Le Mali pose la première pierre de sa Raffinerie d’Or. Un acte fondateur de sa souveraineté économique, pilier de la souveraineté nationale.
Le Mali franchit ainsi une nouvelle étape stratégique avec l’adoption du projet de loi autorisant sa participation majoritaire au capital de la Société de Raffinerie d’Or du Mali
(SOROMA-SA), en partenariat avec la Russie. Cette décision traduit une des recommandations fortes des Assises Nationales de la Réfondation (ANR). Suite à l’adoption du projet de loi instituant la SOROMA SA par le CNT avec 125 voix pour, O contre et 1 abstention, une demande sociale des artisans bijoutier est satisfaite : le droit de transformer localement les ressources minières pour renforcer la
Souveraineté économique.
Ce 16 juin 2025 restera gravé dans l’histoire du Mali comme un retour au passé glorieux du Mali de Kankan Moussa, demeuré jusqu’aujourd’hui l’homme le plus riche du monde. Un record jamais battu ni égalé et toujours détenu par ce qui était jadis l’Empire du Mali.
Aujourd’hui à Sénou, la capitale malienne, Bamako ne se contentera plus d’être un simple exportateur de matières premières à compter de ce 16 juin 2025. Dans un geste empreint de détermination et de conviction, le Général d’Armée Assimi Goïta a officiellement lancé les travaux de construction de la première raffinerie d’or de l’industrie minéralogique malienne. Cette initiative prise par le Président de la Transition, le Général d’armée Assimi Goïta, voit le jour ce jour, lundi 16 juin 2025, avec la pose de la première pierre de cette raffinerie. C’était en présence de l’ensemble de l’appareil d’État et d’une délégation d’invités diplomatiques et industriels. Cette initiative en voie de concrétisation marque en soi bien plus qu’une simple inauguration industrielle. Elle symbolise une rupture stratégique majeure, destinée à redessiner en profondeur l’architecture minière de l’ensemble de l’Afrique de l’Ouest.
Le pays grave ainsi dans l’Histoire sa ferme volonté de transformer ses richesses sur son propre sol, inaugurant une ère où la souveraineté économique se concrétise par des actions tangibles.
Un signal géopolitique fort
Cette raffinerie, conçue pour être la plus grande d’Afrique de l’Ouest avec une capacité de traitement de 200 tonnes d’or par an, est le fruit d’une stratégie nationale bien pensée qui repose sur un partenariat stratégique avec la Fédération de Russie, à travers le groupe industriel Yadran. Le Mali détiendra une participation majoritaire de 62% du capital.
Dans un contexte mondial où les ressources naturelles sont souvent synonymes de prédation, cette collaboration représente un acte d’indépendance économique significatif pour Bamako.
Lors de son allocution, le ministre des Mines, Amadou Kéïta, a souligné la portée structurelle de ce projet, affirmant : «Ce que nous lançons aujourd’hui n’est pas une usine, c’est une vision. C’est une réponse politique à une question économique : comment faire en sorte que l’or malien ne brille pas seulement à Londres ou à Dubaï, mais d’abord ici, dans nos comptes publics, dans nos écoles, dans nos routes, dans la dignité de notre peuple ?».
Innovation et rupture stratégiques
Les interventions prononcées à Sénou ont dépassé le cadre protocolaire pour revêtir une dimension politique et stratégique d’une clarté remarquable. Irek Salikhov, Président du groupe Yadran, a mis en lumière la vocation régionale de cette raffinerie : «La raffinerie du Mali n’est pas seulement pour le Mali. Elle traitera de l’or malien, mais aussi celui des voisins du Sahel, faisant de Bamako un hub régional de transformation aurifère.» Il a ajouté que ce projet constitue «une étape cruciale dans le développement économique du Mali et un jalon décisif dans le partenariat russo-malien».
Sedan Veselinovic, représentant du groupe Yadran, a quant à lui détaillé les bénéfices concrets de cette infrastructure : «Ce que nous construisons, ce n’est pas simplement une usine. Nous construisons des emplois, des recettes pour l’État, et une nouvelle économie où le Mali n’est plus un simple fournisseur de matière première, mais un acteur industriel respecté dans la région». Il a décrit un complexe ultramoderne de 5 hectares, intégrant des laboratoires, des entrepôts et des systèmes logistiques aux standards internationaux, avec un accent particulier sur la formation et l’insertion des jeunes Maliens dans la chaîne de valeur aurifère.
La fin d’une décennie de dépossession en or
Depuis son indépendance, le Mali a traditionnellement exporté son or brut vers les grandes raffineries internationales, principalement en Suisse, ne récupérant qu’une fraction de la valeur ajoutée. La réforme du Code minier de 2023, qui a introduit l’obligation d’affinage local, ainsi que la création de la SOREM-SA, la société d’État minière, avaient déjà amorcé ce virage stratégique. La raffinerie de Sénou représente l’aboutissement de ces efforts.
Avec un style direct et sans équivoque, le Général d’Armée Assimi Goïta a rappelé la signification historique de la pose de cette première pierre : «Depuis 1980, l’or du Mali est affiné ailleurs, vendu ailleurs, enrichissant d’autres économies. Aujourd’hui, nous mettons fin à cette anomalie».
Ce projet, issu des recommandations des Assises nationales de la Refondation, s’inscrit dans une série d’actions souverainistes, incluant l’audit du secteur minier, la refonte du Code minier, la création de la SOREM, l’adoption d’une loi sur le contenu local et la renégociation de contrats jugés léonins.
L’objectif est clair : faire en sorte que l’or du Mali profite enfin pleinement aux Maliens. Cette raffinerie, destinée à devenir la seule autorisée à affiner l’or extrait sur le territoire, permettra un contrôle accru de la traçabilité, le rapatriement des revenus et la création de milliers d’emplois pour la jeunesse. Au-delà de l’aspect économique, c’est aussi une déclaration géopolitique forte : «Nos partenaires russes ne nous livrent pas seulement une usine, mais aussi leur expertise et un transfert de compétences».
La Souveraineté par l’or : une forte croissance économique attendue
En plaçant cette raffinerie au cœur de sa stratégie industrielle, le gouvernement compte contrôler l’orpaillage traditionnel. Grâce à la société russe Yadran, des perspectives d’amélioration des recettes publiques s’annoncent ainsi qu’un accroissement des revenus tirés des lingots exportés.
Alors que les pays d’Afrique de l’Ouest visent une meilleure rentabilité des ressources minières dans un contexte de hausse des prix des matières premières, a déclaré le ministre des Finances, l’avènement de la nouvelle société, SOROMA-SA, signale la fin de l’ère des économies extraverties. Le pays affirme sa capacité à maîtriser, structurer et valoriser ses ressources naturelles. L’or ne sera plus une simple ressource exportée, mais un pilier de stabilité monétaire, un moteur de transformation économique locale et un instrument de projection régionale.
Alors que de nombreux pays s’interrogent encore sur la voie à suivre pour sortir du sous-développement, Bamako, elle, agit avec détermination. Fidèle au style du Général Goïta, chez qui la décision précède souvent l’explication, le geste présidentiel de ce 16 juin était d’une clarté et d’une souveraineté incontestables.
En démarrant les travaux de cette raffinerie, le Mali tourne une page de son histoire pour en écrire une nouvelle. Le pays proclame que son avenir ne se négociera plus dans les capitales étrangères comme Genève ou Toronto, mais bien à Bamako. Dans le grand récit de l’or africain, le chapitre malien se conjuguera désormais à la première personne du singulier. Le Général Assimi Goïta, saluant la coopération renforcée avec la Fédération de Russie, a conclu son intervention par ces mots : «Ce rêve longtemps attendu par notre peuple est en train de devenir réalité.»
La Rédaction/L’AUBE