Le constat accusateur est du candidat aux législatives, non moins ancien Premier ministre, Moussa Mara, qui se désole cette semaine sur Renouveau Fm que «parmi les 147 députés sortants du Mali, il y’a 100 députés qui n’ont pas le BAC». Faut-il s’en réjouir ou en pleurer ? A-t-on besoin d’un doctorat pour être député ?
À travers cette sortie médiatique, l’ancien Premier ministre Moussa MARA a dit tout haut ce que beaucoup de Maliens murmurent tout bas. Mais réellement, dans un pays où la grande majorité de la population n’a pas été à l’école et où la politique est une affaire de gros sous, un représentant du peuple doit-il avoir un diplôme supérieur pour bien accomplir sa mission ? Les avis divergent sur cette question qui revient régulièrement dans les débats. Pour le moment, la Constitution en vigueur au Mali n’exige aucun niveau d’études pour devenir député.
Toutefois, avoir un niveau intellectuel élevé est un bonus pour le député. D’abord, la langue officielle de notre pays est le français et les lois sont écrites en français et votées en français. Donc, un député qui peut déchiffrer les textes de manière indépendante a naturellement une certaine autonomie dans l’exercice de sa mission. Alors qu’il sera difficile pour un député illettré de comprendre les projets de loi qu’il vote au nom de son peuple et même de concevoir lui-même des projets de textes pour le bien-être de ses populations. En tout cas, une Assemblée à majorité illettrée et peu au parfum des réalités de sa population arrange naturellement les autorités qui profiteront de l’ignorance des élus de la nation pour faire passer tout ce qui l’arrange.
La majorité des Maliens étant illettrée, d’aucuns soutiennent qu’il est de préférence que les députés soient à l’image de cette majorité de la population. D’où, des députés issus de toutes les couches de la société et dont ils comprennent les préoccupations à défendre auprès des autorités. Les partisans de cette thèse trouvent que le fait de savoir lire et écrire n’est pas forcément un facteur déterminant pour être représentant du peuple. Ce qui compte le plus est d’avoir un député honnête, digne, noble et patriote. Bref, celui qui a une bonne éducation qui se souci du bonheur du peuple et du développement du pays.
D’ailleurs, dans notre pays, les citoyens sont nombreux à croire que les grands diplômés sont le plus souvent ceux qui sont ingénieux dans la dilapidation du denier public. De même, beaucoup de grands intellectuels sont critiqués d’être en complicité avec les fossoyeurs étrangers du pays.
Au Mali, les exemples de haut diplômés qui ont servi le pays au plus haut niveau et dont la gestion a été calamiteuse n’en finissent pas. De même, plusieurs Maliens qui n’ont jamais été à l’école ont servi l’État avec efficacité et dont les noms continuent à être cités en exemple. C’est dire que le facteur qui tient le plus pour bien servir son pays est le patriotisme et non le niveau d’études.
Il est bien d’avoir des diplômes, mais aussi ceux qui n’ont pas eu cette chance et qui ont la compétence et la fibre patriotique ne doivent pas être empêchés à occuper certains postes de responsabilité.
L’histoire retient que dans le monde, la plupart des personnalités qui ont marqué leurs temps n’étaient pas des grands diplômés. Beaucoup d’entre eux sont des semi-lettrés.
C’est un plus si un représentant du peuple a une capacité intellectuelle qui lui permet de bien contrôler l’action gouvernementale et proposer des projets de lois pertinents. Par contre, un député qui n’a pas été à l’école peut aussi bien jouer son rôle s’il est aminé par la volonté de bien servir la population et contribuer au développement de son pays.
PAR MODIBO KONE
INFO-MATIN