouvellements successifs qu’imposent les facteurs défavorables à la consultation des électeurs.
Car, en s’accommodant de communales avec le niveau d’abstention prohibitif qui s’annonce, on aura tout simplement échangé son cheval borgne contre un aveugle parce que la légitimité n’aura pas été un atout comparatif des équipes rentrantes sur les sortantes. N’était-il pas mieux indiqué, en définitive, de profiter des ouvertures offertes par les dispositions modificatives du Code des collectivités pour transformer les conseils existants en autorités intérimaires ?
Hadi Niangadou et Karim Keita, candidats virtuels aux communales
Le sulfureux député élu en commune II, non moins ancien conseiller de la même municipalité et colistier de Karim Keita, joue un rôle prépondérant dans la bataille électorale en cours. L’honorable Hadi Niangadou n’est personnellement pas candidat mais c’est tout comme parce que les affiches frappées de son effigie inondent les artères et recoins des différents quartiers de sa circonscription et ce depuis le lancement de la campagne. Certes on le voit en quelques endroits en compagnie de son colistier aux législatives, Karim Keïta, mais c’est bien l’image du député Codem qui est abondamment utilisée apparemment dans le dessein de tirer profit de sa grande générosité envers la population et notabilités : les lieux de cultes équipés de points d’eau ou gracieusement inondés de millions. Du reste, c’est bien le député Codem qui détient la paternité du recours judiciaire qui allait mettre hors de course les adversaires les plus sérieux du jeu électoral avant de consentir au retrait de son recours en annulation. L’élimination de la lise a été, quoi qu’il en soit, annulée en instance supérieure.
Le temps des cambriolages diurnes à Bamako
L’insécurité a pris des proportions d’autant plus inquiétantes qu’elle s’invite audacieusement en plein cœur de la capitale. Bamako n’a en effet plus rien à envier au Nord sur le point de la terreur et de la psychose qu’installent les malfrats. Leur dernier coup en date remonte à l’épisode d’Ecobank avec le cas du malheureux Kissiman Keïta dépouillé de sa bourse dans l’air bancaire, au su et au vu d’agents de la sécurité impuissants. Mais ce n’est pas tout. C’est parfois à plein jour ou l’obscurité à plein devenu épaisse que les bandits opèrent dans la principale ville du Mali où les cambriolages diurnes sont légion dans la discrétion. Les habitants de certains quartiers relativement isolés, communément appelés dortoirs, en sont les cibles avec de nombreuses familles dépouillées de tous leurs biens en plein jour. A Sotuba, par exemple, les cambrioleurs ne ratent jamais leurs coups. Ils profitent de l’absence des chefs de famille le jour ainsi que des moments d’inattention des gardiens pour accomplir leurs besognes. Les aide-ménagères et les épouses ne sont que des proies faciles.
Entre BDM et BMS, c’est désormais le marquage à la culotte.
Les indicateurs annuels de la Banque malienne de la solidarité sont forcément attendus par l’opinion, dans un contexte marqué par les premières épreuves de la fusion accomplie avec la défunte BHM. Et ceux qui se trouveraient dans l’expectative d’une contre-performance due aux lourds boulets de la banque absorbée doivent revoir leur copie. Car, grâce à une synergie des deux équipes fusionnées et le coaching payant du DG Babali Bâ, la Bms va peut-être surprendre par ses merveilles financières et comptables. Au lieu d’en être tirés vers le bas, le facteur BHM, en dépit de ses lourds passifs, est transformé en atouts pour améliorer les résultats de la BMS. Au demeurant, selon les indiscrétions qui nous parviennent, la Banque aura peu de choses à envier à la première banque du Mali, la BDM, en termes de résultats de l’exercice en cours. Une réussite qui lui permettra, à coup sûr, d’entrer d’un très bon pied dans les nouvelles orientations et vocations que lui confère la fusion : Intégrer le mécanisme de financement du secteur cotonnier, accentuer son intervention dans l’immobilier, entre autres objectifs.
Ras Bath aux obsèques de la mère de Bandiougou
La hache de guerre serait-elle définitivement enterrée entre le prêcheur Bandjougou Doumbia et son ennemi cathodique, Mohamed Youssouf Bathily alias Ras Bath ? Tout porte à le croire. Pour ceux qui l’ignorent, le leader religieux faisait le deuil de sa maman il y a une dizaine de jours. Les obsèques ont naturellement mobilisé du monde dans les rangs de coreligionnaires du prêcheur, mais pas seulement. Les témoins oculaires ont noté également la présence de moult hautes personnalités de la République parmi lesquelles des ministres dont on peut s’interroger sur la nature des liens avec le très bouillant Bandiougou. Ce n’est pas tout. Il y avait aussi un invité surprise en la personne de Ras Bath, le chroniqueur avec qui le prêcheur échangeait récemment des amabilités par presses interposées. Les deux hommes ont été pendant longtemps au cœur de la polémique et même de la risée publique sur fond d’accusations et injures qu’ils proféraient l’un contre l’autre sur les antennes de radio. Il y eut même menace de règlement de compte physique dans la foulée avant que Ras Bath ne soit l’objet d’une bruyante poursuite judiciaire. L’apercevoir après tant d’épisodes malheureux aux obsèques de la mère de son adversaire ne peut être que signe d’apaisement.
La Rédaction
Source : Le Témoin