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Sauver la transition

Le coup de force survenu lundi après-midi, dans le sillage de l’annonce d’un nouveau gouvernement, a été motivé,  de toute évidence,  par la mise à l’écart des colonels Sadio Camara et Modibo Koné, qui détenaient respectivement les portefeuilles de la Défense et de la Sécurité dans la précédente équipe. Deux hommes clés du Conseil national de salut du peuple (CNSP) auteur de la déposition du président IBK, le 18 août 2020, au camp militaire de Kati et officiellement dissout, sous la pression de la communauté internationale, le 25 janvier 2021.

L’invocation de la grève de l’UNTM et de l’incapacité pour Moctar Ouane à « constituer un interlocuteur fiable pour mobiliser la confiance des acteurs sociaux » a tout l’air d’un habillage grotesque. Le moins que l’on puisse dire est que les auteurs du coup de force s’en étaient fort accommodés tout le temps qu’ils étaient au gouvernement. Quant à l’allégation selon laquelle Bah N’daw aurait reçu, devant des témoins, un coup de fil de l’Élysée, siège de la présidence française, recommandant la non reconduction des deux hommes, elle est à prendre avec beaucoup de circonspection. Et pourrait participer de la même démarche de trouver des  justifications convaincantes à  l’acte posé.

En revanche la quête de plus de performance dans les domaines militaire et sécuritaire pourrait expliquer aisément l’éviction des intéressés et leur remplacement par de plus gradés, en l’occurrence les Généraux de Brigade Souleymane Doucouré (Défense) et de Division Mamadou Lamine Ballo (Sécurité).

Si la subite interruption du processus électoral a semblé tétaniser les Maliens confrontés aux effets dévastateurs des   grèves à répétition, elle a, en revanche, suscité le rejet sans équivoque de la communauté internationale contre les fauteurs de troubles politiques au Mali. Un communiqué attribué à un comité local de soutien à la transition composé de la CEDEAO, l’UA, la MINUSMA et des ambassadeurs de la France, des États-unis, du Royaume-Uni, de l’Allemagne et de l’Union européenne a condamné le coup de force, réclamé la libération du président et du premier ministre de la transition et la reprise du cours normal de celle-là. Tout en tenant  » les auteurs dudit coup de force personnellement responsables de leur sécurité « .

Le médiateur de l’organisation ouest africaine dans la crise politique et institutionnelle malienne qui n’a assurément pas fini de s’écrire, Goodluck Jonathan, est attendu à  Bamako pour une énième visite pour tenter de sauver la transition dans le délai prescrit de 18 mois, qui arrive à échéance en mars 2022. Lors de ses discussions avec les militaires qui ont montré qu’ils sont les vrais détenteurs du pouvoir en dépit de la dissolution officielle du CNPS, il formulera deux exigences : la relaxe pure et simple de Bah N’Daw et de Moctar Ouane et leur reconduction dans leurs fonctions. Un refus de la part de ses interlocuteurs pourrait conduire à de nouvelles sanctions contre le Mali déjà exténué par la quasi paralysie de l’activité économique. Elles pourraient être accompagnées, cette fois-ci, de suites judiciaires ainsi que des partenaires stratégiques ont tenu à faire savoir.

Face aux risques liés à cette double éventualité, l’attitude la plus constructive pour les hommes de Kati consisterait à s’accommoder des desiderata de la communauté internationale. Avec pour conséquences immédiates leur retrait de la gestion politique de l’État – une exigence du mini sommet d’Accra qui a nécessité le recours à l’officier rendu à la vie civile Bah N’Daw –  et un réaménagement du calendrier de la transition pour le recentrer  sur les élections devant marquer le retour à la normalité constitutionnelle.

Saouti HAIDARA

Source: l’Indépendant

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