Depuis son accession à la magistrature suprême, s’il y a un secteur qui a indubitablement bénéficié de l’intérêt du président de la République, Ibrahim Boubacar Keita, c’est bien celui de l’agriculture. Mais – hélas ! Ce secteur agonise entre les mains d’insatiables prédateurs financiers. Les coupes sombres effectuées sur la subvention des intrants lors de la campagne écoulée en sont la parfaite illustration. Et, comme l’impunité se porte à merveille sous le ciel malien, les voici cette année encore en train de menacer la distribution des intrants agricoles en écartant des professionnels au profit de leurs novices de complices.
Matérialisant sa volonté de faire de ce secteur le moteur du développement du pays, le président de la République a déployé un effort gigantesque en faveur de l’agriculture malienne depuis 2015 en y consacrant 15% du budget national. Cette année, le montant de cet appui conséquent s’élève à 299 milliards de FCFA ! Une volonté politique clairement affichée et qui ne demande qu’à être concrétisée de façon orthodoxe à travers une distribution équitable et juste des intrants agricoles, seul gage de la productivité. Toute chose qui est loin d’être le cas.
En effet, sur un besoin exprimé à 521, 964 tonnes, seulement 137 tonnes ont été réceptionnées. De nombreux cas peuvent être cités suivant le rapport des secteurs agricoles. Qui peut parler donc d’une exécution à 100%, à part ceux à qui profite le crime ? A savoir ces cadres, souvent haut perchés dans le département de l’agriculture, à travers les coupes sombres qu’ils effectuent à coups de centaines de millions sur cette importante manne financière. Sans le moindre scrupule ! Sur le dos du pauvre paysan malien ! A la douleur du contribuable malien ! Cela est devenu une habitude qui est en train d’annihiler les efforts du gouvernement où ce dernier devait plutôt s’enorgueillir des résultats de ses efforts.
Pourtant, lors du 9ème Conseil supérieur de l’agriculture tenu à Koulouba le lundi 27 Mai 2019, le chef de l’Etat avait mis en garde : « …Je n’accorde pas 15% du budget au monde rural pour que des aigrefins en fassent un usage non désiré et non désirable… Que cela soit clair ! ».
Simple discours de la fermeté ?
C’est manifestement ce que croient mordicus ces curieux serviteurs de l’Etat qui, pour leurs seuls profits, se fichent éperdument de la sécurité alimentaire des Maliens avec la complicité des fournisseurs véreux. Car, malgré cet avertissement du Chef suprême, pèsent encore cette année de très lourds soupçons d’irrégularités sur la distribution des intrants agricoles. A croire qu’ils se moquent même d’IBK?
Plus grave : on apprend de sources bien introduites que des fournisseurs qui n’ont pas les compétences requises pour exécuter de tels marchés pour l’Etat se voient accorder de juteux contrats de fourniture d’intrants. Conséquences : les intrants n’arrivent pas à destination pendant que la facture est encaissée ! Nombreux sont les faux prestataires sur cette liste au grand dam des véritables professionnels.
Voilà encore des criminels qui, à partir de leurs bureaux climatisés, siphonnent les maigres ressources du contribuable malien, et mettent en péril la confiance entre l’Etat et ses partenaires d’appui.
S’achemine-t-on vers une campagne agricole bâclée, qui souffrira encore des chiffres fantômes inventés de toutes pièces à cause d’une gestion malhonnête des subventions d’intrants agricoles ?
A suivre
Mamoutou Tangara
Source: Le Dénonciateur