Plusieurs quartiers de notre capitale ont été submergés ce lundi 28 avril sur les deux rives du fleuve Niger par une pluie torrentielle à peine le début de la saison pluvieuse annoncée.
A Banconi, Djélibougou, au Grand marché de Bamako, Moussabougou, Djicoroni Para, pour ne citer que ces quartiers, la montée des eaux provoquée par la pluie alerte sur le risque d’inondations plus grave.
Constat : les axes routiers sont devenus impraticables, paralysant la ville et isolant certains secteurs. Les images de motos et de voitures à moitié submergées, diffusées sur les réseaux sociaux, ont amplifié le sentiment d’impuissance, de désolation face à la situation.
Ce qui s’est passé le lundi dernier, rien de surprenant, révèle des failles profondes dans la gestion urbaine et l’adaptation aux changements climatiques dont les dénonciations sont restées lettre morte.
Pire encore, les décideurs continuent de morceler les servitudes du district. Et à cause de sa croissance démographique rapide et son urbanisation mal maîtrisée, des précipitations torrentielles font ravage.
Les systèmes de drainage, souvent vétustes ou inexistants, ne suffisent plus à absorber les eaux pluviales. Les constructions en zones inondables, faute de régulation stricte, exposent des milliers de familles à des risques récurrents.
À cela s’ajoute l’accumulation de déchets solides, qui obstruent les canalisations et aggravent les engorgements.
C’est le cas notamment des occupations des servitudes du collecteur Molobalini traversant plusieurs quartiers du district en commune I. Le lit de ce canal de drainage d’eau est occupé depuis des années par des habitations, malgré les cris de cœur des riverains.
Encore, samedi dernier, ils ont interpellé les autorités de la transition face à leur responsabilité afin d’éviter des drames liés aux inondations provoquées par ces situations.
Ces faits rappellent les inondations de 2024 qui ont affecté presque toutes les régions du pays et dont les souvenirs hantent encore. Pour autant, le ministère de l’urbanisme tirant les conséquences des inondations de l’année dernière avait promis des mesures fortes : libération des servitudes des marigots, curage des collecteurs, relogement des populations vivant en zone inondable.
Quelques mois plus tard, ces promesses n’ont guère dépassé le cadre des déclarations.
Aucun plan concret, aucune initiative significative n’est venue rassurer des populations pourtant en première ligne face aux conséquences du dérèglement climatique.
A quand le démarrage des opérations de libération des emprises ?
À quelques encablures de l’hivernage, le district de Bamako semble plus exposé que jamais. Et tant que les décisions ne seront pas suivies d’actions concrètes, les inondations continueront d’être perçues non comme des catastrophes naturelles, mais comme le résultat d’un abandon politique.
En clair, à la veille de l’hivernage, les débordements d’eau de ce lundi doivent interpeller les autorités et les citoyens alors que les prévisions météorologiques annoncent une saison pluvieuse potentiellement plus rude, dans un contexte où le changement climatique accentue l’irrégularité des précipitations.
Sans mesures immédiates, Bamako et d’autres villes maliennes pourraient connaître des catastrophes encore plus graves.
Des actions concrètes s’imposent : réhabilitation des réseaux d’évacuation, sensibilisation des populations à la gestion des déchets, interdiction des constructions en zones à risque et, surtout, une planification urbaine résiliente.
PAR SIKOU BAH
Source : Info Matin