Délire, incohérence ou absence totale de logique, ce sont les qualificatifs qui collent bien au comportement du parti APM Maliko membre de la majorité présidentielle. Deux semaines seulement après la Convention de son camp (la majorité présidentielle) sur l’harmonisation de sa position par rapport au projet de révision constitutionnel, la formation politique vient de faire le contrepied, à la suite d’une conférence-débat, le week-end dernier au Centre Djoliba. Que s’est-t-il réellement passé pour que l’APM-Maliko fasse cavalier seul ? Indiscipline ou immaturité politique ?
En tout cas, ce jeu de ping-pong du parti APM Maliko intervient moins de deux semaines après les deuxièmes assises de la Convention de la majorité présidentielle, dont il est membre. Des assises au cours desquelles les leaders de la CMP ont exprimé de vives voix la nécessité d’apporter un soutien visible et lisible au programme politique du chef de l’État et à l’action gouvernementale. Il a été demandé aux partis de la CMP de mettre tout en œuvre pour s’approprier la réforme constitutionnelle avant la tenue des élections régionales et le référendum.
Il a été également question de créer un espace d’appropriation et d’harmonisation des points de vue des cadres politiques et scientifiques et d’adopter les grands axes de la stratégie électorale de la CMP. Ces assises ont insisté surtout sur la nécessité d’harmoniser les positions des partis de la CMP sur les innovations dans le projet de révision constitutionnelle et l’adoption des grands axes de la stratégie électorale.
Malgré ces recommandations qu’il a volontairement entérinées, l’APM-Maliko semble jouer à un autre jeu. Et pour cause ? Au cours de sa conférence-débat au Centre Djoliba, l’APM Maliko estime, par la voix de son conférencier, que le contexte de la révision constitutionnelle n’est pas propice, à cause de l’insécurité grandissante sur une partie du territoire national.
Ainsi, selon lui, une révision constitutionnelle dans ce climat n’est pas légale parce que notre État n’est pas en mesure d’assurer la plénitude de son pouvoir sur l’ensemble de son territoire.
« L’administration n’est pas partout sur le territoire national. Il y a certaines localités du nord du pays qui échappent au contrôle du pouvoir de l’État central. Ainsi, en révisant une constitution dans ce contexte, l’État se rendrait coupable d’une violation de la constitution », a indiqué le conférencier. Une voie contraire à la position commune adoptée par la CMP. En effet, non seulement cette révision est partielle, mais également elle est dictée par un contexte particulier : la mise en œuvre de l’accord pour la paix. Cet accord, un engagement du Mali face à la communauté internationale, est intervenu dans un contexte de crise politico-sécuritaire. Mieux, s’il est évident que le pays est toujours en proie à l’insécurité accentué dans certaines parties du pays, il n’en demeure pas moins que l’intégrité territoriale, l’unité et le caractère laïc et démocratique du pays ne sont plus en cause, grâce à ce même accord. Alors aujourd’hui, il y a lieu de faire un choix : aller à la révision de la constitution pour intégrer les nouvelles réformes ou sacrifier les acquis de cet accord garanti par la communauté internationale et s’attendre aux conséquences.
L’insécurité, tant mise en avant aujourd’hui pour décourager les défenseurs de la révision constitutionnelle, est loin d’être propre au Mali. En effet, même à Londres ou à Paris où les administrations d’Etat fonctionnent en plein régime, les autorités n’ont pas pu empêcher des attentats. Dans notre voisinage, en Mauritanie, au Niger ou au Burkina, les attaques terroristes surviennent. Et pourtant l’administration y est partout dans ces pays.
PAR MODIBO KONE
Source: info-matin