l n’est de secret pour personne que les années se suivent et ressemble pour l’école malienne, prise en otage, d’une part l’État et la société civile qui ne s’assument pas et d’autre part les syndicats enseignants qui montent la surenchère. Entre les deux feux, le mal est infini pour les enfants maliens, en tout cas, ceux du public, privés de cours dans les écoles, depuis quelque moment soumis à une éducation au rabais au fil des années colmatées.
Nous estimons que le moment est venu pour le président de la République de prendre le taureau par les cornes au risque de se retrouver face au tribunal de l’histoire.
Après une année scolaire 2018-2019 validée à la sauvette, les prémices d’une école à la panade sont encore palpables sur le front scolaire au grand dam des enfants qui ne demandent qu’à étudier.
Suit à la non-satisfaction d’un point de revendication, notamment l’article 39 de leur statut particulier, le Collectif des enseignants signataire du 15 octobre 2016, est revenu à la charge en fin d’année 2019. Pour obliger le gouvernement à respecter ses engagements, le collectif a lancé des mots d’ordre de grève qui paralysent l’école publique depuis la fin de l’année dernière.
C’est à juste raison que les enfants et les parents d’élèves, face aux promesses d’une année cauchemardesque, ont exprimé, ce 13 janvier 2020, à travers une marche sur la Primature, pour interpeler l’ensemble du gouvernement. Au cours du mois de décembre 2019, ce collectif d’enseignant a, dans un premier temps, observé un arrêt de travail de 120 heures allant du lundi 16 au vendredi 20 décembre 2019. Un arrêt de travail renouvelé à partir du lundi 6 janvier 2020 face au fait que le gouvernement n’a pas répondu favorablement à leurs exigences.
Ces grèves à répétition du personnel enseignant interpellent les plus autorités du pays face à une violation du droit à l’éducation des enfants du public qui est un droit constitutionnel.
Le ridicule, pendant ce temps, c’est que les écoles où la plupart des enfants des hauts cadres et des membres du Gouvernement sont inscrits continuent de travailler normalement comme si de rien n’était. Tandis que les enfants des honnêtes citoyens reçoivent une éducation au rabais comme étant des citoyens de seconde zone, on constate que ceux des plus nantis étudient à l’étranger. Constituant du coup, une autre violation de la Constitution qui garantit l’égalité des chances à tous les fils du pays.
Au-delà des violations de la loi fondamentale, on a coutume de dire dans ce pays que les enfants constituent l’avenir du pays. Or, il est clair que la réussite de cette mission dépend de l’enseignement donné à ces enfants. L’avenir d’un Mali où les enfants sont bien éduqués n’est pas, à notre avis, un défi au-dessus des capacités de l’État. Pour ce faire, que les enseignants mettent de l’eau dans leur vin et acceptent de reprendre les cours sans condition et que le gouvernement, de son côté, prenne toutes ses responsabilités.
Et tout cas, les années colmatées jouent sur le niveau des produits de l’école malienne comme il est donné à tout le monde de constater aujourd’hui. Pourtant, il est évident que les ressources humaines sont les premières ressources d’un pays. Pour que le Mali compte demain dans le concert des nations, il a besoin de cadres bien formés comme dans le temps où les Maliens étaient parmi les plus brillants dans les Universités où ils ont étudié !
Par Abdoulaye OUATTARA
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