A l’image de la région du Sahel qui fait face au terrorisme depuis 2012, la sécurisation des populations et de leurs biens sur le continent africain demeure incontestablement le plus grand défi auquel les dirigeants africains doivent faire face de nos jours. Pour pouvoir faire face aux différentes attaques terroristes et autres conflits sur le continent, l’Union africaine avait envisagé la création de la force africaine en attente (FAA), depuis les années 2002. Où en sommes-nous avec l’opérationnalisation de cette force ?
Au lendemain du sommet de Niamey qui a consacré la création d’une zone de libres-échanges, les populations africaines attendent toujours de leurs dirigeants des réponses concrètes quant à l’opérationnalisation de la Force d’attente.
En théorie, la FAA doit être composée de cinq brigades de 20 000 hommes disposant chacune de son propre commandement – correspondant aux cinq blocs politico-économiques du continent : Afrique du Nord, de l’Ouest, centrale, australe et de l’Est. Cette force devrait répondre aux besoins de troupes sur de nombreux théâtres de conflits en Afrique, mais elle tarde toujours à voir le jour. Faute de financement dit-on, le lancement de la FAA, censée être le bras militaire de l’UA a été repoussé à maintes reprises, depuis plus de 15 ans. Aux conférences des chefs d’États et de gouvernements ont multiplié des réunions de chefs d’état-major. Des rencontres onéreuses, sans grande importance pour certains observateurs, et dont l’ordre du jour selon une bonne partie de la doxa africaine, était de fixer la date des prochains sommets.
La crise malienne donnait l’occasion aux armées ouest-africaines de démontrer leur puissance en allant au secours d’un pays frère. N’eût été l’engagement militaire de la France, le 11 janvier 2013, à travers l’opération « Serval », pour stopper l’offensive djihadiste, Bamako serait aujourd’hui sous le contrôle des intégristes, au grand dam d’une CEDEAO désemparée et spectatrice du désespoir des populations d’un pays membre. Ces armées dont certaines sont passées maîtres dans l’art de réprimer leurs peuples ont brillé encore une fois par leur incompétence, leur désorganisation et leur manque de moyens. Car sans jeu de mots, la force en attente de la Communauté (FAC) s’est longtemps fait attendre, avant que ses premiers soldats (à peine une centaine) ne commencent à être déployés au Mali le 17 janvier.
Depuis juin 2004, dans le cadre de la constitution de la Force africaine en attente, la Commission de défense et de sécurité de la CEDEAO (CDS) a approuvé à Abuja la création de la Force en attente de la Communauté qui remplace de facto l’ECOMOG. Conformément aux recommandations de l’UA, chacune des cinq régions du continent doit mettre en place une brigade spéciale, capable d’intervenir rapidement pour restaurer et maintenir la paix dans les Etats en crise.
Également, la FAA a été prévue dès la constitution de l’UA en 2002, dont elle doit être le bras militaire, mais son lancement a été à plusieurs reprises repoussé, faute de financement principalement. En 2015, un premier exercice d’entrainement de soldats d’une douzaine de pays africains avait eu lieu en Afrique du Sud, laissant planer l’espoir, qui n’a pas eu de suite, d’une mise en place rapide de la Force panafricaine.
Hélas, ceci est une réalité qui donne raison au Président Houphouët-Boigny, qui déjà dans les années 60 soutenait que « la plupart des armées africaines ne tiennent leur existence que dans satisfaire un ‘‘faux prestige’’, car elles seront toujours fortes pour réprimer la population, mais jamais assez fortes pour exécuter leurs tâches républicaines ».
Par Abdoulaye OUATTARA