Prenez un jeune en bonne santé et en pleine procession de toutes ses facultés mentales. Imaginez ce jeune en érection équipé d’un préservatif sur sa verge. Cette image est celle du CDR de sa naissance à l’apothéose de la plateforme an te a bana. Puis imaginez ce jeune bourré de l’aphrodisiaque Tramadol mais incapable d’avoir une érection malgré la présence d’un magasine érotique ouvert à la page centrale sur l’entre gambe une séduisante fille Touareg de 22 ans caractérisée par sa naïveté. Ça, c’est l’image du CDR d’aujourd’hui.
Quand on regarde le CDR, on se dit « quel gâchis ! ». Le gâchis est à la dimension du potentiel et de la capacité de dissuasion du mouvement.
Né d’une bonne intention, celle d’un éveil du malien laissé pour contre et qui n’a jamais eu voix au chapitre, le CDR a atteint son point culminant à travers sa démonstration de force matérialisée par l’accueil de pop star réservé à son guide Ras BATH en provenance de Paris. La mobilisation pour forcer la main de la justice malienne afin d’empêcher le jugement de Ras BATH fut une autre preuve que le CDR est une force sur laquelle il fallait désormais compter. Mais ça, c’était avant.
Il fut un temps ou les analyses du porte-parole du CDR étaient attendues par le peuple du CDR et par la classe politique. Chacun faisait son analyse propre à partir de celle du rasta le plus populaire du Mali. Mais ça c’était avant. Parti sur le projet d’être une société civile forte, une espèce de gendarme qui ferait planer l’épée de Damoclès au-dessus de la tête du pouvoir et de ses ramifications, le CDR est devenu lui-même partie prenante d’un système dans lequel il s’embourbe.
Les lignes du CDR sont illisibles. Sa méthode caractérisée par l’inconstance laisse à désirer.
Deux évènements attestent que le CDR est immature et inconstant. Son retrait prématuré de la plateforme An Te a Bana a signé l’arrêt de mort de cette organisation qui aurait pu permettre de résoudre nombreux problèmes au Mali. Pour la première fois, la société civile et l’opposition avaient trouvé une ligne directrice pour les luttes de masse. Pour la première fois, la voix de la rue faisait plier le pouvoir au penchant dictatorial. Il aurait été productif d’élargir les missions de la plateforme car la réalité l’exigeait et la pérenniser. Le CDR sûre de lui et Ras BATH imbue de sa personne ont créé la première fissure dans le mur de la plateforme en la désertant en plein vol.
Après avoir vilipender Soumaila CISSE et Tiébilé DRAME comme étant les pires maux du Mali, Ras BATH et le CDR ont jeté leur dévolu sur ces deux nommés pour les soutenir au sein de l’URD dans la campagne présidentielle. Ras BATH peut plaider l’amnésie pour s’en défendre mais cet écart n’est pas anodin dans le parcours d’un mouvement qui se veut vierge de tout soupçon. Les critiques contre cette volte-face avaient été couvertes par les injures habituelles en lieu et place des argumentations.
En pleine crise post-électorale marquée par la contestation des résultats de l’élection présidentielle, Ras BATH du CDR prend congé du candidat Soumaila CISSE qui n’a pourtant pas tourné la page des élections.
Avant de s’engager auprès de l’URD et de son candidat Soumaila CISSE, le CDR et son guide savaient que les élections ne seraient jamais transparentes donc sujettes à contestations post élections. Ras BATH a participé à la campagne pour faire élire CISSE en connaissance et en conséquence de l’éventualité d’une crise post-électorale. En pleine réussite des mobilisations de contestation (300 000 personnes dans les rue de Bamako), il décide de claquer la porte. Même si le divorce a été présenté dans un cadre apaisé, il cache mal la déception qui pourrait être celle du camp URD. Ils ne pouvaient pas s’y attendre tant l’aversion du CDR et de Ras BATH pour IBK est vraie et la volonté de CISSE de le remplacer est actuelle. Dégagé IBK du pouvoir est le premier but avoué du CDR. Leurs slogans « Bua ba bla » et « Bua ka bla » en sont les preuves. Le CDR a entamé des négociations avec tous les partis qui le souhaitaient sauf le RPM de IBK pour envisager une campagne commune. La collaboration CDR-URD devait se poursuivre jusqu’aux élections locales. Non seulement on peut parler d’affaiblissement du projet de contestation de la réélection du président mais on peut parler de trahison de la part de Ras BATH. La décision du CDR de mettre fin au deal avec l’URD est un coup de ralentissement au projet du parti de rétrograder IBK. Si l’union fait la force, la désunion fait la faiblesse.
On peut se demander aussi si les militants du CDR partagent en majorité ces sots d’humeur du leader et porte-parole du mouvement Ras BATH. La détermination avec laquelle les membres du CDR ont porté la plateforme An te a bana contraste avec la facilité qui fut celle de son retrait de la plateforme. De même, l’implication des militants du CDR dans la campagne présidentielle puis dans la contestation de la réélection du président IBK, tranche avec la décision de sursoir à la collaboration avec l’URD et CISSE. A Paris notamment où certains poids lourds de la machine de mobilisation du CDR ont juré de ne pas cesser la contestation tant que IBK sera à Koulouba, on peut se demander si Ras BATH n’a pas pris en otage l’opinion réelle de cette certains militants déterminés du CDR.
Pour avoir été témoin de la génèse de l’alliance CRD-URD en France, pour avoir vu à quel point les membres du CDR faisaient le sale boulot pour mobiliser et aller au charbon, on peut se demander à qui profite cette décision de retrait ?
Nous avons assisté à une altercation entre les membres du CDR à Paris et ceux de l’URD pendant l’une des manifestations publiques de contestation des résultats de l’élection présidentielle pour décider qui est légitime à prendre les devants de la marche du 1er Septembre 2018. Les membres du CDR avaient fini par avoir gain de cause grâce à leur entière dévotion à la cause Soumaila CISSE. L’un des leaders du CDR France, Dani nous confiait « tant que IBK sera président, nous allons faire chier les français ici à Paris jusqu’à ce qu’ils s’occupent du problème ». Sa collègue Djéné SOGOGO est allée dans le même sens « nous n’accepterons plus que nos voix soient volées ».
Lors de l’occupation du consulat du Mali à Paris, l’implication du bataillon du CDR France a eu son pesant d’or. En compagnie des membres du parti URD, ils ont montré jusqu’où ils étaient prêts à aller pour contester la légitimité du président IBK. Ils avaient prévu de rester à l’intérieur du consulat durant le temps qu’il faut. D’ailleurs, ils ont largement exprimé leur déception lorsque la décision est venue de Bamako pour libérer les lieux. Le CDR était déterminé auprès du camp CISSE à faire avorter la réélection de IBK. Qu’est ce qui s’est passé ?
Qu’une personne soit versatile, cela se comprend aisément mais que toute une organisation soit aussi lunatique simultanément est impossible. Il se pourrait que la vraie opinion des militants du CDR ne soient pas prise en compte à travers ces entreprises de girouette du leader du CDR. Si tel est le cas, Ras BATH fait exactement aux militants du CDR ce que IBK a fait et continue de faire aux maliens. Si tel est le cas alors Ras BATH est coupable de ce qu’il reprocha à Soumaila CISSE avant de le rallier.
Si nous faisons abstraction des conditions plus que troubles et douteuses de la réélection du président IBK, il est évident que cette victoire de IBK est avant tout la plus large défaite de Ras BATH et du CDR. Toute l’influence de Ras BATH et du CDR était liée au départ de IBK. Le CDR aurait dû reconnaître sa propre défaite avant de quitter le foyer conjugal avec soumaila CISSE. Ras BATH aurait dû se remettre en question avant de mettre fin au mariage avec l’URD. Si l’on fait appel à sa mémoire, on peut reprocher à Ras BATH ses prises de position contre CMD qui ont sans doute pesé sur la décision de ce dernier à ne pas donner de consigne de vote en faveur de Soumaila CISSE pourtant CISSE lui-même n’a pas eu de propos corsés contre CMD.
Ras BATH a contribué à envoyer de nombreux ex membres du CDR dans le camp IBK. La gestion des égos n’étant pas son fort, le CDR s’écroulera à cause de l’égo surdimensionné de son guide porte-parole qui ne fait ni de remise en question ni de présentation d’excuse ni de conciliation avec ceux qui ne partagent pas son avis.
Il faudra s’attendre à une dissidence plus forte que ce que tout ce que l’on a connu dans le passé. Il suffit qu’un militant avec un peu de charisme et de verbe s’élève pour diriger une autre mouvance au sein du CDR, il sera suivi par tous ceux qui souffrent du côté lunatique des décisions du mouvement. Le CDR ne sera plus ce qu’il a été jusque-là. Ras BATH doit assumer son échec global face à IBK son adversaire déclaré depuis toujours. Les slogans » Bua ba bla » et « Bua ka bla » étaient vides de sens. Si nous considérons la part d’erreurs commises qui ont jouées contre l’opposition, sans le vouloir, Ras BATH a fait la promotion de IBK et contribué à sa réélection.
Elijah De BLA
RP Medias