Les autorités de la Transition n’auront pas le privilège de goûter au traditionnel délai de grâce. A peine mis en place, le nouveau gouvernement fait déjà face aux revendications de toute part. Les grèves et les marches reprennent de plus belle illustrant que les aspirations de la population sont nombreuses. Face aux urgences, les autorités devraient arrêter les audiences et les prises de contact et faire face aux préoccupations réelles.
Le plus souvent, un délai de grâce de trois mois est accordé aux nouveaux gouvernements pour s’installer et se mettre au parfum des dossiers à traiter. Mais les autorités de la transition n’auront pas la chance de savourer ce délai de grâce. Pour cause, le temps presse et les priorités sont partout.
Le ton a été donné, le jeudi 8 octobre, à travers une marche des femmes pour dénoncer le non-respect du quota qui leur revenait dans la formation du gouvernement. Hier jeudi, c’était le tour des Administrateurs civils de battre le pavé pour réclamer la libération de leurs collègues Drissa Sanogo et Aly Cissé, enlevés dans l’exercice de leur fonction. Aussi, les administrateurs ont plaidé pour plus de protection de la part de l’Etat.
En marge des marches de protestations, des grèves sont annoncées. Hier jeudi, les négociations ont commencé entre la Direction et le Comité syndical du CHU-Gabriel TOURE, membre du Syndicat national de la santé, de l’action sociale et de la Promotion de la famille (SNS-AS-PF) autour de son préavis de grève déposé il y a une semaine. En cas de non-satisfaction totale des points dudit préavis, le Comité syndical se donne le droit d’observer une grève de 72 heures les 20, 21 et 22 octobre 2020.
Au niveau de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique, à peine nommé le nouveau ministre fait déjà face à un des dossiers chauds. Le Syndicat national de l’Enseignement supérieur (SNESUP) a déposé un préavis de grève sur la table du gouvernement le 9 octobre 2020. Le Comité exécutif du Snesup (CEN-SENSUP), présidé par le Dr. Abdou MALLE décide d’observer une grève de 48 heures allant du mardi 03 au mercredi 04 novembre 2020 et de 72 heures allant du mardi 10 au jeudi 12 novembre 2020, si les points de revendications ne sont pas satisfaits.
Ce n’est pas tout, le Syndicat libre des travailleurs des affaires étrangères (SYLTAE) et le Syndicat des travailleurs du ministère des Maliens de l’extérieur et de l’intégration africaine (STMMEAIA) décident également d’observer une grève de 144 heures allant du lundi 09 au lundi 16 novembre 2020 si leurs revendications ne sont pas satisfaites. Les deux syndicats se réservent le droit de reconduire leur mouvement de grève jusqu’à la satisfaction totale des points de revendication.
A ces grèves et ces marches de protestation, s’ajoutent les séries d’attaques auxquelles les forces de défense et de sécurité font face dans les localités du centre du pays. C’est pour dire que les autorités de la Transition ne devraient pas perdre du temps dans les petits détails. Elles doivent donner plus d’agilité et plus d’efficacité à l’action gouvernementale. Ce gouvernement qui n’a que 18 mois pour faire face aux préoccupations des populations et poser les jalons de la refondation du Mali doit répondre impérativement aux critères d’efficience et de célérité.
En tout cas, au regard des urgences dans tous les domaines que ce soit politique, économique, social ou sécuritaire, il n’y aura pas de délai de grâce pour la nouvelle équipe. Tous les efforts doivent converger vers un seul objectif : s’attaquer aux problèmes réels et se passer des petits détails en vue de répondre aux aspirations légitimes de la population.
PAR MODIBO KONE
Source : INFO-MATIN