Un grand spectacle de slam est en gestation. Il s’agit du projet artistique “Dungaré”, une initiative de l’artiste slameur, Abdoul Aziz Koné alias Aziz Siten’k, président du groupe Agoratoire, entrepreneur culturel et non moins le directeur du Festival International de Slam et Humour du Mali (Fish). Il est également l’initiateur de la compétition nationale de slam “Massa Slam”. Dans cet entretien, Aziz Siten’k nous parle du projet Dungaré, ses objectifs, les raisons de sa création, entre autres.
Aujourd’hui-Mali : Pouvez-vous nous présenter votre projet ” Dungaré” ?
Aziz Siten’k : “Dungaré” (miroir en français) est un projet de création artistique et culturelle. Un spectacle inspiré par la réalité et le parcours des jeunes migrants. Un spectacle de slam, danse et musique qui parle de l’immigration et l’émigration en décrivant le reflet de la société africaine et occidentale. Le spectacle sera un échange entre les artistes tchadiens, maliens et ivoiriens vu que ces trois pays sont très migrateurs, en tant que pays de départ, d’accueil ou de transit. “Dungaré” s’inspire également des expériences personnelles de l’artiste initiateur né en Côte d’ivoire et migré au Mali.
Pourquoi le choix de ce mot “Dungaré” ?
Pour rappel, mon premier album Slam est intitulé Dungaré. Le mot Dungaré, pour moi, c’est le reflet, l’image truquée, falsifiée ou la mauvaise appréhension que les hommes font les uns des autres. Il ne s’agit pas du miroir devant lequel on se contemple après s’être fait beau ou belle. Ce n’est pas le miroir qui sert de parure sur les habits des chasseurs traditionnels (Donso). Il s’agit du miroir de l’existence humaine. Dans mon Dungara, il y a toute une panoplie de thématiques telles que l’oppression, l’insécurité, l’émigration, les violences basées sur le genre, le djihadisme, les couches marginalisées, entre autres.
Qu’est-ce qui vous a motivé à créer ce projet ?
La motivation, dans un premier temps, c’est que je suis me dit, en tant qu’artiste, il faut que j’arrive à faire de nouvelles choses qui peuvent contribuer non seulement au développement du Slam malien, africain voire mondial, mais aussi à sensibiliser notamment la jeunesse. J’ai été inspiré par la société dans laquelle je vis, par le néocolonialisme qui règne dans nos nations africaines. J’ai été inspiré par l’actualité politique et surtout par cette vague d’émigration des jeunes Africains vers les pays européens.
Quelles sont les activités phares du projet ?
“Dungaré” est un projet de spectacle sur le lequel nous travaillons déjà. J’ai déjà engagé un metteur en scène et quelques joueurs d’instruments traditionnels. Le Dungaré, c’est slam et musique mandingue. C’est un nouveau concept et le projet se constitue en trois phases. Il s’agit de l’écriture (en résidence), la performance (présentation du spectacle au Mali et à l’extérieur) et la publication d’un livre slam poésie autobiographique sur moi-même.
Dans ce projet, vous touchez à des thématiques communes à plusieurs pays africains telles le l’émigration clandestine et le djihadisme, envisagez-vous jouer votre spectacle dans ces pays ?
Oui après le Mali, j’envisage d’aller jouer dans d’autres pays de la sous-région, notamment la Cote d’Ivoire où je suis invité au Festival Massa Slam, au Tchad, Burkina Faso et Niger. La Côte d’Ivoire c’est parce que ce pays est depuis longtemps considéré comme le carrefour migratoire pour les pays de la sous-région.
Les autres pays africains, parce qu’ils sont confrontés aujourd’hui au fléau du djihadisme et de l’émigration clandestine. Aussi, si j’arrive à avoir des partenaires qui soutiennent ce projet, je compte aller au-delà de ces pays ciblés.
Quels sont les objectifs visés par ce projet ?
Au-delà de la promotion du slam, la poésie et les échanges culturels, ce projet vise, à travers les mises en scène et des productions littéraires, à sensibiliser les jeunes sur des sujets sensibles comme l’émigration et ses conséquences.
Il veut aussi interpeller les gouvernants sur des sujets dont la pauvreté, le chômage, le manque d’éducation professionnelle, la croissance démographique, la guerre, la tension ethnique, la xénophobie, l’exclusion sociale. Nous voulons vraiment sensibiliser le plus grand nombre de jeunes sur le sujet de l’émigration. Réalisé par Youssouf KONE
Source: Aujourd’hui-Mali