En promettant ce mercredi 26 août 2020, à l’issue d’une première rencontre, à Kati, de se revoir avec les responsables du M5-RFP, ce samedi 29 août, les militaires du CNSP ont fait le mauvais planning en convoquant l’ensemble des acteurs maliens à une Concertation sur la transition, ce même jour. Brouille ou pression sur des gens dont le hasard du calendrier a tout simplement propulsé au-devant de la scène nationale ? Toutefois, le M5-RFP par lequel, le putsch du 18 août est intervenu, doit sortir de sa posture jupitérienne ‘’sans moi, c’est le chaos’’.
Entre le M5-RFP et le Comité national pour le salut du peuple (CNSP), c’est presqu’un marquage à la culotte. En tout cas, pour des raisons de réticence du M5-RFP à participer à une première rencontre de concertation sur la transition, ce rendez-vous a été reporté samedi dernier alors que des invités avaient déjà pris place dans la salle au CICB. Les organisateurs ont évoqué simplement des motifs organisationnels pour remercier les participants qui avaient répondu à l’appel. Mais en réalité, il n’en était rien. Les militaires s’étaient mélangé les pédales : les partenaires du M5-RFP, qui se réclament au même titre que le CNSP, comme tombeurs d’IBK, n’ont pas été invités. En tout cas, c’est ce que fait comprendre un communiqué du M5, qui a circulé sur les réseaux sociaux, dans la nuit du vendredi au samedi. Le regroupement a exprimé son “regret de n’avoir pas été invité à ladite rencontre” et de rappeler que “c’est sa lutte patriotique à travers les manifestations publiques durant plusieurs mois dans le but de contribuer à l’émergence d’un Mali nouveau qui a été parachevée par les forces de sécurité” avant d’informer de sa non-participation à la rencontre, à travers la page Facebook de la Coordination des mouvements, associations et sympathisants de l’imam Mahmoud Dicko (CMAS).
Pris sous cet angle, le M5 a doublement raison sur les maîtres de Kati : pour promesse non tenue (le CNSP avait bien promis une rencontre entre les deux parties le même jour) et sa non-invitation officielle à la rencontre. Toutefois, le M5-RFP se doit d’être très prudent dans sa démarche pour ne pas être vu comme un partenaire obnubilé par le pouvoir, qui ne cherche qu’à satisfaire sa crise d’estomac. Et pour cause, même si c’est eux qui ont alerté et même mobilisé sur la mauvaise gouvernance d’IBK, la déconfiture de son régime, à cause de son incapacité à faire face aux préoccupations des Maliens (sécurité, santé, éducation, emploi des jeunes…), il n’en demeure pas moins qu’ils ont été, pour la plupart, ces responsables, des anciens collaborateurs, qui ont été remerciés pour insuffisance de résultat. De ce fait, si ‘’le peuple’’ dont ils se réclament partage leurs préoccupations de mauvaise gouvernance d’IBK et autres, il ne semble pas prêt à leur confier une nouvelle grâce pour la gestion des affaires publiques. De ce fait, les responsables du M5 doivent éviter les erreurs d’IBK qui était conseillé dans le sens de minimiser le M5 RFP et tous ses opposants. En conseillant également au CNSP de minimiser tous les autres acteurs maliens de la classe politique et de la société civile, le M5 tombe dans son propre piège en contribuant à l’isolement des militaires.
« Sans M5-Rfp, c’est l’échec, ils ont compris, Dieu Merci. Première erreur monumentale du CNSP », « en tant que membre du M5, la transition sans l’avis du M5, est une lutte sans objectif », « Le M5-RFP a engagé la lutte pendant des mois, avec détermination, contre IBK et son régime corrompu, qui ont été royalement écartés par ceux qui ont juste parachevé en un seul jour la lutte du M5-RFP », « Ici, l’arbre voulait cacher la forêt ». Voilà autant de propos zélés sur les réseaux sociaux qui ne plaident pas en faveur de la bonne collaboration entre le M5-RFP, le CNSP et le peuple, pour une transition réussie. Si le M5 est un acteur incontournable dans la chute du président IBK et de son régime, il est illusoire de croire que le pays pourrait réussir ce passage sans les autres acteurs, notamment les soutiens du président IBK toujours tapis dans l’ombre et prêts à semer le chaos.
Nous devons tirer les leçons de ce qui s’est passé en 2012 avec le capitaine Sanogo et ses hommes pour épargner le Mali d’une nouvelle aventure.
Par Sidi DAO
Source : INFO-MATIN